Le bâtiment offre un très bel aspect extérieur. Il renferme
à l'intérieur une vaste cave où fut installé plus
tard le Bain rituel. Le rez-de-chaussée donne place à une cuisine,
deux chambres et une salle qui sert pour les séances des différentes
commissions, comme ouvroir pour les dames et comme salle de conférences;
au premier étage sont hébergés les pensionnaires, dont
chacun dispose d'une chambre individuelle. Un oratoire accueillant et bien aménagé
fait partie de ce bâtiment qui, pendant la guerre, avait été
transformé en logements pour des particuliers.
Après la guerre, les conditions de confort ont été améliorées
par l'installation du chauffage central et de l'eau courante. C'est sur le terrain
dépendant du Refuge que fut construit l'Orphelinat israélite de
Garçons. Les deux établissements ont une direction et une administration
communes.
Depuis sa fondation, le Refuge a rendu des services appréciables ; des
vieillards de Haguenau et de ses environs, mais aussi originaires d'autres communautés,
y ont été admis, de sorte que toutes les chambres sont en général
occupées.
Malgré les longues années de séparation, M. Rehns avait
gardé pour son pays natal le plus grand attachement. Au cours d'un séjour
dans la ville où il avait passé son enfance, il exprima le désir
de créer une oeuvre philanthropique en faveur des nécessiteux
des communautés israélites de Haguenau et de Schirrhoffen.
Le Rabbin M. Marc Lévy et M. Arthur Moch lui suggérèrent
de fonder un orphelinat de garçons pour nos trois départements,
un établissement similaire existant déjà à à
Strasbourg pour des filles.
Par donation du 4 août 1902, M. Aron-Marc Rehns mit le capital initial
inaliénable de 100.000 Marks à la disposition du Comité
du Refuge, qui, de son côté, céda le terrain nécessaire
pour la construction. Une Assemblée Générale des membres
du Refuge du 31 mai 1903 donna son avis favorable pour l'acceptation du don,
et celui de l'administration civile s'ensuivit le 24 septembre de la même
année.
Le projet reçut l'appui financier des autorités et de l'administration
municipale et celui de plusieurs communautés israélites ainsi
que de nombreux donateurs privés.
La construction fut commencée en 1904, inaugurée en 1906. L'architecte municipal Guillaume Stoll avait surveillé les travaux à titre bénévole.
Deux plaques commémoratives apposées à l'entrée de la maison devaient faire connaître son origine aux générations futures.
Sur l'une on pouvait lire:
|
Sur l'autre plaque se trouvait le texte suivant :
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|||
Ces plaques ont disparu pendant la dernière guerre. |
Le Tableau d'Honneur, dans le Rapport de l'oeuvre des années 1910 et 1911, porte les noms suivants des premiers bienfaiteurs :
M. A.-M. Rehns, Paris | Marks | 100.000 |
La Ville de Haguenau | " | 4.000 |
M. Arthur Moch, Haguenau | " | 4.000 |
Ministère d'Alsace-Lorraine | " | 2.000 |
M. Ferdinand Oppenheimer et famille, Strasbourg | " | 2.000 |
M. Léon Moch, Haguenau, et Mme S. Bernheim-Moch | " | 8.400 |
Le rapport 1902/10 compte 17 enfants. Le rapport 1910/11 compte 24 enfants. Le rapport 1912/13 compte 39 enfants. |
Voici la liste des Présidents et des Directeurs de notre oeuvre, qui se sont succédé depuis sa fondation à ce jour :
Présidents : Directeurs : |
M. & Mme Sylvain Koch |
L'inauguration solennelle eut lieu le 11 juillet 1948 en présence des autorités officielles et de nombreuses autres personnalités.
La guerre avait décimé notre Administration : Nous avons perdu
: MM. Léon Moch, président et bienfaiteur, Sylvain Koch, directeur,
Bernard Picard, secrétaire, décédés.
Ont été victimes de la déportation: les membres MM. François
Halff et Edmond Marx.
Notre établissement dispose de bâtiments spacieux, ensoleillés
et bien aérés.
Au sous-sol : une grande cuisine avec installations modernes et dépendances,
une laverie et aménagement de douches pour les enfants.
Au rez-de-chaussée: un grand réfectoire, des salles de séjour
et d'étude et en plus le bureau de la direction ; aux 1er et 2ème
étage: des dortoirs, l'appartement du directeur, une infirmerie, les
chambres des éducateurs et des salles d'eau; au 3' étage : la
lingerie et les chambres du personnel.
Les loisirs :
La vaste cour qui entoure la maison, a été tout récemment
aménagée par les soins de la Municipalité de Haguenau.
Elle permet aux enfants de s'ébattre pendant leurs moments de loisirs.
Deux médecins sont attachés à notre Maison : Le docteur
Lucien Roos, au Refuge,
et le docteur Willy Frank, à l'Orphelinat.
Notre activité à Haguenau de 1946 à 1955. Un peu moins de dix ans dans une existence humaine... Mais cette période qui se place à l'époque où nous sortions des "années terribles" pour avoir le redoutable privilège de nous voir confier ces nombreux enfants privés de leurs parents par suite de la cruauté de l'ennemi, est sans précédent dans l'histoire.
Ce furent des années exaltantes. Pour nous, une expérience. La récompense de notre travail était quotidienne, et c'est cela, bien sûr, qui facilitait notre tâche et stimulait notre ardeur. Les difficultés de toutes sortes étaient compensées par des satisfactions substantielles dans l'affection de tous ces jeunes qui, à défaut de leurs parents, avaient retrouvé une maison.
L'expérience était aussi ailleurs. Il nous a été possible de faire vivre une collectivité jeune dans le cadre d'une vieille communauté juive pour le profit des uns et des autres; de rajeunir, ou mieux de faire revivre, une institution vieillie, dans un esprit jeune et dynamique. Notre action, loin d'être freinée par un comité timoré ou paralysant, était soutenue par un conseil d'administration actif et efficace. Nous avions eu la chance, il est vrai, de trouver partout des personnes éclairées et compréhensives. M. Roos, le président, notre vice-président le rabbin Bloch, cet érudit ouvert à tous les problèmes, ce "sage" dont nous nous enorgueillissons d'avoir vécu à ses côtés, M. Sichel, le Dr. Frank, tous ceux qui avaient des responsabilités dans la gestion de l'Institution, oeuvraient dans notre sens pour le plus grand bien de tous.
Notre joie au travail, l'ambiance si réconfortante, le charme de cette maison, nous le devions, pour une très grande part, à tous nos collaborateurs. L'équipe était homogène, et chacun était conscient de travailler pour une oeuvre commune en vue d'arriver à ce but : des enfants heureux.
Ces enfants dont l'éducation nous incombait, devaient recevoir aussi une instruction et une formation qui ferait d'eux des personnes normales qui, en dépit d'une jeunesse perturbée par les circonstances, trouveraient leur place dans la société. Le personnel éducatif nous venait en général de l'OSE C'est grâce à la compétence et au dévouement de nos éducateurs tels que Régine, Rita, Jeanine, Dina, Raymond qui se dépensaient sans compter et qui donnaient le meilleur d'eux-mêmes aux enfants, en leur communiquant le goût des études, en leur faisant comprendre le sens de notre éthique juive, que nos jeunes étaient pourvus de ce qui devait les armer pour la vie.
Nous ne saurons exprimer ce que signifiait pour nous cette vie intense, ce qu'étaient les fêtes juives avec leurs offices religieux, ces veillées et ces onègues Shabath, le Séder, la Soukah, le Talmud Torah, où les enfants de la ville et les nôtres se retrouvaient ensemble.
Et que sont devenus tous ces jeunes qui étaient "nos" enfants
?
Le "pari" de les intégrer dans une vie normale, pareillement
à ceux qui avaient eu une enfance normale, a-t.il été tenu
? Nous ne cacherons pas notre amertume devant certains échecs, et nous
nous demandons souvent si la sollicitude dont bénéficiaient ces
jeunes en maison d'enfants n'a pas été rompue trop brutalement
au moment où ils la quittaient. Les institutions juives ont-elles toujours
fait leur devoir à l'égard de ceux qui du jour au lendemain se
trouvaient de nouveau sans foyer, sans famille et sans attaches affectives ?
Dans l'ensemble cependant nous pouvons dire que nous avons enregistré
de très nombreuses réussites, conformes à la moyenne habituelle.
Et quoi de plus réconfortant que de recevoir tant de messages de nos
anciens, de nous voir confier leurs peines et leurs joies actuelles, de les
voir se joindre, aujourd'hui comme naguère, à nos propres peines
et joies ?
L'orphelinat a fermé en 2002 et quinze enfants y résidaient encore. L'association Les Cigognes existe toujours et elle subventionne des structures qui accueille ces enfants l'après-midi pour leur assurer un suivi. A Strasbourg cette structure s'appelle Relais J et elle est dirigée par Madame Elbaz . Un programme existe pour des actions similaires en Israël.
Site internet des Cigognes de Haguenau : http://cigognes-asso.org/
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