Léon Blum est né le 9 avril 1872
à Paris dune vieille famille juive originaire de Westhoffen.
Son père, commerçant aisé, tenait un magasin de nouveautés
très coté. Il tenait pour son fils à des études de haut
niveau. Léon Blum parcourut avec brio le cursus honorum des études
de Droit, à la Sorbonne. Il fit remarquer très tôt son talent
littéraire et son esprit indépendant. En 1906 il publiait
En lisant : réflexions critiques
; de 1905 à 1911 : Au Théâtre
, en quatre volume ; en 1914, une biographie de Stendhal
; enfin, en 1907 : Du mariage
qui fit quelque bruit en raison de ses idées très peu
conformistes. Dans le domaine de sa spécialité universitaire,
il fut admis au Conseil dEtat où il atteignit la plus haute fonction,
celle de Maître des Requêtes.
Animé dune conscience aigüe de ses responsabilités de juif, il sengagea dans le combat pour Alfred Dreyfus dès que le scandale antisémite éclata. Entraîné par le courant dreyfusard et son admiration pour Jean Jaurès il adhéra au Parti Socialiste en 1899. Il fut élu député, pour la première fois, en 1919. Il participa très activement au Congrès Socialiste de Tours, en 1920, qui devint le théâtre dune dramatique polémique entre socialistes fidèles à la doctrine française et socialistes convertis au communisme, sous linfluence de la révolution russe de 1917. Le Parti communiste russe avait envoyé à Tours des délégués qui y firent une active propagande. De toutes ses forces, Léon Blum combattit les communistes, tels Marcel Cachin et André Marty. Le débat sacheva par un vote. Les communistes majoritaires mirent la main sur l Humanité fondée par Jean Jaurès. Ils firent sécession pour créer un nouveau parti : le "Parti communiste français". Cependant, Blum encourageait ses amis à garder leur fidélité au socialisme humaniste et réformiste. Il les adjurait de rester avec lui pour "garder la vieille maison". En 1992, après la désintégration de lU.R.S.S. et linterdiction du Parti communiste en Russie, ce serait une ironie facile de souligner qui avait raison, à Tours, en 1920. Les communistes ne pardonnèrent jamais à Blum.
Blum soutint, en 1924, le Cartel des gauches dEdouard Herriot. Député de Narbonne en 1929, il fut réélu, brillamment, en 1932 et en 1936. Après lémeute des ligues de Droite, le 6 février 1934, tous les partis de gauche antifascistes, sétaient groupés dans un cartel renouvelé, le Front Populaire. Celui-ci gagna les élections en 1936. A lintérieur de ce Front, le Parti Socialiste devançait ses associés : la direction du gouvernement lui revenait.
Léon Blum subit cette année-là, lune des plus grandes épreuves de sa vie de juif : les partis de droite se déchaînèrent contre lui. Charles Maurras inspirateur de LAction Française écrivit: "cest en tant que Juif quil faut voir, concevoir, entendre, combattre et abattre Blum". Ses amis firent chorus. Une tentative dattentat confirme la violence des meneurs. Dailleurs, tous les Juifs tremblent en France, sans quon puisse les taxer de lâcheté! (...) Blum ne veut pas fuir ses responsabilités ; ni le danger. Il forme son gouvernement le 5 juin et devient le premier Juif à assurer la direction du gouvernement de la France. Le 6 juin, il présente son Cabinet à la Chambre des Députés.
Cest Xavier Vallat, député de Droite, proche de lAction française, qui lance lattaque la plus blessante :
Après une année très difficile, Blum démissionne le 21 juin 1937. Il revient à lHôtel Matignon, pour une présidence éphémère en mars 1938. Cest lépoque de lAnschluss. Nul ne paraît en mesure darrêter les progrès dHitler triomphant. En 1940, après le désastre militaire qui frappe la France, le gouvernement de Vichy le défère à la Cour de Justice de Riom en qualité de "responsable de la défaite". Devant ce tribunal créé contre lui, il confond le Maréchal Pétain.
Celui-ci décide, par "décision" du 7 avril 1942, de suspendre les séances de la Cour de Riom, et, en même temps condamne Léon Blum à la prison à vie. Davril 1942 au 31 mars 1943, il sera détenu à la maison darrêt de Bourrasol. Fin mai 1943, des officiers allemands pénétrent dans sa cellule. Vichy le livre à Hitler : il est déporté au camp de concentration de Buchenwald. Survivant par miracle, il accueille les libérateurs américains en mai 1945. Le cauchemar hitlérien est fini.
Septuagénaire, il revient au pouvoir en 1946 et gouverne à nouveau la France pendant un mois. Son rôle essentiel consiste alors à négocier aux Etats-Unis un important crédit pour assurer le relèvement du pays.
Il se retire ensuite à Jouy-en-Josas près de Versailles où il mourra le 30 mars 1950 à l'âge de 78 ans.
Constamment absorbé par la politique intérieure française, Léon Blum na jamais négligé la solidarité juive, particulièrement vis-à-vis du mouvement sioniste.
En 1928, en coopération avec de grands dirigeants inspirés comme Arthur Rubinstein et Edouard Bernstein, il a créé le "Comité Socialiste pour la Palestine". Sur linitiative de Haïm Weizmann, il entre au Comité élargi de lAgence juive et y prend la parole à Zurich en 1929. Dès 1919 il sétait entremis auprès de son ami Philippe Berthelot pour obtenir la levée de lopposition française au mandat anglais sur la Palestine.
En 1937, il accepte que son nom soit donné à une localité juive en Palestine : elle sappelle Kfar Blum. En novembre 1938 à la demande des organisations sionistes il prononce devant la LICA un réquisitoire contre la doctrine hitlérienne. En 1947, il agit auprès des dirigeants travaillistes anglais pour obtenir, en Palestine, une décision favorable aux Sionistes. A Georges Bidault, Ministre des Affaires Etrangères, il écrit le 25 novembre 1947 une lettre pressante pour demander un vote favorable de la France pour la création de lEtat Juif.
Si nous cherchons une profession de foi de Léon Blum nous la trouverons dans son hommage à Haïm Weizmann :
Que dire de plus ? Tout commentaire affaiblirait la portée dun tel texte, symbole de foi dun grand Juif, dun grand Français.