Un parler particulier s’est développé depuis le 13ème siècle, le judéo-alsacien, le yiddich daïtsch, qui véhicule parfaitement les minhaguim (coutumes) d’une manière souvent savoureuse en ne négligeant pas l’auto dérision, les analogies, l’ironie et le simple bon sens. Il est devenu le vecteur important de la transmission des minhaguim.
Freddy Raphaël, spécialiste du judaïsme rhénan, le définit ainsi :
"La langue de l’intimité familiale et communautaire, en même temps que celle de la connivence et de la complicité, notamment dans les transactions commerciales".
Ses sources sont majoritairement d’essence germanique par le patois alsacien. Par ailleurs elles sont bien sûr d’origine hébraïque et araméennes ainsi que romane (essentiellement française, latine, italienne, grecque et polonaise). Comme c’est un patois, les mots sont toujours déformés. Voici par exemple un mélange alsacien-hébreu :
A Kol Nidrei, la veille de Kippour, le rabbin fait un sermon moralisateur. Le regretté rabbin Max Gugenheim de Saverne (1877 – 1967) disait souvent à sa façon savoureuse :
"Ich hab a bref bekomme vom Elieu nove, was schribt er ? Er wart of dschüffe" (j’ai reçu une lettre du prophète Elie [l’annonciateur du Messie], il attend la réponse).
En alsacien "dschüffe" veut bien dire "la réponse" mais en judéo-alsacien cela veut dire "le repentir" qui se dit en hébreu "Techouvah".