Un juste nous a quittés !
Un de ceux qui ont su, par leur
action et leur engagement de chaque instant, redonner confiance à des
enfants , à des adolescents victimes de la sauvagerie nazie.
Nathan et Hélène Samuel,
au lendemain de la guerre, découvrant ce que furent les horreurs des camps
et la misère physique et morale des enfants rescapés, nhésitèrent
pas à se dévouer corps et âme pour redonner le goût de
vivre à ces enfants.
Ils avaient accepté daccomplir
une mission fort difficile, à lissue de la deuxième
guerre mondiale : accueillir des enfants dâges
variés, dorigines diverses, meurtris par un vécu douloureux,
la plupart orphelins.
Ils furent directeurs des maisons
denfants de lOSE, aux Hirondelles à Lyon puis aux Cigognes à Haguenau, jusquen
1955.
Cest dans ces internats, où
jai exercé la fonction de secrétaire-économe, que jai
eu le bonheur de les connaître, et dadmirer le travail constant
la journée, comme les soirées, travail administratif, pédagogique,
relationnel.
Par ces contacts de tous les instants,
Nathan Samuel a fait redécouvrir une vie, une vie juive .
Il a su éloigner les spectres
qui habitaient beaucoup de nos enfants, de "leurs enfants".
Nathan et Hélène Samuel
ont affronté tous ces problèmes avec sérénité et clairvoyance.
Nathan Samuel rencontrait les jeunes
en groupe ou individuellement.
Il fallait leur réapprendre
à jouer, à travailler, à trouver leur place dans la société,
à montrer par lexemple de sa propre vie familiale avec ses deux
filles Fanny et Eve-Anne comment redonner sens à la vie.
Par son intelligence, sa fermeté,
sa gentillesse, sa modestie il était toujours à lécoute
de lautre.
Monsieur et Madame Samuel, plus
que des directeurs, étaient des parents pour cette génération
denfants qui leur furent confiés.
Ils ont consacré tous leurs
Shabatoth, tous leurs jours de fête à "leurs enfants",
leur faisant découvrir ou redécouvrir nos valeurs juives.
A lhospice de personnes âgées
"Le Refuge", quils dirigeaient en même temps que les Cigognes,
Nathan et Hélène Samuel apportèrent également cette chaleur
humaine qui leur était propre.
Grâce à Monsieur et Madame
Samuel, il y a toujours eu osmose entre la maison denfants et la communauté
de Haguenau.
Le sens de la communauté, l'attachement
à Israël où nombre de nos jeunes allèrent sinstaller,
furent transmis avec bonheur.
Beaucoup danciens de Lyon
et de Haguenau leur sont restés fidèles, et ceux qui lont
pu lont accompagné à sa dernière demeure.
Monsieur Jacky Bronstein a évoqué
le merveilleux travail au foyer Guy Patin à Paris ou en Israël de
ce couple exceptionnel.
Quant à moi, le souvenir de
ce Tzadik au sourire rayonnant,
restera un exemple de foi, et damour du prochain.
Que son souvenir reste à jamais
gravé parmi les Justes dAlsace.
Que son souvenir soit pour nous
tous, source de bénédiction.
< Elie Wiesel - © Jacky Bronstein |
Nathan
et le calme qui émanait de sa personne... Son regard apaisant
Je me rappelle
Aya et son sourire, sa chaleur, la simplicité
de ses gestes.
Je
me rappelle
Les Hirondelles... Un Shabath... Loin d'Ambloy, séparé
de mes amis de Buchenwald
Nathan, discret. Retiré, mais pas retranché. Discret, mais présent. Délicat, élégant. Il parlait peu, Nathan. Il écoutait bien. Il savait écouter. Tout son être était dans son écoute.
Nathan, à Paris. Une Maison d'enfants, encore une. Nathan n'a pas changé. Pas même vieilli. Je lui trouve un air sage : tous ces souvenirs, toutes ces images, toutes ces paroles qui peuplent sa mémoire font qu'il comprend mieux les choses, les êtres. Nathan à Jérusalem. Je ne le voyais presque plus.
Mais il me manque.