Un juif conscient et idéaliste, un sioniste ardent et convaincu, un lutteur acharné, tel fut Léopold Metzger.
De vieille famille strasbourgeoise, il avait compris que c'est de Sion que viendrait le renouveau spirituel du judaïsme, le réveil de la conscience juive.
D'un caractère entier et conséquent dans ses actes, il vint donc tout naturellement au mouvement sioniste et mit au service de notre cause sa culture raffinée, son amour du judaïsme, sa connaissance de l'hébreu et du Talmud.
Organisateur méthodique, il était toujours sur la brèche, payant de sa personne, n'acceptant jamais les solutions de facilité, même si cela devait comporter de lourds sacrifices.
Pendant de longues années, il fut l'animateur du groupement sioniste local et parvint, en 1927, à réunir tous les Sionistes, membres des partis politiques indépendants, au sein de l'Union Régionale des Sionistes de l'Est de la France. Il assurait également d'une façon ininterrompue depuis sa création, le fonctionnement du Kéren Hayessod et fut, à plusieurs reprises, délégué aux Congrès Sionistes.
Puis en 1933, lors de la venue en Alsace et Lorraine des jeunes juifs d'Allemagne, Léopold Metzger devint l'ami du Héhalouts, son conseiller, son guide. Fritz Lichtenstein, Adèle Loni, Rita Roos-Lévy et bien d'autres témoignèrent par leur inébranlable amitié de l'estime et de l'affection de ces générations d'adolescents pour celui qui fut leur frère aîné et leur réconfort.
Ceux qui l'ont approché à cette époque - et nous en sommes - n'oublieront jamais les réserves de courage, d'énergie, de force et de ténacité dont il a fait preuve.
Dans son bureau bien connu du quai Kellermann, il n'était pas seulement le juriste austère, l'homme du devoir qui cumulait les charges au service de son peuple et, bien souvent semblait en être écrasé : il sut être un ami.
Comment parler sans être gagné par l'émotion, de ce foyer si accueillant, - mais hélas, de si courte durée - où Alice Metzger-ValferR, musicienne distinguée et femme de grand coeur, l'assistait inlassablement. Il faut les avoir connus réellement, dans leur harmonieuse vie d'avant-guerre ou dans leur retraite de Limoges, pour comprendre toute la riche personnalité de ce couple.
Notre ami n'était pas un résigné. Son action continue à Limoges. Il est un des piliers du Vaad Ha'hinouch (la commissiond e l'éducation) et s'en va dans les campagnes propager la culture sioniste et hébraïque. Il publie en outre, dans les Cahiers du Vaad Ha'hinouch, de larges traductions de penseurs juifs. Et c'est en plein travail, surpris par les événements, que lui-même, sa femme et toute leur famille, sont arrêtés, emmenés à Drancy dont ils sont bientôt déportés.
Avec Poldi, l'un des meilleurs d'entre nous a disparu. Quand nous nous sommes comptés, au lendemain de la Libération, son absence s'est fait cruellement sentir. Telle avait été la diversité de son travail et le rayonnement de son activité, qu'aujourd'hui, plus de dix ans après, sa place reste vide...