Une anecdote sur les débuts A Strasbourg, en 1964 une petite semaine avant Pessah, la famille Lazare au complet s'est mise en route vers Bâle. L'expédition n'a rien à voir avec le sport: le premier jour de la fête, un samedi, Dani l'aîné sera Bar Mitsva et des produits "Cacher le-Péssah" (comment honorer les invités si on n'a rien à leur offrir !) introuvables à Strasbourg sont en vente à Bâle. Il devient évident que l'ordre du jour de l'interrogatoire que m'inflige cet officier de douane n'a rien à voir avec le paiement des droits de douane en vigueur. Il a non seulement tenu parole, mais a très vite trouvé dans la communauté l'activité qui lui convenait comme un gant : cet officier de douane réfugié juif d' Algérie est devenu l'animateur le plus zélé et le plus indispensable de l' A.S Menorah. Celle-ci avait été créée l'année auparavant par Jean Kahn, le premier ayant senti la nécessité et la vertu de cette association sportive pour une bonne intégration de la jeunesse née en Algérie. Quant à moi qui croyais que notre expédition à Bâle n'avait rien à voir avec le sport, j'avoue humblement m'être trompé. Lucien Lazare Jérusalem, novembre 2018 |
Nos coreligionnaires, en pleine guerre d'Algérie,
commençaient à prévoir leur départ. Pour certains,
la priorité consistait à éloigner leurs enfants qu'il
fallait mettre à l'abri.
Ainsi, avant tout songèrent-ils à leur trouver un havre d'accueil.
Sachant que la communauté de Strasbourg est une communauté pour
les juifs religieux et susceptible d'offrir tout ce qu'ils étaient
en droit d'attendre, beaucoup songèrent à y envoyer leurs jeunes
en attendant qu'eux-mêmes puissent préparer leur départ.
Ainsi arrivèrent à Strasbourg près de 500 jeunes que
la communauté présidée par le regretté Maître
René Weil (za"l), décida d'accueillir :
dans les internats de jeunes écoles juives telles que "les Violettes",
"Beth Hillel" ou "l'ORT ".
Le Professeur
André Neher (za"l) et son épouse Rina Neher
s'engagèrent avec tout leur coeur pour réaliser cet accueil,
estimant qu'il était nécessaire que la communauté manifeste
sa solidarité à l'endroit de ces juifs persécutés
pour ne pas commettre la même erreur qui fut commise dans les années
1930, au moment où arrivèrent nombre de nos coreligionnaires
en provenance des pays d'Europe Centrale qui ne furent pas, on le sait, accueillis
comme ils auraient dû l'être.
Les époux Neher décidèrent de ne pas partir en vacances
et de consacrer leur temps à cet accueil. Ils mobilisèrent nombre
de jeunes parmi leurs étudiants et leurs amis. Je fus l'un de ceux-ci
et ils me demandèrent essentiellement de trouver de sains loisirs pour
ces jeunes lorsqu'ils n'étaient pas scolarisés, c'est-à-dire
les fins de semaines ou les jours de vacances.
Dans un premier temps, j'estimais devoir procurer à ces jeunes, la
possibilité de connaître l'Alsace et donc, d'organiser des sorties
pour les dimanches.
Pour cela je sollicitai tous mes amis en leur demandant de venir avec leur véhicule
afin d'organiser avec ces jeunes, des découvertes. Cela fonctionna à
deux ou trois reprises mais au bout de quelques excursions, la lassitude gagna
les responsables et il fallut trouver une solution pour occuper les jeunes de
manière permanente.