Mon arrière grand père Abraham CAHEN est
né à Ennery un village situé à 14 Km au Nord est
de Metz (Moselle 57640) le samedi 24 juin 1826.
Il était fils :
Le mardi 9/11/1858 il épousa à Ay sur Moselle :
Rose ISRAEL née à Ay le dimanche 12/01/1840
Fille de Moïse : de la famille ISRAEL de Luttange, marchand épicier
à Ay et de Plutin : famille LEVY d’Ennery déjà
citée.
Il s’agit donc de très anciennes familles juives de Moselle.
Le 10 mai1871 le traité de Francfort annexa la Lorraine mosellane
à l’Empire allemand.
Abraham CAHEN est décédé le dimanche 23 mars 1902, à
l'âge de 75 ans, à Ay.
Le 11 novembre 1918 l’armistice était signé à Rethondes.
Ay passe de 653 habitants en 1866 à 482 en 1921 (1/4)
Rose décédera le mardi 9 décembre 1930, à l'âge
de 90 ans.
Ils reposent au cimetière d’Ennery.
Une grande partie des ¾ des juifs ayant survécu à l’occupation
le doivent à un moment où à un autre à des juifs
(organisations de sauvetage juives qui ont sauvé plus de 10 000 enfants)
avec l’aide de non juifs (plus de 2 300 personnes non juives porte le
titre de Juste des Nations
en France et ils ne sont naturellement pas tous connus).
Ainsi, par exemple, plusieurs dizaines d’enfants juifs trouvèrent
un temps refuge dans le collège des Dominicains à Oullins près
de Lyon, comme mon père Robert CAHEN. Le 21 /8/1990
Yad Vashem a décerné au père Auguste MAYRAND, directeur
de l’Etablissement, à titre posthume le titre de Juste des Nations.
Mon père avait également obtenu de faux (vrais) papiers établis
sous le nom de Chevallier. (À Toul les archives avaient brûlé).
La résistance juive a également existé : ainsi mon grand
père Ferdinand dans le réseau dit des infirmières
d’Epinal, mon oncle André CAHEN sous le nom
de Chevalier à Albertville, chauffeur du sous-préfet Charles
Rickard , agent de liaison avec la résistance, prévenant des
familles juives de l’imminence de leur arrestation, des hommes risquant
d’être arrêtés et fusillés, participant à
des actes de sabotages…
Le 6 juin 1944 le débarquement en Normandie. Le 17 juillet la libération de Drancy.
En août 1944 des trains quittent encore la France avec des déportés.
Le 22 novembre 1944 c’est la libération de Metz, le 21 mars 1945
de l’ensemble du département.
Mais la libération des camps et le retour des quelques rescapés
n'a lieu qu'en avril et mai 1945.
Sur la tombe d’Abraham et Rose, tombe refaite, une plaque indique : "En mémoire de leurs 6 enfants exterminés dans les camps nazis de1943 à 1945. Plus 13 de leurs petits-enfants".
En effet :
NOM | Prénom | Lien familial | Age |
AMSELLE (née CAHEN) | Léonie | fille | 76 |
BLOCH (née SAMUEL) | Georgette | arrière-petite-fille | 24 |
BLOCH | Elie | son époux | 35 |
BLOCH | Myriam | leur fille | 6 |
BLOCH (née ZIMMERMAN) | Paule | petite-fille | 42 |
BLOCH | Gabriel Ferdinand | son époux | 49 |
BLOCH | Claude Roger | leur fils | 17 |
BLOCH | Yvette | leur fille | 16 |
CAHEN | Ferdinand | fils | 63 |
CAHEN | Léon | fils | 74 |
CAHEN (née ISRAEL) | Clémence | son épouse | 74 |
LEVY (née CAHEN) | Jeanne | petite-fille | 43 |
LEVY | Sylvain | son époux | 45? |
LEVY (née CAHEN) | Régine | fille | 59 |
LEVY | Florence | sa fille | 29 |
SAMUEL | Jacques | arrière-petit-fils frère de Georgette |
23 |
ZELIQZON (née CAHEN | Rosette | petite-fille fille de Léon et Clémence |
39 |
ZELIQZON | Yvette | sa fille | 14 |
ZIMMERMANN | Charles | gendre, veuf | 83 |
Les dates de décès indiquées par l’état
civil ne sont exactes que pour ceux exterminés à leur arrivée
et encore pas toujours puisque la loi a fait mettre comme date de décès
cinq jours francs après le départ du convoi. Entre Drancy et
Auschwitz il y avait 60 heures d’un épouvantable voyage soit
3 jours. Très peu d’évasion car les Allemands menaçaient
de fusiller 10 personnes pour un évadé !
Etaient exterminés à leur arrivée les enfants (à
de rares et cruelles exceptions de sélection pour "expériences")
avec leur mère on ne pouvait les séparer, les personnes de plus
de cinquante cinq ans et les "malades" : c’est-à-dire
les inaptes au travail. Mais ceux de 15 à 55 ans firent l’objet
d’une sélection selon leur aspect physique par un médecin
SS.
Le "premier tri" les femmes à gauche les hommes à
droite. Puis les inaptes et les aptes ! (à survivre provisoirement!)
Ferdinand CAHEN (fils = mon grand-père)
Georgette BLOCH née SAMUEL (arrière petite
fille)
Née le 3 avril 1918 à Metz , fille de Marcelle ZIMMERMANN (fille
de Charles ZIMMERMANN et de Clémence CAHEN) et de Maître Georges
SAMUEL avocat à la Cour d’Appel , conseiller municipal de Metz
et adjoint du maire de Metz de 1924 à la guerre, président du
Consistoire Israélite de la Moselle de 1926 jusqu’en 1955 ( 18/4/1882
-1/2/1964).
Sa mère Marcelle est décédée en 1932.
L e 22 décembre 1936, elle épouse Elie
BLOCH, né le 8 juillet 1909 à Dambach la ville (fils du
remarquable Rabbin
Joseph BLOCH et de Berthe DEBRÉ), qui après ses études
rabbiniques a eu un poste à Metz auprès du Rabbin NETTER.
Le 27 septembre 1937 naît leur fille Myriam BLOCH.
En 1940 Elie BLOCH est chargé de prendre en charge les juifs mosellans
évacués sur le Poitou. Domicile 1 bis rue Maillochon Poitiers
La conduite de ce couple fut remarquable.
Georgette SAMUEL est arrêtée le 27 janvier 1943 (pour avoir téléphoné
d’une cabine publique en dehors des heures permises) ; le 11 février
c’est le tour d'Elie et de Myriam.
Le 24 février ils sont transférés à Drancy. Fidèles
à leur tempérament généreux, dès leur arrivée,
ils se rendent utiles auprès des services sociaux de Drancy. Il invite
souvent les nouveaux internés à partager ses repas en attendant
qu’ils reçoivent des colis à leur tour. Lorsque des membres
de sa famille sont internés il les rassemble dans sa chambre : ainsi
l’oncle de Georgette : Ferdinand. Et son gendre Pierre MENDEL, en avril
c’est au tour de Jacques le frère de Georgette. Il réussit
à rassembler et à se faire envoyer tout le nécessaire
à la célébration de Pessah le 20 avril 1943.
Si Myriam est notre plus jeune exterminée, trois semaine plus tard, c’était son grand père maternel âgé de 83 ans (0,3% des déportés avaient plus de 80 ans) :
Charles ZIMMERMANN : gendre, veuf de CAHEN Clémence (décédée
à Metz le 27/2/1939)
Convoi n°68 parti le 10.2.1944 de Paris-Bobigny avec
1501 personnes.
Arrivé à Auschwitz le 13 février 1944, il a été
gazé immédiatement avec 1229 personnes.
Régine LEVY née CAHEN : (59 ans) fille
d'Abraham et Rose Cahen.
Épouse Lucien LEVY (décédé après guerre)
Elle est déportée avec ses deux filles
Florence LEVY née le samedi 10 octobre 1914 à
Hettange.
29 ans, sélectionnée mais non revenue
Et sa sœur Paulette LEROY (née LEVY le jeudi
10 octobre 1918 à Hettange). Sélectionnée à 25
ans, elle est revenue.
Elles ont été déportées le 7.3.1944 convoi
n° 69 qui comportait 1501 personnes ,1311 personnes furent gazées
immédiatement le 10 mars 1944 dont Régine CAHEN
Guy COHEN survivant de ce convoi raconte : dans Retour d’Auschwitz,
1946 :
Trois jours avant le départ les barbelés furent mis devant la
partie du camp de Drancy réservée aux dé portables "…Nous
fûmes chargés à soixante par wagons à bestiaux
: hommes, femmes,enfants avec des vivres pour trois jours…le volume
des bagages empêchait que chacun pût s’étendre ,
une seule tinette pour tout le wagon…le 10 mars au petit matin nous
arrivâmes à destination…sur le quai très peu de
SS et de nombreux bagnards …nous dûmes abandonner tout nos bagages
sur le quai … Nous passâmes devant un SS qui tenait une cravache
à la main. Il plaçait les gens à gauche ou à droite
en leur posant parfois une question … les femmes , les enfants et les
vieillards étaient chargés dans des camions… nous étions110
à prendre à pieds le chemin du K.L .Auschwitz, emmenés
à la désinfection puis tatoués…"
Léonie AMSELLE née CAHEN : fille d'Abraham
et Rose Cahen.
Veuve d’ Achille AMSELLE (décédé le 2/11/1935).
À 76 ans, arrêtée dans une maison de retraite, impotente.
Conduite au camp de Poitiers puis déportée le 20.5.1944, convoi
n°74 avec 1200 personnes
904 personnes gazées immédiatement le 23 mai 1944.
A quelle date Jeanne LEVY née CAHEN à
Hagondange le 14/9/1902, petite-fille (fille de Léon CAHEN et Clémence
ISRAEL) a-t-elle été déportée ?
Décédée en 1945 à Bergen Belsen (Allemagne) à
43 ans.
Dès août 1944 les Allemands avaient commencé à
vider Auschwitz et à disperser les internés à l’intérieur
de l’Allemagne.
Avec Sylvain LEVY son époux ils sont cités
sur le monument d’Hagondange.
CAHEN Léon, fils, et son épouse Clémence
née ISRAEL, tous deux âgés de 74 ans.
Leur fille Rosette ZELIQZON, née vers 1905 (39ans)
épouse ZELIQZON (fils du Professeur ZELIQZON auteur de nombreux ouvrages
sur le patois mosellan notamment , trésorier de la SHIAL
réfugié à Vandières 54121 où il est mort
le 16/3/1944, les Allemands le jugeant intransportable !)
et leur petite fille Yvette ZELIQZON, née le 15/10/1930 à Metz
(14 ans)
Arrêtés à Bourganeuf (Creuse) rue du Puy (dans la maison
du pharmacien Augé) probablement entre le 20 et 30 mai 1944 (par la
police allemande guidée par un policier français réquisitionné
pour leur montrer les adresses !).
Convoi n° 82 parti le mardi 22 août 1944 de Clermont-Ferrand
vers Auschwitz
Un des derniers convois à quitter la France !
Léon et Clémence sont décédés à
le 25 août 1944
Rosette et Yvette sont-elles décédées aussitôt
leur arrivée ? à 39 et 14 ans ?
Pauline CAHEN, fille, mariée à Lucien
LEVY d’Hauconcourt.
Ils tenaient un ommerce en vêtements, "Ville de Paris", place
St Jacques à Metz
Arrêtés pendant la guerre par la police de Lyon (en fait elle
ne voulait que Lucien mais Pauline, 71 ans, refusa de se séparer de
son mari), ils furent conduits à Drancy, puis à l’hôpital
Rothschild , qui fonctionnait comme un camp.
Lucien est décédé le 16/2/1943 (73 ans).
Leur fils René LEVY avait épousé Paulette Esther
GOMPEL fille des propriétaires des Dames de France à
Lyon. Elle a été arrêtée, déportée,
mais elle est une des rares survivantes de Bergen Belsen en mai 1945 jusqu’à
ce jour d’ailleurs.
Voici donc la tragique liste de nos 19 victimes de la Shoah et des deux seules
jeunes femmes revenues.
Reste le cas des internés décédés au cours de
leur internement et du seul qui fut libéré à la libération
du camp de Drancy (il échappa à deux départs et figure
d’ailleurs par erreur dans le Mémorial)
Il y a aussi ceux qui nous étaient proches par alliance : la liste
serait longue.
Deux cas très particuliers cependant :
Léon HECKER le père de Madelon,
épouse d’André fils de Ferdinand CAHEN, né
à Fougères dans les Vosges.
Interné au camp de Pithiviers dans le Loiret, simples baraques en bois
entourées d’une double rangée de fils barbelés.
Déporté dès le convoi n°6 du 17/7/1942
(928 personnes) à l’âge de 57 ans. Il n’y a dans
ce convoi que dix personnes nées en France, la plupart sont des juifs
nés en Pologne et vivant dans la région parisienne. Parti de
Pithiviers et arrivé à Auschwitz le 19 juillet 1942. 809 hommes
reçurent les matricules 48880 à 49688. Car n’avaient été
déportés que ceux de plus de 16 ans et de moins de 55 ans, donc
apte au travail. Mais en 1945 il n'y avait que18 survivants de ce convoi.
Herbert STERNHEIMER époux de
Renée LEVY avocate
Quitte Paris Bobigny le 20/11/1943 (convoi n°6) 1200
personnes.
Douze évasions en cours de route près de Lerouville dont Jean
CAHEN SALVADOR conseiller d’Etat. Ces mêmes personnes faisaient
partis des 40 prisonniers de Drancy qui avaient creusés un tunnel en
septembre 1943. A quelques mètres de réussir, le tunnel est
découvert, et quatorze d'entre eux sont saisis, torturés et
déportés. Cf. Nous n’irons pas à Pitchipoï
par Janet Thorpe 2004.
Le 23 novembre 1943, 914 déportés furent immédiatement
gazés. Herbert avait 46ans, et a dû faire partir des 241 hommes
sélectionnés. Il ne fut pas l'un des 27 hommes survivants de
ce convoi en 1945.
Très tôt, peut être, dès après la première
Croisade, les communautés juives commencèrent à rappeler
régulièrement le souvenir de leurs martyrs : ce cérémonial
débutait avec le rappel des grands malheurs qui avaient touché
l’ensemble des communautés et se terminait avec la lecture des
martyrs locaux.
Sans communauté le judaïsme est privé de défense
contre les dangers qui la menacent.