Les Juifs de Bischheim du 17ème et du 18ème siècle enterraient leurs morts à Ettendorf ou à Rosenwiller.
Ce n'est qu'à la fin du 18ème siècle, exactement le 7 Nivose 6 (27 décembre 1797), donc longtemps après l'Emancipation des Juifs d'Alsace, que la communauté acheta un terrain pour en faire un lieu d'inhumation. Les actes en sont conservés aux Archives départementales du Bas-Rhin.
En voici le texte :
La présente vente faite et passée pour et moyennant le prix et somme de six cent cinquante francs, espèces d'argent, laquelle somme les acquéreurs ont tout présentement et réellement payé comptant aux vendeurs en présence et à la vue de moi le notaire et des témoins , dont quittance. Au moyen de quoi les vendeurs se sont dès à présent et à toujours désaisi (sic) et dévêtu au profit des acquéreurs de la propriété et jouissance de l'arpent et demi de terre cy-dessus (sic) vendus pour par eux en faire, jouir, user et disposer à leur volonté et comme des choses à eux appartenantes (sic) propriétairement.
Promettant et obligeant et renonçant en fait, lu et interprété audit Schiltigheim le sept Nivose an Six de la République française, le soir, en présence de François Koch, praticien audit Bischheim, de Jacques Jung journalier en ce lieu, témoins à ce requis et avec les partiS et moi le Notaire soussignés.
(Signatures).
Tous et chacun desquels cy-dessus dénommés a fourni le vingt-sixième tant à la somme de six cent cinquante francs, prix d'acquisition, qu'aux droits d'enregistrement, timbre et passation, pour quoi les deux comparants font la présente déclaration,
Ce qui a été accepté par les dits citoyens Salomon Lévy et consors tous présents tant pour eux que pour le citoyen Moyse Isaac absent.
A l'instant les parties ont déclaré être convenus et convenir par ces présentes qu'elles posséderont l'arpent et demi de terre dont s'agit par indivis entre elles, leurs enfants et descendants à l'infini, les femmes d'Eux comparants et les femmes des dits enfants et descendants, sans qu'un d'Eux comparants, leurs enfants, descendants et les femmes des uns et des autres ni qui que ce soit puisse disposer soit de sa part, soit d'une partie d'icelle, non plus que de la jouissance, servitude ou autre droit quelconque à titre de vente, cession, transport, hérédité ni autre titre quel nom il puisse avoir sans l'agrément exprès et par écrit de tous les propriétaires, et arrivant qu'une ou plusieurs lignées s'éteindraient, en ce cas les héritiers de cette lignée ne pourront prétendre aucune chose en ce que dessus, mais accroîtra la part et les droits de la lignée éteinte, gratuitement aux lignées encore existantes, car ainsy et promettant et obligeant et renonçant etc.
Fait, lu et interprété au dit Bischheim au Saum le sept Nivose an six de la République française; le soir, en présence de François Koch et de Philippe Lambs, journalier, tous deux de ce lieu, témoins à ce requis et avec les parties et moi le Notaire soussigné.
(Signatures).
Le 26 juin 1836 la Commission administrative arrêta que ceux qui n'étaient pas encore eingekauft au Cimetière devaient le faire dans le délai d'un mois sous peine d'une amende de 15 francs min. et de 25 francs maxim. Les montants dus sont à payer dans le courant de la semaine prochaine.
Chaque fiancé devra dorénavant se présenter, avant son mariage, devant le .Commissaire en vue de payer son droit d'acquisition, sans cela il n'aura droit à aucun des honneurs usuels dans ce cas.
Le 15 juillet 1836 la Commission administrative arrêta que les membres de la Communauté qui n'avaient pas encore payé entièrement leur droit d'acquisition au Cimetière, devaient le faire dans un mois, sans cela ils risqueraient, dans un cas de décès, que l'inhumation ne serait pas faite avant le règlement complet de la somme due.
Le 16 octobre 1839, les membres du Comité d'administration adressèrent une plainte au préfet à propos des dégradations graves causées à la clôture du cimetière situé entre Bischheim et Hoenheim. Des planches et des poteaux avaient été arrachés et brisés, des pans entiers renversés ou démolis, et quoiqu'ayant, à plusieurs reprises, averti le Maire de prendre des mesures de sûreté contre cette espèce d'attentat à la propriété privée et .de violation de l'asile des morts, ces excès se renouvelèrent journellement ...
La commission pria donc le préfet de recommander au Maire de prendre des mesures efficaces pour faire cesser cette espèce de vandalisme. . . sans cela les exposants se verraient forcés de se référer à l'exécution de la loi du 10 vendémiaire an IV sur la responsabilité des communes pour les attentats commis sur leur territoire envers la propriété privée.
Le même jour, la Commission adressa une seconde plainte au préfet concernant la rue qui conduit à l'entrée de la synagogue disant que cette rue n'était pas entretenue, le curage des rigoles était tellement négligé que les eaux, faute d'écoulement, devenaient stagnantes et formaient des espèces de cloaques qui entravent la circulation et devenaient même dangereuses sous le rapport de la salubrité. .
Le 19 janvier 1845, la Commission administrative écrivit à Ratisbonne, banquier, qu'elle avait réuni des fonds en vue d'acheter un terrain à l'occasion et de faire entourer le cimetière d'une clôture solide. Elle veut déposer ces fonds à la Banque Ratisbonne.
Réponse du 29 janvier : La Banque est d'accord d'accepter ces fonds contre un intérêt de4 % par an.
Lettre de la Commission à la Communauté de Hoenheim du 13 juillet 1846 à propos de l'achat du cimetière.
Comme le cimetière est la propriété de la communauté de Bischheim suivant acte du 22 juin 1798 (!), les membres de la communauté de Hoenheim sont à aviser qu'ils auront à se présenter au local de la communauté de Bischheim en vue d'acquérir leur droit de propriété.
Une note au bas de la page du registre fait remarquer que la date exacte de l'achat du cimetière est le 7 messidor et le 9 fructidor VI, c'est-à-dire le 7 octobre et le 9 décembre 1798, ce qui prouve qu'en 1846 déjà on ne possédait plus les actes d'acquisition du cimetière.
Le 19 janvier 1848 furent retirés les 1500 francs de la Banque Ratisbonne pour solder le prix d'acquisition d'une pièce de terre contenante 14 ares 70 centiares, terrain destiné pour le cimetière à Bischheim.
L'acte de vente fut passé, le 23 janvier 1848 devant le notaire Roudolphi à Schiltigheim.
En voici le texte intégral :
a comparu Sieur Michel Pfrimer, père, cultivateur, demeurant à Bischheim au Saum.
Lequel a par ces présentes vendu avec garantie de tous troubles, évictions, privilèges, hypothèques et tous autres empêchements. Comme franc et libre de toutes rentes et dettes à la Communauté israélite de Bischheim au Saum. Ce accepté pour elle par MM. :
Emanuel Klein, commerçant,
Léopold Lévy, propriétaire,
Abraham Sternheim, marchand de bestiaux,
Lehmann Weill, propriétaire,
Abraham May, commerçant,
Léopold Weill, fils de Jacques, commerçant,
et Simon Lévy, propriétaire ;
Tous domiciliés à Bischheim au Saum à ce présents agissant en qualité de membres du Comité d'administration du culte israélite du dit Bischheim.
Section D N° 32. Environ quatorze ares 70 centiares de terreau Ban de Bischheim au Saum, canton dit Zwischendorf tenant d'un côté à Jacques Staedel, de l'autre à la veuve, Stoll, par en haut au Cimetière des israélites et par en bas à un aboutissant.
Ainsi que cette pièce s'étend et comporte et que les dits membres du Comité déclarent la connaître et s'en contenter sans garantie de la mesure, en sorte que le plus ou le moins de contenance sera au profit ou à la perte de la dite communauté.
Ce bien dépendait de la Communauté universelle qui existe entre le vendeur et Catherine VoItz, sa femme (suivant acte passé en minute devant Me Roudolphi le 19 février 1848 enregistrée Marie Laemmel, femme du Sieur Michel Pfrimer père a accédé solidairement avec son mari à la vente ci-contre. En marge), défunte, aux termes de leur contrat de mariage passé devant Me Koch, lors Notaire à Bischheim au Saum. Le vingt-quatre juin 1813 il est revenu au vendeur par le partage qui a eu lieu entre ce dernier et ses enfants aux termes d'un acte dressé par Me Chavenheid, notaire à Bischheim au Saum, le cinq novembre 1840, enregistré et attendu la minorité de plusieurs des enfants mineurs du vendeur. Le sieur Michel Pfrimer, le vieux, son père, est intervenu dans le dit acte et s'est porté personnellement fort des enfants mineurs, et a promis de les faire ratifier sous peine de tous dommages et intérêts. Au moyen de la présente vente la susdite communauté disposera du bien vendu comme de sa propriété, à compter de ce jour, mais elle n'en jouira qu'à partir du onze novembre prochain, à compter de laquelle époque elle en acquittera aussi les contributions.
Cette vente est faite moyennant le prix et somme de quinze cents francs, laquelle somme les membres du dit Comité sus-nommés ont des deniers de la dite communauté payée au vendeur, qui le reconnaît, en espèces comptés et réellement délivrés à la vue du Notaire et des témoins soussignés,
Au moyen de quoi le vendeur transmet à la dite communauté israélite tous ses droits de propriété et tous droits accessoires sur le bien vendu.
Aux présentes est intervenu M. Lazard Bloch, propriétaire, demeurant à Strasbourg, lequel après avoir entendu la lecture qui lui a été donnée par Me Roudolphi, notaire soussigné, de la vente qui précède, A par ces présentes déclaré se constituer volontairement caution et répondant solidaire du dit Sieur Pfrimer, vendeur, en conséquence s'obliger solidairement avec lui à la garantie de tous troubles, évictions, privilèges, hypothèques et autres empêchements promis à la dite communauté.
Pour l'exécution des présentes les Comparants font élection de domicile, savoir les Sieurs Pfrimer et Bloch en leurs demeures actuelles, et les membres du Comité d'administration en la demeure du Trésorier du dit Comité.
Dont acte.
Fait et passé à Schiltigheim en l'étude, L'An 1848, le 23 janvier, en présence des Sieurs Henri Ludwig, marchand-épicier, et Michel Freiss, jardinier, les deux domiciliés à Schiltigheim, témoins requis.
Lecture et interprétation faites les comparants ont signé avec les dits témoins et le Notaire la minute des présentes demeurée en la possession de Me Roudolphi, Notaire soussigné.
Enregistré à Schiltigheim le 27 janvier 1848 folio Recto, Case 6. — Reçu 85 francs quatre-vingt centimes pour vente, sept francs cinquante centimes pour cautionnement, et neuf francs trente trois centimes pour décime, signé Thévenin.
S. Roudolphi.
Enregistré N° 246, transcrit au Bureau des hypothèques de Strasbourg le 1er février 1848, vol 477 N° 51. Reçu : 4,20 francs.Frais de Notaire.
Timbre de la Minute | 0.70 |
Timbre Perdu | 0.35 |
Honoraire à 1 % | 15.— |
Enregistrement | 102.65 |
Expédition en 2 roles et timbre | 4.25 |
Transcription | 4.20 |
Répertoire | 0.50 |
Total : | 127.65 |
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