Au départ, l'enseignement religieux se limitait dans la plupart des cas à des cours privés, notamment d'hébreu, dispensés par une personne choisie et rémunérée par la communauté. Puis, à la mort du président de la commission administrative, Isaac Auscher, en 1828, la communauté allait bénéficier d'une école. Ce dernier fait établir un testament dans lequel il note qu'en contrepartie de prières annuelles à sa mémoire, ses biens appartiendront à l'école, à savoir une maison située dans la rue du Moulin servant de local pour les élèves et de logement pour l'enseignant. En outre, ses biens devaient toujours être mis en fermage et le produit de ce fermage devait être employé pour payer un salaire mensuel de 150 francs au rabbin, pour entretenir le local de l'école, payer le chauffage, les lumières, l'entretien du mobilier, pourvoir les élèves en livres.... Si l'école ne devait pas fonctionner, le leg devait être géré par la famille Auscher et être alloué à des israélites nécessiteux de la ville. Ainsi, à chaque anniversaire de sa mort, on rouvrait le petit local situé dans la rue du Moulin pour y réciter quelques prières à la mémoire d'Isaac Auscher. Cette tradition se perpétua fidèlement jusqu'à l'aube de la deuxième guerre mondiale.
Les cours étaient donc assurés par un instituteur diplômé
dans la maison léguée par Isaac Auscher. Mais, comme la commune
refusait d'entretenir le local, celui-ci se trouva bientôt dans un état
déplorable. En 1857, l'école n'offrait plus qu'une salle insalubre
et exiguë, et deux petites chambres humides et malsaines pour tout logement.
Le comité d'hygiène le déclara donc inhabitable. L'instituteur
Michel Haussmann s'était résolu à louer à ses frais
un logement privé pendant huit mois.
Conformément à la décision préfectorale du 12 décembre
1852, les réparations à effectuer à l'école juive
devaient être prises en charge par la commune. La municipalité
acceptera final ment de participer financièrement aux réparations
en 1859, mais entretemps l'instituteur Haussmann avait démissionné.
Le maire Klipffel inscrivit l'école juive dans ses projets de réorganisation scolaire, car dès 1860 il décida d'acquérir d'anciens bâtiments de l'armée pouvant servir de nouveaux locaux. Finalement, le magasin militaire fut acquis en 1861 et le pavillon du génie en 1863. L'année 1863 marque aussi l'acquisition définitive de l'édifice emblématique de la ville, le Mitteltor, la grande porte du milieu incorporée aux fortifications que la commune acheta à l'armée pour 415 francs.
En 1864, on décida d'agrandir l'école catholique de deux nouvelles salles de classe, d'un logement d'instituteur, d'une salle d'asile, d'un bureau du commissaire de police et d'un prétoire de la justice de paix. On transféra l'école israélite et le logement de l'instituteur ainsi que les écoles catholiques dans l'ancien pavillon du génie situé en face de l'hôtel de ville. La salle de classe israélite jouxtait le logement du concierge.
On parle d'un "saint rabbi" originaire de cette l'école qui ouvrit une école talmudique à Schirrhoffen :
Aron Lazarus était un savant talmudiste, sans grande sagacité jusqu'à la sainteté, d'un désintéressement à toute épreuve, tout à fait détaché du monde et de ses passions, ne vivant que pour Dieu et avec Dieu, ne se préoccupant jamais du lendemain, pas même de son dîner du jour, homme d'étude et de paix, n'ayant jamais connu le mal, n'y croyant pas, le pardonnant par conséquent toujours. Rabbi Lazarus est un "juste".Lorsque l'école israélite fut érigée en école communale, au même titre que les établissements catholiques et protestants, les relations entre les représentants de la ville et la communauté israélite semblèrent se normaliser un peu plus. Le conseil municipal avait fait preuve d'ouverture plus tôt, lorsque, par exemple, en septembre 1852 il avait délivré un certificat à Léon et Aron Auscher qui demandaient à être réhabilités après avoir été condamnés en 1825 pour délit d'habitude d'usure. Le conseil écrivit :
Il passait sa matinée à prier deux heures, avec deux sortes de phylactères sacrés. Puis, après avoir pris le café - plus tard il jeûna tous les jours une demi-journée -, il enseignait le Talmud et ses commentaires à ses élèves jusqu'à midi. Le repas pris, il se promenait une heure, un livre hébraïque à la main. Il n'a jamais su lire un mot d'allemand, ni un mot de français, bien qu'il eût fait donner une bonne éducation à ses enfants. L'étude du Talmud, alternant pour quelques-uns des élèves avec la Bible et d'autres auteurs hébraïques, recommençait à deux heures, jusqu'au moment d'aller faire la prière du soir à la synagogue. Pendant la nuit, il poursuivait ses études à lui.
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