Le mercredi 12 juin 2006
Jacques Chirac a rendu à l'Ecole militaire à Paris l'hommage
de la Nation à Alfred Dreyfus. Cette cérémonie nationale
a été organisée cent ans jour pour jour après
la réhabilitation, le 12 juillet 1906, de l'officier juif alsacien,
injustement accusé de trahison au profit de l'Allemagne.
La cérémonie s'est déroulée dans la cour de l'Ecole
militaire, à Paris, sur les lieux mêmes où le capitaine
avait été publiquement dégradé en 1895. Sous un
soleil brûlant, des détachements des trois armes ont rendu les
honneurs dans la cour pavoisée de drapeaux tricolores.
Le combat contre "l'injustice, l'intolérance" reste d'actualité,
a déclaré le chef de l'Etat "La tragédie du capitaine
Dreyfus (...) continue à résonner fortement dans nos coeurs.
Après avoir divisé le pays, elle a contribué à
fortifier la République".
"La réhabilitation de Dreyfus, c'est la victoire de la République.
C'est la victoire de l'unité de la France", a déclaré
Jacques Chirac en présence des descendants d'Alfred Dreyfus, de ceux
d'Emile Zola et de Georges Clemenceau.
"L'affaire aurait pu porter un coup mortel à la République:
au lieu de cela, non seulement elle a surmonté la crise, mais elle
en est sortie plus forte. Plus assurée de sa légitimité
et de ses valeurs", a affirmé M. Chirac.
Mais, pour le président de la République, ce combat n'est pas
fini. "Le refus du racisme et de l'antisémitisme, la défense
des droits de l'Homme, la primauté de la justice : toutes ces valeurs
font aujourd'hui partie de notre héritage. Elles peuvent nous sembler
acquises, mais il nous faut être toujours vigilants: le combat contre
les forces obscures, l'injustice, l'intolérance et la haine n'est jamais
définitivement gagné".
En décidant d'organiser cet hommage national, M. Chirac a écarté un transfert de la dépouille d'Alfred Dreyfus au Panthéon, une idée controversée. Charles Dreyfus (un petit-fils du capitaine âgé de 79 ans) a toutefois estimé que "sa place à côté d'Emile Zola (qui repose au Panthéon) aurait été tout à fait normale".
En début de cérémonie, un élève de Polytechnique
(Alfred Dreyfus était polytechnicien) a lu un extrait d'une lettre
envoyée par le prisonnier de l'île du Diable avant que Guy Canivet,
Premier président de la Cour de Cassation, ne lise à son tour
un extrait des attendus de l'arrêt de la Cour réhabilitant l'officier.
Plusieurs membres du gouvernement, dont le Premier ministre Dominique de Villepin
et la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, de hauts
responsables militaires, le président de l'Assemblée nationale
Jean-Louis Debré, Mme Simone Veil, le maire de Paris Bertrand Delanoë,
ont assisté à la cérémonie.