Docteur Ernest Reouven MEYER Halévi
1863 - 1941


Ernest Meyer naît à Guebwiller le 13 août 1863. Il est le fils de Moïse Godfroy (Cochel) Meyer qui exerce la profession de serrurier, et de Sarah Meyer. C'est un enfant brillant, doté d'une mémoire étonnante qui saute à trois reprises une classe à l'école. Il saura parler et lire sept langues, et il excellera dans les études laïques et religieuses.


la Smikha (titre de rabbin) décernée au Dr. Ernest Meyer


Rose Rachel Mayer (1871-1944)

En sortant du lycée, il va étudier au Séminaire rabbinique Hildesheimer de Berlin, mais il est attiré par les études médicales qu'il entreprendra également à Berlin. Toutefois, par la suite il recevra la Smikha (le titre de rabbin) des mains du grand rabbin Ernest Weill de Colmar en 1931, à la veille de Yom Kipour.

Il épouse Rose Meyer, la fille de son frère Jacob et le couple donnera naissance à douze enfants.

Ernest Meyer devient s'installe à Mulhouse où il ouvre un cabinet médical, mais il ne renonce pas aux études juives. Chaque soir, après une journée de travail de dix ou douze heures à porter des soins aux malades, il lit la Torah ou le Talmud. Si un rabbin vient en consultation, il ne permet au visiteur de partir qu'après avoir appris ensemble quelques lignes de Talmud. Lorsqu'il rend visite à des malades le Shabath, ne pouvant pas rédiger d'ordonnance ce jour-là, il va lui-même chercher les médicaments à la pharmacie pour les rapporter à ses patients.
Lorsque son fils Jean ira étudier à la Yeshiva de Montreux en Suisse, il y passera ses vacances, en louant une chambre d'hôtel dans la ville pour étudier aux côtés de son fils.

Ernest Meyer est membre de la CISTO, la Communauté Israélite de Stricte Observance de Mulhouse, créée avant la première guerre mondiale. Élu membre du Consistoire du Haut-Rhin, il est très perturbé par la tendance croissante à l'assimilation des Juifs d'Alsace. En tant que fier citoyen de la France, il soutient que seule une éducation juive complète peut équiper les enfants juifs pour maximiser leur contribution à la société d'une "France libre noble et belle où les juifs jouissent de tous les droits de citoyenneté" [extrait d'un article écrit en 1929]. Il rédige de nombreux articles mettant en garde contre les dangers de l'assimilation et lors de nombreuses réunions publiques, il se prononce en faveur de la création d'écoles juives qui, selon lui, arrêteraient la marée.

Partisan d'un judaïsme orthodoxe, il désapprouve les visées sionistes d'une partie de la communauté mulhousienne. Ainsi écrit-il en 1933 : "Que nous servirait d'aller habiter la Terre Sainte, si nous devions nous y installer à la façon d'un peuple quelconque du globe? Quoi avantage y aurait-il là et pour nous et pour le pays?
Quel spectacle révoltant nous offre tous les jours la conduite blasphémante de ces néo-Palestiniens, installés sans se soucier de  cette noble recommandation de notre Haggadah [L'an prochain à Jérusalem]. Préparez vous d'abord moralement afin d'être dignes d'habiter Jérusalem l'année prochaine."

D'autres articles écrits par lui et publiés dans la presse juive contiennent des critiques des politiciens français antisémites dans les années 1930, des suggestions pour améliorer le fonctionnement du rabbinat français, ses opinions sur les colons juifs non religieux en Palestine et des idées pour améliorer l'organisation communautaire afin de mieux assister les réfugiés d'Europe de l'Est arrivés en France avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale.

Son domicile est toujours ouvert aux visiteurs, y compris aux réfugiés juifs venus pour certains de Russie ou de Pologne, qui ont réussi à franchir illégalement la frontière avec la France et se retrouvent à Mulhouse. Certains cherchent juste un peu de chaleur et d'hospitalité, d'autres ont besoin d'une aide financière.

Après l'invasion nazie de la France pendant la seconde guerre mondiale, Ernest Meyer trouve refuge à Lyon, où il meurt le 24 octobre 1941. Peu de temps avant sa mort, alors que les intentions de la terreur nazie sont déjà claires, le Dr Meyer écrit une prière émouvante, implorant ses coreligionnaires de redoubler leurs actes de foi, confiants que Dieu récompensera les justes et sauvera tous ceux qui vivent selon des principes moraux. Sa femme Rose sera déportée par la Gestapo en 1944 avec l’une de ses filles Lucie et son mari, le rabbin Robert Brunschwig. Tous trois trouveront la mort à Auschwitz.

Les douze enfants de Rose et Ernest Meyer :
  1. Marguerite KLEIN : la mère de Théo Klein et de Moché Catane
    l'aînée des enfants
  2. Nelly SCHWOOB (9ème)
  3. Lucie BRUNSCHWIG : l'épouse du rabbin R. Brunschwig (2ème)
  4. Suzie MERZBACH (12ème)
  5. Edmée BLOCH (5ème)
  6. Georges MEYER (11ème)
  7. Gaby SAMUEL (7ème)
  8. Alice ACKERMANN (4ème)
  9. Jean MEYER (10ème)
  10. Raymond MEYER (6ème)
  11. Paulette ROTSCHILD (8ème)
  12. André MEYER (3ème enfant)
Document transmis par Noémie Oppenheimer


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