C’est lors des portes ouvertes de la synagogue de Hégenheim en septembre 2020 que Roger Harmon a fait part de la découverte d’une Génizah dans la synagogue de Hégenheim. Cette découverte pourra peut-être dévoiler d’autres aspects inédits de la communauté juive de Hégenheim.

Qu’est-ce qu’une Génizah ?

Une génizah est un dépôt d’écrits portant le nom de Dieu et, par extension, d’objets de culte usagés. Comme ils ne doivent pas être jetés, ils sont placés dans une cache à l’intérieur de la synagogue dans l’attente d’un enterrement.
Ce type de dépôts était jugé de peu d’intérêt en France, contrairement à l’attention dont ils font l’objet dans d’autres pays de l’aire ashkénaze, conscients de la valeur des vestiges des communautés anéanties par la Shoah.

La découverte à Dambach-La-Ville

À l’automne 2012, l’Alsace a déjà vu la découverte d’une genizah dans les combles de la synagogue de Dambach-la-Ville, dans le Bas-Rhin. Cette découverte a permis la mise au jour de milliers de documents et d’objets du 14ème au 19ème siècle, sauvés de la benne par des chercheurs et des bénévoles. Cette génizah recelait des vestiges d’une richesse exceptionnelle, tant par la variété que par l’ancienneté : parchemins du 15ème siècle, imprimés du 16ème siècle, mappoth (langes de circoncision brodés) du début du 17ème siècle, mezouzoth (versets protecteurs), tefillîn (phylactères) des 18ème et 19ème siècles, et de très nombreux autres objets.

Et Hégenheim ?

Edifiée vers 1740, la synagogue fut pillée, ravagée et incendiée lors du siège de Huningue, le 27 juin de l'année 1815. Beaucoup d'objets de culte, livres et documents importants, conservés dans la Geniza" devinrent ainsi la proie des flammes. Six années plus tard, on reconstruisit au même endroit, l'actuelle synagogue. L’inauguration a eu lieu le 21 septembre 1821.
Les documents retrouvés dans les planchers de la synagogue sont probablement postérieurs à 1815. Les travaux continuent et nous n’avons pas pour le moment un inventaire des découvertes.

Voilà quelques objets présentés lors des portes ouvertes :

Une mappa : linge de circoncision généralement en lin, parfois en coton, découpé et brodé par la mère, une femme de la famille ou encore par une femme de l'entourage, pour être offerte à la synagogue le jour des trois ans de l’enfant. Pour la confection de la mappa, on se sert du lange recouvrant le coussin sur lequel on maintient l'enfant au moment de la circoncision. Le lange est découpé en quatre morceaux d'égale largeur, qui sont cousus bout à bout pour former une bande qui sera soigneusement ourlée avant d'être remise au scribe qui tracera la formule de type général : "un fils de un tel est né sous une étoile favorable, tel jour de tel mois de telle année. Qu'il grandisse pour la Torah, le mariage et les bonnes actions". Selon la tradition, la mappa est remise non lavée au scribe qui se servira des taches éventuelles pour les intégrer au décor.

Roger Harmon a trouvé grâce au nom figurant sur la mappa que la famille a émigré en Suisse et est devenue l’une des grandes entreprises dans le commerce du métal. Nous espérons que ce récit soit publié dans les prochaines années.

Livre entièrement en caractères hébraïques de petit format. Peut-être consacré aux Proverbes et aux Cantiques des cantiques (Livre de la bible hébraïque). Belle gravure de qualité.

Autre écrit manuscrit qui reste à déchiffrer

Le devenir de la synagogue

La nouvelle propriétaire de la synagogue, Mimi von Moos, désire faire de ce lieu un centre socioculturel au rayonnement trinational avec deux objectifs : préserver ce patrimoine et contribuer à la richesse d’une société trinationale.

Deux associations ont vu le jour :
- Le Ventre est une plateforme internationale dédiée aux arts contemporains qui s’exposeront dans la grande salle de prière de la synagogue.
- Chez Walter offrira un espace dédié aux rencontres dans la petite salle réservée autrefois au rabbin.

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