Munich, prélude à la guerre


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En septembre 1938 il y a eu l'alerte de Munich ; le 11 mars 1938, Hitler et l'armée allemande sont entrés en Autriche (l'Anschluss ). La Tchécoslovaquie, alors alliée de la France et garantie par elle, était entourée sur trois côtés par un Reich hostile ; Hitler et les Nazis ont commencé à réclamer que les minorités allemandes de Tchécoslovaquie soient rattachées au Reich. A ce moment seulement je crois, la France et l'Angleterre se sont rendu compte que la guerre avec l'Allemagne était proche et qu'elles n'étaient pas prêtes. En outre, Hitler avait réussi à convaincre les conservateurs anglais, et Chamberlain à leur tête, que l'Allemagne était leur plus sûr rempart contre l'U.R.S.S. et le communisme. Bref, il y a eu tout un mois de négociations entre Hitler, les envoyés de Chamberlain, puis Chamberlain lui-même. Tout cela, pour arriver, début octobre, à la conférence de Munich à laquelle participaient Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier. Ils se sont mis d'accord pour enlever à la Tchécoslovaquie les territoires à majorité allemande, les Sudètes, qui ont été rattachés au Reich, et une petite province a été donnée à la Hongrie, en échange de quoi, Hitler s'était engagé à ne plus présenter d'exigences territoriales.

Denise au Keren Kayemeth - 1938
Denise en 1938
Vers la fin du mois de septembre, une mobilisation partielle a été décrétée en France, mais Robert n'a pas été appelé. Quelle fut notre réaction après cette capitulation de Munich ? D'un côté, nous étions soulagés que ces incidents n'aient pas provoqué la guerre, mais de l'autre, nous savions que la guerre serait déclenchée un jour ou l'autre, et nous avions honte devant la lâcheté des gouvernements anglais et français.

Au retour des vacances, j'ai eu plusieurs accrochages avec mon patron et j'ai plus ou moins décidé de le quitter, mais entre temps je suis tombée malade et j'ai eu une salpingite (inflammation des trompes près de l'utérus). J'ai dû rester couchée un mois et demi et ai été opérée plus tard par mon cousin, le gynécologue Maurice Mayer.

Pendant ce temps j'ai été contactée pour aider les jeunes juifs d'Autriche; l' Anchluss avait été imposée depuis mars 1938 et les juifs étaient pris au piège ; peu de frontières s'ouvraient pour les accueillir. Un jeune chef du Maccabi de Vienne, le docteur Adolf Brunner, est arrivé à Paris pour chercher de l'aide et est venu me voir. Nous sommes allés ensemble chez la baronne Édouard de Rothschild qui s'est tout de suite attelée à ce projet.

En fait, les Rothschild étaient assez motivés pour aider les jeunes, car leur cousin, le Rothschild de Vienne, avait été arrêté par les Nazis et leurs banques de Londres et de Paris ont dû payer une forte rançon pour le libérer. Elle a donné des coups de téléphone et nous a mis en contact avec des donateurs éventuels. En quelques semaines, nous avons réuni un million de francs, ce qui était une somme assez importante pour l'époque. Le Maccabi de Vienne a frété un bateau qui est parti de Varna (Bulgarie) et a amené ces jeunes, illégalement, en Palestine Eretz Israël.

Plus tard, j'ai été contactée par des gens de la Haganah pour le même travail de collecte de fonds. Leur délégué à Paris était un kibboutznik de Givat Brener, Naftali Unger; mais nous n'avons pas pu obtenir que la banque Rothschild augmente sa contribution.

En avril 1939, étant rétablie, je suis entrée à l'Alliance Israélite Universelle pour aider au recrutement de membres plus jeunes et à la collecte de fonds. Je n'y ai finalement travaillé que cinq mois sans grand succès. L'atmosphère de cette maison un peu compassée, et qui se prenait pour une annexe du Quai d'Orsay, ne m'enchantait pas et je n'avais pas les mêmes motivations.

En été, le même Dr Brunner, en récompense de mes efforts passés, m'a invitée à venir au Congrès Sioniste à Genève à la mi-août 1939 et m'a remboursé une partie de mes frais.

Depuis la crise de Munich, Castor avait l'idée de fonder une ferme-école (sorte de Hakhchara ) pour les jeunes juifs français et étrangers. Le docteur Joseph Weill de Strasbourg, un homme assez extraordinaire avait acheté une propriété près de Saumur où il avait installé une famille de réfugiés allemands, cousins de sa femme, qui avaient des notions d'agriculture. Il était prêt à mettre à notre disposition une des annexes du “château” pour nos jeunes, qui pourraient s'initier à l'agriculture. Le Comité d'Assistance aux Réfugiés a promis de soutenir cette entreprise qui a démarré juste après Pessa'h.

ll y avait là six réfugiés allemands, quatre polonais menacés d'expulsion de France, et une dizaine de jeunes E.I. sionistes de Strasbourg et de Paris, dont quelques-uns étaient membres du “Maccabi Hatsaïr”. Pendant ces mois (mai, juin, juillet), Castor allait tous les dimanches à Saumur, en train, pour aplanir les difficultés avec le gérant du domaine, mais aussi entre les jeunes. Il y avait facilement des conflits entre les jeunes juifs français et les polonais qui étaient socialistes de gauche, entre les sionistes et les non-sionistes, entre les quelques religieux sionistes (un jeune couple de chefs E.I., les Lifchitz, de tendance “Mizra'hi” - religieux sionistes - avec leur bébé), et les non-religieux. Tous ces jeunes travaillaient dur mais maladroitement.

Début août, nous sommes partis en vacances au Chambon où les enfants étaient déjà chez Mlle Matile depuis le début de juillet. Avec Robert, nous avons fait l'ascension du Mezenc et avons couché en haut dans un refuge assez éventé.

Du Chambon, je me suis rendue à Genève pour assister au Congrès Sioniste. La langue la plus utilisée était le “Congress-Deutsch” que je comprenais. J'avais commencé à apprendre l'hébreu mais ne saisissais que quelques mots de temps à autre. Nous avons élaboré un plan de rapports plus étroits entre les E.I. et le “Maccabi Hatsaïr” de l'ex-Autriche, mais la guerre allait balayer tout cela.

Je suis rentrée à Paris, et Robert aussi. Nous avions laissé ma belle-mère et les enfants au Chambon en attendant les événements. Le 21 août 1939 a éclaté la bombe du Pacte germano-soviétique signé par Ribbentrop et Molotov. Hitler, ayant la hantise d'un second front, avait réussi à amadouer Staline en s'entendant avec lui pour se partager la Pologne. Donc la guerre était inévitable. Le même soir, j'ai eu une scène assez dure avec mon mari. il a téléphoné à nos jeunes à Saumur et a parlé longuement de miel à recueillir, de pots en grès pour mettre ce miel et je trépignais et l'ai interrompu, en lui disant que les communications pouvaient être interrompues avec la province, et qu'il pourrait peut-être donner des instructions plus générales à ce groupe. Et il a continué avec son histoire de miel. J'étais tellement énervée que je suis sortie, me suis promenée, suis même entrée au cinéma, mais je n'y suis pas restée longtemps car un type est très vite venu me faire du coude. Bref, au bout de deux heures, je suis rentrée à la maison.

Une grave question se posait. Par crainte réelle d'une attaque de gaz lancée par les Allemands sur Paris en particulier, il avait été décidé d'évacuer les enfants des grandes villes exposées; ils étaient envoyés avec leurs institutrices ou profs de lycée surtout dans la région de la Loire. Mais cette mesure ne concernait que les enfants français et pas les étrangers. A Paris, il y avait au moins 100.000 juifs étrangers dont les enfants ne seraient pas évacués avec leurs camarades. Donc, nous avons cherché en toute hâte à organiser des centres d'accueil pour ces petits juifs parisiens.

Par une relation politique, j'ai obtenu de Mr A. de Monzie, Sénateur du Lot, une lettre de recommandation pour le Préfet du Lot, à Cahors. J'y suis partie un soir avec une autre cheftaine, Renée Hess (plus tard Renée Haguenau, qui n'est plus de ce monde). Nous avons été bien accueillies par le préfet, qui nous a proposé un château appartenant à la Préfecture dans le nord du département, à Gagnac. Il était situé sur une butte. Il y avait l'eau courante dans la maison, et seulement deux w-c, mais cela nous a paru suffisant pour un accueil d'urgence ; et nous avons repris le train, le soir, à Souillac après avoir fait là un excellent et mémorable repas.

Nous avons commencé à organiser le groupe à partir du centre des E.I. de l'avenue de Ségur. Le “Platzel” en a eu connaissance et des dizaines de mères sont venues nous supplier d'inscrire leurs enfants. Nous avons constitué un groupe de monitrices avec Renée Hesse (TP) à la tête, assistée de plusieurs cheftaines. Le groupe est parti le samedi 2 septembre au soir, et j'ai obtenu le tarif; “colonie de vacances” (75% de réduction), et un wagon réservé.

La veille, 1er septembre, la mobilisation générale avait été décrétée et mon mari devait partir pour Nancy. Il était ingénieur électricien et était mobilisé dans le service des transmissions. Il est venu avec moi assister à l'embarquement des gosses à la Gare d'Austerlitz, ce qu'une mère de cheftaine a trouvé héroïque, et je l'ai accompagné à la Gare de l'Est pour son départ pour la guerre. Son train partait tard, et il a même pu avoir un wagon-lit. A Nancy, étant lieutenant, il a été affecté au bataillon de transmissions du quartier-général de la 4éme Armée. Leur P.C. était installé à Château-Salins (Moselle).

Moi-même, je crois bien être allée le lendemain voir nos jeunes à Saumur et, de là à Angers où j'ai essayé de joindre les représentants du “Joint” ; et à Angers, le 3 septembre, j ‘ai entendu à la radio que la Grande-Bretagne et la France avaient déclaré la guerre à l'Allemagne, qui avait la veille envahi la Pologne.

De retour à Paris, j'ai reçu de mauvaises nouvelles de ma belle-mère restée au Chambon. Le lundi 4 septembre, assise dehors sur un banc, elle n'a plus pu se lever. Elle est encore restée une quinzaine de jours au Chambon et a ensuite été transportée à Lyon. Lilette et Daniel sont restés au Chambon et ont suivi les cours des écoles du village.

Entre-temps, nous avons réussi à fonder un deuxième centre d'accueil à Villefranche-du-Rouergue (Aveyron) et plus tard un troisième à Saint-Affrique (Aveyron). Mais un peu plus tard Bouli (Édouard Simon) est allé voir le centre de Gagnac et a trouvé que l'état sanitaire était assez déplorable. Il a été décidé de fermer ce centre. Les filles ont été regroupées à Beaulieu/Dordogne (Corrèze) et les garçons non loin de Gagnac à St-Céré.

Par ailleurs, ma belle-mère était arrivée à Lyon où elle a été reçue par une de ses très bonnes amies; mais elle pouvait faire à peine quelques pas. J'ai donc décidé d'aller à Lyon pour m'occuper d'elle. Entre temps Chatta Simon a pris la direction des centres d'accueil, tâchant de m'en éloigner. Je suis restée quinze jours à Lyon. Nous avons appelé un grand médecin pour ma belle-mère. Il n'a pas pu dire grand chose à son sujet et j'ai ramené Noémie à Paris.

Entre-temps, j'étais sans job et je suis entrée, grâce à Marc Jarblum (grand dirigeant sioniste à Paris) au bureau du Congrès Juif Mondial comme traductrice d'allemand en français. Le bureau était dirigé par Albert Cohen (qui avait déjà publié Solal mais n'était pas encore le grand écrivain de Belle du Seigneur) et Nina Gourfinkel, qui était plus au courant des problèmes des Juifs russes et polonais. Il y avait une autre secrétaire, Berthe Zaclade qui avait été l'excellente aide de Gide et de Saint-Exupery.

Au moment des vacances du Jour de l'An, je suis partie voir mes enfants au Chambon, et Robert a pu y aller un peu plus tard. Au printemps, il a eu une vraie permission, et nous sommes allés ensemble voir les enfants. Une cousine de St-Étienne nous a prêté une voiture et du coup, nous avons fait avec les petits une belle balade. Nous sommes allés voir notre centre de Sainte-Affrique en passant par les Gorges du Tarn, puis nous avons ramené les enfants au Chambon.

A ce moment-là, Robert travaillait sur une invention pour la Défense Nationale. Le Grand État-Major avait très peur que les Allemands creusent des tunnels, et essaient de miner la ligne Maginot. Il cherchait comment repérer d'avance les endroits où les Allemands feraient ces travaux souterrains. Deux systèmes ont été en concurrence : celui de Robert qui cherchait des indices acoustiques, et celui de la firme Schlumberger, (grande firme s'occupant de forages de pétrole) qui travaillait sur le plan sismographique (légers tremblements de terre). La méthode de Robert avait été préférée, et au début de mai 1940, il devait être affecté au Grand État-Major pour développer son projet.

Le 10 mai, la Wehrmacht a attaqué la Belgique, la Hollande et la France par les Ardennes, au nord de la ligne Maginot. Les réfugiés ont commencé à affluer certains venant de Hollande, beaucoup plus, de Belgique. Après la capitulation de Léopold III, roi des Belges, le 29 mai 1940, les Allemands ont avancé dans le nord de la France au sud d'Amiens et sont entrés à Paris le 14 juin, six semaines après le début de l'offensive.

(...) Vers le premier juin, j'ai emmené ma belle-mère, toujours semi-impotente au Chambon où étaient déjà les enfants. Nous avons logé dans une petite pension puis dans une autre. Depuis le 20 mai à peu près, je n'avais plus de nouvelles de mon mari et ne savais pas s'il était mort, blessé, ou prisonnier.

J'écoutais la radio tous les soirs et d'après le ton du Premier Ministre, Paul Reynaud, nous comprenions que la situation de la France était très difficile. Le 19 juin Robert est entré dans la chambre de ma belle-mère et je me suis évanouie : toute l'armée française était en pleine retraite. Il était cantonné pas très loin de Clermont-Ferrand et il avait obtenu de son colonel une voiture et un chauffeur pour venir nous rassurer sur son propre sort. Au bout de quelques minutes il m'a dit: “La France est foutue. Hitler va venir ici, il va falloir trouver des solutions”.

La guerre, printemps 1940 :
Castor avec Lia et Daniel
Printemps 40
Le même jour, nous sommes allés voir Mlle Matile qui nous a dit que le Général de Gaulle avait parlé à la radio de Londres la veille au soir. C'est ce qu'on a appelé depuis : “l'Appel du 18 juin”. Le même soir, ayant demandé à Mlle Matile si elle pouvait s'occuper de ma belle-mère, nous avons décidé que je partirai avec les enfants pour le Portugal et que Robert essaierait d'aller rejoindre de Gaulle. Nous sommes donc partis la même nuit et j ‘emmenais aussi le jeune Gérald, petit-fils d'une amie de ma belle-mère qui était aussi au Chambon, et dont les parents étaient divorcés. Sa mère était retournée aux U.S.A. et j'avais pour mission de lui envoyer son fils, âgé de treize ans - ce que j' ai pu faire plus tard de Lisbonne.

A peu près en même temps, mon mari avait rejoint notre centre de Moissac où il avait rencontré Bouli (Édouard Simon) qui lui avait dit: “C'est très bien de vouloir aller combattre avec de Gaulle, mais ici, en France, il y a 300 000 juifs désorientés, perdus et toi, Castor, tu es un des seuls qui sait négocier”. En quelques minutes Castor a décidé de rester et de nous faire revenir, moi et nos gosses. Mais pour des raisons administratives, cela a pris plusieurs mois.

Le 25 juin, le nouveau gouvernement dirigé par le Maréchal Pétain avait signé un armistice avec l'Allemagne : le Reich reprenait l'Alsace-Lorraine et occupait les 3/5e de la France : tout le Nord avec Paris et les côtes de la Manche et de l'Atlantique, de Dunkerque à la frontière espagnole. Les 2/5e, c'est-à-dire le sud-ouest (sauf Bordeaux), mais Lyon et Marseille et le sud-est étaient plus ou moins libres sous la direction du Maréchal Pétain. Une ligne de démarcation a été délimitée, véritable frontière intérieure entre les deux zones; le Maréchal Pétain a fait accepter les conditions de l'armistice par les députés, puis il a dissous le Parlement ; et a substitué à la Troisième République 1' “État Français”.

Le 26 juin j'étais à Perpignan avec les enfants, Lilette, Daniel et Gérald attendant de pouvoir passer en Espagne. J'avais su la veille qu'il y aurait au cimetière une cérémonie près du monument aux morts de la Première Guerre Mondiale, et j'ai tenu à y amener les enfants. Sont venus le Préfet, le Général commandant la place, une compagnie de soldats et une bonne centaine de spectateurs. La cérémonie fut brève et simple. En repartant je suis passée près du Général, qui pleurait car il connaissait les termes de l'armistice, qui n'ont été publiés que le lendemain. Ce général qui pleurait est devenu pour moi l'image de la France à ce moment-là.

Le pays était complètement désorganisé, il y avait huit millions de réfugiés sur les routes, qui étaient installés provisoirement un peu partout. Fin août, ces réfugiés ont pu franchir la ligne de démarcation et regagner leur domicile, sauf les Juifs. Mes parents par exemple, qui étaient réfugiés chez une amie non loin de Moulins, n'ont pas pu regagner Paris et sont allés d'abord à Valence, puis à Lyon.

En août 1940, Castor a pu convoquer l'Équipe Nationale des dirigeants E.I., qui n'étaient pas prisonniers, et ensemble ils ont tracé l'action future du mouvement dans trois directions :
- Continuer avec les maisons d'enfants (qui ont été réduites plus tard à Moissac et Beaulieu).
- Organiser des groupes scouts dans toutes les villes de la zone libre, (ou non occupée, ou zone Sud), des villes où auparavant il n'y avait pas ou extrêmement peu de Juifs : Nîmes, Montpellier, Limoges, Périgueux, Grenoble.
- Créer des fermes-écoles, pour les E.I. et les jeunes juifs qui voudraient y venir, et donner à ces jeunes une formation agricole ou artisanale (menuiserie, électricité...)

Très vite, Castor a organisé un premier camp pour recruter ces jeunes à Viarose, près de Moissac, dans des conditions matérielles difficiles : maison aux vitres cassées, pas d'électricité, eau à tirer d'un puits à 50 mètres....

Chameau (F. Hammel) a trouvé une petite ferme à louer à Taluyers, non loin de Lyon et s'y est installé avec femme et enfants et une dizaine de jeunes; il a tout de suite donné à ce groupe une nuance très religieuse.

Près de Viarose, un autre groupe s'est constitué à Charry, toujours non loin de Moissac, dirigé par Isaac Pougatch et sa femme Juliette Pary. Ce groupe avait une tendance yiddish et socialisante.

Enfin Marc Haguenau a trouvé à Lautrec un assez grand domaine en mauvais état, mais où les communs du château pouvaient abriter une quarantaine de jeunes, et une ferme à deux kilomètres où notre groupe était métayer ; on achetait avec le propriétaire le cheptel (boeufs, vaches, et poules) et on se partageait moitié-moitié le produit de l'année agricole.

Notre premier groupe s'est installé dans cette ferme de la Grasse à la St-Martin, le11 novembre. Un peu plus tard, une équipe a aménagé les locaux de ce que nous avons appelé “Chantier Rural de Lautrec” : Dans ce qui était la sellerie (car le précédent châtelain avait beaucoup de chevaux), nous avons installé la salle à manger et, plus tard nous avons même construit une belle cheminée.

Entre-temps Léo Cohn qui, comme citoyen allemand avait dû s'engager dans la Légion Étrangère, avait été démobilisé, et était rentré d'Algérie. A Moissac, il a retrouvé sa femme Rachel, sa fille Noémie et le dernier né, Ariel. Ils sont venus à Lautrec et se sont installés dans une maison à 400 mètres du centre où sont arrivés très vite le ménage Pulver avec leurs deux jumelles, et plus tard le ménage Gamzon avec ses deux enfants.

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