HUNINGUE

La communauté de Huningue fit l'acquisition, vers 1860, d'une maison destinée à être aménagée en synagogue. Celle-ci fut inaugurée en 1862, mais il n'en subsiste qu'une aquarelle exposée au Musée de la commune. Elle a été détruite par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale.

discours prononcé
a l'occasion de l'inauguration
de la synagogue de huningue
par m. s. klein,
grand-rabbin du consistoire israélite de colmar.
Le 23 Eloul 5622 (18 Septembre 1862),
colmar
imprimerie et lithographie de camille decker.
1862.

Vous qui êtes venus ici, soyez bénis au nom de l'Eternel ;
nous vous bénissons dans son temple.
(Ps. CXVIII, 26.)
רדיא

ברוך הבא בשם ה' ברכנוכם מבית ה'

CHERS FRERES ET SOEURS,

En venant aujourd'hui inaugurer ce temple et le consacrer à sa pieuse destination ; en contemplant avec honneur cette sainte et douée joie qui pénètre vos âmes, fait bondir vos cœurs, se peint dans vos regards et s'épanouit sur vos visages ; en remarquant avec une vive reconnaissance cet empressement des hommes considérables et généreux d'autres cultes à se rendre dans cette enceinte, non pour satisfaire une vaine curiosité, mais pour témoigner de leur sympathie à l'antique famille de Jacob, quelle autre pensée pourrait surgir dans nos esprits que le souvenir des innombrables bienfaits de Celui qui de tout temps a veillé sur Israël? Quel autre sentiment pourrait trouver place dans nos cœurs que celui d'une immense gratitude pour l'auteur de ce beau jour, et quelles autres paroles pourraient jaillir de nos âmes et de nos lèvres que des paroles d'amour et de bénédiction ? Oui,  du plus profond de nos cœurs et dans toute la sincérité de notre âme, nous disons à vous tous qui êtes venus dans ce temple : Soyez les bienvenus au nom du Seigneur, nous vous bénissons dans son temple. Car le temple du Dieu d'Israël est une maison de prière pour tous les hommes, une source de bénédictions pour tous les peuples.

En effet, voyez ce rouleau sacré, ce livre sublime et vénéré déposé dans cette enceinte et qui est l'âme du culte israélite, n'est-il pas pour nous tous, tant que nous sommes ici, le livre de vérité, la parole du Dieu vivant, la base de nos croyances, le fondement de notre salut, la source de nos espérances? Objet de la vénération commune, n'est-il pas déjà par cela même une véritable bénédiction pour tout le genre humain, n'est-il pas déjà un puissant motif d'union et de concorde, un stimulant énergique de ces sentiments d'amour et de fraternité qu'il enseigne, réclame, ordonne, exige et fonde sur l'origine commune des hommes qui sont tous enfants d'un même père, créatures d'un même Dieu ?

Si cette vérité à la fois si simple et si salutaire a été méconnue pendant de longues et tristes périodes ; si les principes d'amour, de justice et d'humanité ont été pendant longtemps foulés aux pieds ; si la violence et l'iniquité, ont régné sur la terre et qu'au milieu des peuples esclaves, écrasés sous les sceptres de fer, Israël, le plus malheureux parmi les malheureux, payait souvent de sa tête ses aspirations vers Dieu, ou, au moins, était obligé de cacher son culte comme une honte dans des quartiers infects et homicides, avec quelle effusion d'amour et de reconnaissance ne doit-il pas toutes les fois qu'un nouveau temple surgit, n'im­porte qu'il soit grand ou petit, imposant ou modeste, appeler les bénédictions du ciel sur les nations justes et généreuses qui lui ont restitué ses droits d'homme, l'admettent au nombre de leurs enfants et protègent sa croyance ? Mais aussi avec quelle ferveur, avec quel transport ne doit-il pas, en même temps répéter ces paroles du prophète dans la Haphtorah de cette semaine :

חַסְדֵי יְהוָה אַזְכִּיר, תְּהִלֹּת יְהוָה, כְּעַל, כֹּל אֲשֶׁר-גְּמָלָנוּ יְהוָה; וְרַב-טוּב לְבֵית יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר-גְּמָלָם כְּרַחֲמָיו וּכְרֹב חֲסָדָיו
Je veux chanter la grâce de l'Eternel ; gloire à Dieu pour tout le bien dont il nous a comblés ; il a été bon, plein de miséricorde pour la maison d'Israël. (Isaïe LXIII, 7).

Oui, nous allons chanter la grâce de Dieu, car notre joie aujourd'hui est légitime, vive et immense: c'est celle du naufragé qui, après avoir été longtemps ballotté par les vagues et les tempêtes, atteindrait à la fin le rivage ; c'est celle du voyageur qui, égaré dans un désert inhospitalier, brûlé par le soleil, asphyxié par des sables arides, exténué de faim, de soif et de fatigue, sans autre perspective que le désespoir et la mort, se verrait subitement transporté dans une oasis fertile, aux frais ombrages, aux sources limpides, aux fruits délicieux et au moelleux gazon. Notre joie est surtout pure et sainte parce qu'elle jaillit des plus nobles instincts de la nature humaine : du sen­timent religieux, de l'amour et de la reconnaissance. Que nos hymnes s'élèvent donc vers le ciel pour chanter la grâce de Dieu, pour célébrer sa gloire.

Mais, chanter la grâce de Dieu, ch. fr. et s., n'est-ce pas proclamer que sa Providence veille sur nous; qu'il s'occupe de notre sort, qu’il règle nos destinées? Mais, chanter la grâce de Dieu, n'est-ce pas aussi reconnaître que nous avons besoin de son appui, de sa protection, que notre sort est entre ses mains et dépend de sa volonté?
En d'autres termes, chanter la grâce de Dieu, n'est-ce pas d'un côté nous pénétrer de l'excellence de notre nature en vertu de laquelle il nous est permis de nous approcher de Dieu, de nous considérer comme ses créatures de prédilection, comme les objets de sa Providence spéciale, en même temps que de l'autre c'est humilier notre orgueil, reconnaître notre insuffi­sance, avouer notre faiblesse ? Dès lors, le temple, cet édifice consacré à chanter la grâce de Dieu, qu'est-il autre 'chose que le représentant de ces deux idées contraires, qu'est-il autre chose, qu'un monument portant cette inscription : Grandeur et petitesse de l'homme ?

Aussi la première fois que dans l'Ecriture sainte nous apparaît la maison de Dieu c'est comme expression de cette double idée qu’elle se présente :

יב וַיַּחֲלֹם, וְהִנֵּה סֻלָּם מֻצָּב אַרְצָה, וְרֹאשׁוֹ מַגִּיעַ הַשָּׁמָיְמָה; וְהִנֵּה מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים, עֹלִים וְיֹרְדִים בּוֹ. יג וְהִנֵּה יְהוָה נִצָּב עָלָיו, וַיֹּאמַר,..... טז וַיִּיקַץ יַעֲקֹב מִשְּׁנָתוֹ, ...... יז וַיִּירָא, וַיֹּאמַר, מַה-נּוֹרָא, הַמָּקוֹם הַזֶּה: אֵין זֶה, כִּי אִם-בֵּית אֱלֹהִים, וְזֶה, שַׁעַר הַשָּׁמָיִם.
Jacob voit en songe une échelle dont une extrémité touche la terre, l'autre atteint le ciel et les anges du Seigneur y montent et descendent. Et voici le Seigneur qui apparaît au sommet et se fait entendre.... Jacob s’éveille et, saisi de respect, il dit : «Que ce lieu est vénérable, c'est ici la maison de Dieu, c'est ici la porte du ciel.» (Gen. XXVIII,  13, 16, 17.) Pouvons-nous méconnaître ici le symbole de la nature humaine à la fois céleste et terrestre, mélange de grandeur et de petitesse, d'élévation et d'abjection avec les rapports que ce mélange nécessite et établit ?
Cette vraie appréciation de notre être, dont les conséquences sont décisives pour notre bonheur dans ce monde et dans l’autre fera l'objet de nos méditations dans cette heure solennelle.
Soutiens, ô Seigneur, dirige, éclaire mon esprit dans la recherche et l'exposition de cette grande et importante vérité ; accorde-moi, en même temps, quelque peu de cette puissance de raisonnement et de cette élégance d'expression qui, en facili­tant à la vérité l'accès des cœurs, la gravent dans la mémoire et lui soumettent les volontés. Afin que les premières méditations auxquelles nous nous livrons dans ce sanctuaire, soient sainte­ment fécondes pour la gloire de ton nom et pour le bien de l’humanité. Amen.

CHERS FRÈRES ET SOEURS,

De tous les préceptes que la religion enseigne et que la philosophie recommande, il n'y a pas un seul qui ait réuni sur son importance un accord aussi unanime les hommes de tous les temps et de tous les pays, que celui de se connaître soi-même ; sans doute, parce que c'est :une vérité tellement évidente que pour s'établir elle n'a besoin ni de pénibles recherches ni de profondes méditations ni de longs raisonnements ; elle s'impose d'elle-même, frappe tous les yeux parle à tous les cœurs, se révèle à tous les esprits et se confirme par une expérience journalière.
En effet,  si notre propre nature reste pour nous un mystère ; si nous ne cherchons pas à connaître nos forces et nos faiblesses, l'usage légitime de nos facultés et les bornes qu'elles ne sauraient franchir, ne serait-ce pas nous condamner à un aveuglement éternel, à de perpétuelles incertitudes, à de continuelles et funestes aberrations ?

Cependant, par une étrange contradiction de l'esprit humain, ce précepte si sage, si important, si salutaire est le plus souvent négligé ; l'homme est plus avide de connaître les objets en dehors de lui que de se connaitre lui-même. Il sonde l'immensité des cieux et les profondeurs des abîmes ; il épie le cours des astres et le mouvement des planètes ; il calcule la pesanteur de l'atome, la vitesse du vent, la rapidité de l'éclair et oublie de plonger ses regards dans son propre être, de lire dans son cœur, de peser ses forces, d'étudier ses facultés, ces premiers instruments dont il puisse se servir ! Je ne sais quelle fatalité semble nous inspirer de l’éloignement, même du dégout et de l'aversion pour cette science si nécessaire et si précieuse qu'aucune autre ne saurait ni remplacer ni suppléer et sans laquelle il n'y a que ténèbres, déception et misère.

N'attendez pas aujourd'hui de nous, ch. fr. et s. l'énumération de tous les écarts, de tous les dangers, de tous les écueils auxquels l'ignorance ou la connaissance imparfaite de notre nature nous expose dans le courant de la vie ; la liste en serait trop longue, elle serait infinie. Nous nous bornerons à vous faire voir combien une fausse appréciation de notre être est préjudiciable à notre bonheur et compromettant pour notre salut, puisque, soit qu'elle nous fasse exagérer, soit qu'elle nous fasse déprécier notre importance réelle, ses désastreuses conséquences sont les mêmes ; la destruction de la croyance à la révélation divine, la ruine du culte et l'extinction du sentiment religieux.

Plongé dans la contemplation des merveilles de la nature, saisi d'un saint ravissement, d'une pieuse extase, le Psalmiste s'est écrié dans un divin transport :

כִּי-אֶרְאֶה שָׁמֶיךָ, מַעֲשֵׂה אֶצְבְּעֹתֶיךָ--יָרֵחַ וְכוֹכָבִים, אֲשֶׁר כּוֹנָנְתָּה.
ה מָה-אֱנוֹשׁ כִּי-תִזְכְּרֶנּוּ; וּבֶן-אָדָם, כִּי תִפְקְדֶנּוּ
« Quand j'examine les œuvres de tes mains : ton ciel, la lune et les étoiles que tu y as suspendues, qu'est-ce que le mortel pour que tu penses à lui et le fils de  l'homme pour que tu t'en souviennes ? » (ndlr : Ps. 8, versets 4-5)
Cette exclamation sublime d'une âme enflammée d'admiration et de reconnaissance a été depuis répétée sur tous les tons, mais dans un but tout opposé.
Qu'est-ce que l'homme ? s'est-on écrié. Un point imperceptible dans l'espace, un rien dans cette sphère immense dont, comme on l'a bien dit, le centre est partout et la circonférence nulle part ; un atome en comparaison de ces Mondes innombrables qui roulent dans l'immensité. Cependant à entendre cet être éphémère, cette frêle et chétive créature qui, dans son passage rapide, n'occupe qu'une place infiniment petite dans l'univers il serait non seulement supérieur à tout le reste de la création mais encore en relation directe avec le Créateur qui lui aurait fait connaître sa volonté et ferait attention à ses actions, à ses paroles et à ses pensées. N'est-ce pas là une arrogante prétention et la folle illusion d'un orgueil insensé?

Voilà, ch. fr. et s., un langage qu'on tient depuis longtemps et que, pour le malheur de notre siècle, on entend encore bien souvent de nos jours. Mais d'où vient-il ce langage qui est de nature à jeter l'effroi dans les âmes, le trouble dans les consciences et la désolation clans les cœurs ? Il vient de ce qu'on n'a pas assez réfléchi sur la nature de l'homme ; on s'est arrêté à l'enveloppe, à la surface, on n'a examiné que l'homme extérieur, on ne s'est occupé que de sa masse, de son volume, de son étendue, sans tenir compte de la force prodigieuse, de la merveilleuse puissance qui réside dans ce corps minime, si chétif et si frêle et qui lui donne sur le reste des êtres cet ascendant irrésistible qui, seul, constitue la véritable supériorité.

Oui, nous n'en disconvenons pas, par son volume l'homme a peu d'importance, il n'occupe que fort peu d’espace, qu'une place infime dans l'univers, מֻצָּב אַרְצָה, il est placé sur la terre mais n'en faut-il pas admirer d'avantage sa puissante autorité sa force dominatrice, en un mot, son intelligence qui touche le ciel וְרֹאשׁוֹ מַגִּיעַ הַשָּׁמָיְמָה et soumet tous les êtres, toutes les forces de la nature à son empire ? C'est elle qui imprime à l'homme l'image de Dieu, c'est par elle qu'il s'élève au-dessus de toutes les créatures, ne le cédant qu'a son Créateur dont il  reflète cependant la gloire la puissance et la majesté.

וַתְּחַסְּרֵהוּ מְּעַט, מֵאֱלֹהִים; וְכָבוֹד וְהָדָר תְּעַטְּרֵהוּ. ז תַּמְשִׁילֵהוּ, בְּמַעֲשֵׂי יָדֶיךָ; כֹּל, שַׁתָּה תַחַת-רַגְלָיו.
(Ps. VIII, 6,7.)

Oui, l'homme n'occupe que fort peu de place dans l'univers mais ni l'univers ni les êtres qu'il renferme, ne connaissent, dominent, ne modifient, du moins sciemment, librement l'homme, tandis que l'homme comprend l'univers et les êtres qu'il renferme, les modifie, les subjugue, les domine à son gré. Ni les animaux du désert ni l'oiseau du ciel, ni le poisson au fond des mers ne peuvent se soustraire à sa puissance. Vous raconterai-je toutes les transformations, tous les prodiges qu'il opère ? Mon esprit recule épouvanté de l'immensité de cette tâche. Il arrache à la nature ses secrets et la force à se soumettre à ses lois. Il lutte contre les éléments et parvient à les dompter. Il se trace une route sur le dos liquide de l’Océan, oblige la terre à répondre à ses vœux avides et à lui prodiguer ses trésors. Il change le cours des fleuves, emprisonne la fureur des vagues et explore les fonds des abîmes. Non content de la docilité avec laquelle l'air traduit sa pensée, charme son oreille et se rend, par une suave harmonie, l'interprète des divers sentiments qui l’agitent, il le contraint encore à le suivre dans les profondeurs, à le porter dans les hauteurs et à lui en révéler la mesure. Il ramasse le feu épars dans l’atmosphère, emprisonné dans le caillou, l'arrache au bois qu'il dévore et à l'eau qui l'éteint pour qu'il alimente sa chaleur, prépare sa nourriture, lui fournisse les plantes que te climat et la saison lui refusent et assouplisse à son gré l'inflexibilité rebelle des métaux. Il réduit l'eau en esclavage, à tourner la meule et à faire marcher ses usines. A sa voix, elle se transforme et la vapeur s'attelle à son char, dévore l'espace et rapproche les distances. Cependant il ne lui suffit pas d'avoir donné la vie et le mouvement à la matière inerte, il lui communique aussi, pour ainsi dire, l'intelligence pour qu'elle lui révèle les secrets de l’atmosphère, l'intensité des différentes forces de la nature et lui serve encore de guide dans ses lointaines excursions. Il ordonne à la lumière de saisir le pinceau et la palette et de reproduire  les objets, non seulement dans les dimensions que la nature ou l'art leur a données, mais dans telles proportions qu'il plaît à son caprice de lui prescrire. Il prête une voix au temps et fait parler l'airain. Il fait la loi à la foudre, enchaîne sa force destructive et lui assigne l'endroit qu'elle doit frapper. Il courbe sous son joug un fluide impalpable et le charge de transmettre ses ordres avec la rapidité de l'éclair. C'est ainsi qu'il rend tout ce qui existe tributaire de son pouvoir dépendant de son autorité, esclave de sa volonté.

Passons maintenant en revue tous les êtres de la nature, ou, pour abréger, prenons par exemple celui qui nous impose le plus par sa masse, sa beauté, son éclat et ses bienfaits et qui réunit en lui tant de caractères essentiels à la divinité qu'il est devenu le premier objet de l'idolâtrie; nous avons nommé le soleil. Eh bien, le soleil qui occupe certainement un haut rang, une place considérable au milieu de ces mondes qui gravitent vers lui et sur lesquels il exerce une puissante action, l'emporte-il sur l'homme? Ou lui peut-il seulement être comparé ? Évidem­ment non. Il ne peut ni dévier de sa route, ni régler ses mouve­ments, ni modifier son action pour tempérer la chaleur, modérer la lumière et refuser la fécondité. Qu'est-il alors en comparaison de l'homme ? pas plus que le plus imperceptible des insectes, pas plus que le moindre des atomes ; comme eux, il obéit aveu­glément, fatalement à la loi qui le presse, le pousse et le dirige, comme eux il concourt à constater la supériorité de l'homme et sa ressemblance avec le Créateur.

Cette vérité, cependant, ch. fr. et s., ne puise pas sa principale force dans l'intelligence de l'homme et dans l'usage qu'il sait en faire, c'est surtout dans le sentiment qu'elle se révèle avec plus d'éclat et d'évidence.
Aucun être n'a le sentiment religieux, l'homme excepté ; mais chez lui ce sentiment est si général, si universel et fait tellement partie de sa nature que vous le trouverez partout où il y a des êtres de son espèce. Remontez la chaine des siècles, parcourez les pays, l'orient et l'occident, le midi et le septentrion, explorez les déserts, traversez les mers, visitez les peuples les plus différents de mœurs, d’habitudes, de sentiments et de langages, partout où vous trouverez des hommes vous trouverez chez eux le sentiment religieux, l'idée de Dieu. Vous trouverez beaucoup de peuples qui prodiguent ce nom, mais vous n'en trouverez aucun qui l'ignore. Partout aussi vous verrez l'homme se sentir trop à l'étroit dans le temps et l'espace et aspirer à l’immortalité, à l'éternité.

Ces aspirations et ces sentiments dont on constate partout l'existence et nulle part l'origine, ne sont-ils pas les preuves évidentes de l'excellence de notre nature et les témoignages irrécusables de nos relations réelles avec la divinité ? Regimber contre ces preuves, ce serait, non seulement refuser de se rendre à l'évidence, ce serait encore déclarer que les hymnes qui, de tous temps, de tous les lieux et de toutes les bouches se sont élevées vers le ciel, n'ont été que des actes de folie ; que ces temples qui couvrent la terre de l'ancien et du nouveau continent ont toujours été sans objet et le genre humain, sur tous les points du globe, victime d'une même erreur. Une telle assertion se présente avec toutes les marques évidentes d'une grossière aberration de l'esprit ; car elle répugne à notre nature et heurte les lois de notre intelligence.
Il n'y a aucune idée, aucun sentiment auxquels ne réponde un objet réel ; car l'imagination elle-même n'est que compilatrice et non créatrice, et cette idée de nos rapports avec Dieu, idée si sublime, si élevée et cependant si générale qu'elle est commune même aux peuples les plus grossiers dont l'intelligence est bornée, dont les facultés sont incultes, et cette ardente soif d’im­mortalité, et ce sentiment religieux inné dans notre nature feraient seuls exception à la règle ! Eux seuls seraient sans objet ! Pour soutenir une telle thèse, il faudrait être trop pas­sionné à calomnier notre nature, trop ennemi de notre bonheur, trop acharné à la destruction de ce qui fait le charme de notre vie, notre force dans les jours heureux, notre appui au moment des revers, notre refuge dans le danger, notre consolation dans
le malheur. Avouons franchement notre néant, mais ne dés­avouons pas notre grandeur, reconnaissons nous dans ce symbole :

וְהִנֵּה סֻלָּם מֻצָּב אַרְצָה, וְרֹאשׁוֹ מַגִּיעַ הַשָּׁמָיְמָה; וְהִנֵּה מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים, עֹלִים וְיֹרְדִים בּוֹ.
Nous habitons la terre, mais d'un bout nous touchons le ciel et les anges du Seigneur montent et descendent pour maintenir la relation entre le ciel et la terre, entre l'homme et Dieu.

Ch. fr. et s., nous venons de voir l'abîme que creuse sous nos pas l'ignorance de notre nature quand elle nous fait dépré­cier notre grandeur, rapetisser notre rôle et rabaisser notre rang dans l'ordre des êtres ; comment elle brise les liens qui nous attachent à Dieu et par conséquent détruit notre bonheur, dépouille notre vie de ses plus belles espérances, nous-mêmes de notre avenir et ne nous laisse que d'impérissables regrets et les horreurs du néant. Nous allons maintenant voir comment cette même ignorance nous entraine dans le même gouffre, par une route tout opposée, en exaltant notre grandeur, en exagérant notre pouvoir et en nous donnant une trop haute opinion de notre intelligence.

Que l'homme est grand, dit-on, que son intelligence est vaste, que sa raison est puissante ! C'est par elle qu'il franchit les bornes étroites dans lesquelles il semble que la nature l'ait enfermé, qu'il supplée aux facultés qu'elle lui a refusées, aux forces qui lui manquent pour porter ses regards et étendre son action sur tous les coins de l'Univers. Ni la grandeur des dis­tances ni la petitesse des dimensions ne peuvent arrêter son inquiète curiosité ; aussi que d'étonnantes découvertes, que d'admirables inventions n'a-t-il pas déjà faites ? Que de progrès réalisés, que de secrets, approfondis, que de mystères, révélés ! Et vous voulez que cette faculté, qui lui suffit pour changer la face du monde, ne lui suffise pas pour se conduire lui-même ! Et vous voulez qu'il ait besoin d'une lumière surnaturelle, d'une révélation spéciale pour connaître le chemin qu'il a à suivre ! Et vous voulez qu'il y soumette sa raison, qu'il la courbe encore, qu'il l'humilie et se livre à des pratiques dont elle conteste le but et l'utilité ! Vous voulez qu'il consente, par exemple, à. chanter la gloire de Dieu comme si Dieu était assez vain pour être flatté de nos louanges ! Vous voulez qu'il consente à de­mander à Dieu aide et protection comme si Dieu ne connaissait pas nos besoins sans qu'il soit nécessaire de les lui révéler, ou comme si nos faibles paroles pouvaient le déterminer à troubler, à changer les lois du monde ! Jamais la raison n'abdiquera ainsi sa souveraineté, sa liberté pour se plier à de telles erreurs, à de telles superstitions.

Ch. fr. et s., le temps ne nous permet pas de faire une digression pour dérouler devant vous les preuves irréfragables sur lesquelles s'appuie la vérité de la révélation, ni même de vous faire seulement voir entre autres comme cette vérité éclate particulièrement dans l'histoire des peuples, dans l'existence miraculeuse d'Israël, dans la naissance et la durée de notre sainte religion, dans l'excellence de ses principes et opposer ainsi à l'audacieuse conclusion d'un raisonnement captieux la réalité des faits devant laquelle non-seulement la raison peut s'incliner sans déroger, mais à laquelle elle ne saurait résister sans se révolter contre elle-même. Ce sujet serait trop vaste, nous nous bornons dans la tâche que nous entreprenons aujourd'hui à vous faire sentir la faiblesse de ces objections que, par une connaissance incomplète de la nature humaine, on tire de la puissance de la raison contre la révélation et le culte, ces deux anges gardiens de notre vie dont l'un monte de la terre vers le ciel dont l'autre descend du ciel vers la terre,מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים, עֹלִים וְיֹרְדִים בּוֹ
Sans doute, la raison est une faculté précieuse et qui voudrait le contester ?

C'est par elle que l'homme participe à la nature divineוְרֹאשׁוֹ מַגִּיעַ הַשָּׁמָיְמָה mais nous vous demandons est-elle pour cela toute puissante? A côté des conquêtes, des nombreuses conquêtes qu'elle fait ne trouve-t-elle pas aussi des barrières infranchissables, plus nombreuses encore ? Combien de questions auxquelles elle ne saurait répondre ? D’énigmes qu'elle ne saurait résoudre ? De mystères qu'elle ne saurait découvrir et devant lesquels elle s'arrête forcément car dès qu'elle s'évertue à les pénétrer ses yeux s’obscurcissent, son flambeau s'éteint et sa puissance s'évanouit ?
La raison est une faculté précieuse, mais est-elle pour cela infaillible ? Peut-on oublier que l'homme est placé sur la terre מֻצָּב אַרְצָה où il est entouré de tant d'occasions de chute et d'erreurs ? Peut- on oublier que ses penchants et ses inclinations, ses désirs et ses craintes, ses affections et ses répulsions qui se choquent et se heurtent comme les vagues d’une mer en fureur le troublent, l’enivrent, l'aveuglent et le déroutent ? Peut-on oublier les inexorables enseignements de l'histoire qui nous montre combien l’homme, livré à lui-même et à sa propre raison se dégrade et se plonge dans le vice, l'erreur et les ténèbres ?

Nous laisserons de côté les temps grossiers et barbares où nous voyons l’homme, misérable jouet de ses passions, prodiguer son encens aux plus viles créatures, déifier le vice et se complaire dans son culte, pour n'évoquer devant vous que ces siècles privilégiés resplendissants de lumière, brillants de science et qui rayonnent avec tant d'éclat et de gloire dans l'histoire du genre humain qu'ils y font époques : les siècles de Périclès, d'Auguste et de Louis XIV. Quels noms et quels souvenirs ne rappellent-ils pas à notre esprit ? Cependant, à côté de cette diffusion de Sagesse de ces trésors de science, de ces brillantes lumières et de ces étonnantes merveilles dont ils nous étalent avec orgueil le tableau éblouissant, quels cloaques d’impureté, quelle hi­deuse dépravation, quelle profonde corruption et quel abîme d’iniquité !
Et le siècle dernier à jamais mémorable par les progrès immenses des lettres, des sciences, des arts et surtout de la civilisation et sur lequel cependant nous sommes obligés de passer rapidement pour ne pas attrister par le douloureux souvenir des sanglantes proscriptions qui ont terni sa gloire ce jour de fête consacré à la joie et à l'allégresse. Nous voilà arrivés à notre siècle; nous nous y arrêtons avec bonheur tant nous en sommes fiers. Siècle déjà si riche en ingénieuses découvertes, hommes de science et de génie, s'il en fut jamais, en gloire et en illustrations de tout genre qu'il fait, pour ainsi dire, pâlir tous ses devanciers. Grâce à ses mérites, nous couvrons ses défauts sous le voile du silence; mais comptez, je vous prie, ces hommes d’élite, ces êtres privilégiés qui font la gloire de notre époque comme ceux qui firent la gloire des siècles passés, leur nombre est fort restreint, tant la nature en est avare. Maintenant, supposons pour un moment qu'il ait été donné à ces hommes exceptionnels de se conduire par les seules lumières de leur intelligence, par les seules inspirations de leur raison ; ceux qui, ne sont pas aussi heureusement doués, ceux qui ne peuvent ni sonder les mystères de la nature ni enfanter des prodiges ni même ramasser assez de science pour discerner le vrai du faux, le bien du mal, le juste de l'injuste et qui forment presque la totalité du genre hu­main seraient-ils donc tous condamnés à marcher éternellement dans les ténèbres et à courir à leur perte? N'ont-ils pas, eux aussi, une âme immortelle ? Ne portent-ils pas aussi Dieu dans leur cœur ? Ne sont-ils pas aussi tourmentés de cette soif ardente d'immortalité? Et ce Dieu tout-puissant dont la sagesse, la bonté et la miséricorde éclatent dans toutes ses œuvres les laisserait périr fatalement quand il ne dépend que de sa volonté de leur indiquer la voie du salut ?

Non, ce Dieu plein de bonté et de miséricorde n'agit pas ainsi; notre raison et notre cœur nous le disent et confirment, par leur parfait accord, le témoignage des voix aimées et respectées qui, depuis des siècles, nous apprennent avec une merveilleuse continuité קוֹל גָּדוֹל, וְלֹא יָסָף (Deut. V, 19.), qu'il a déchiré le nuage, dicté sa volonté et tracé ces règles de conduite in­faillibles dont chaque jour fait admirer davantage l'utilité, la justice et la sagesse.

Maintenant, en présence des erreurs funestes qu'enfante l'ignorance de notre nature, peut-on encore demander sérieusement à quoi bon le culte, c'est-à-dire, à quoi bon cet enseignement permanent de notre grandeur qui nous rend dignes d'être en rapports avec Dieu, cet aveu constant de notre faiblesse qui nous rend ces rapports nécessaires ? Cette connaissance de nous-mêmes, n'est- elle pas pour nous ce qu'est le guide à l’aveugle, ce qu'est la boussole au pilote, ce qu'est le fanal en présence des écueils ?
Et la prière, qui est la manifestation éclatante de ce précieux enseignement et qui exerce une si salutaire influence sur notre manière de penser et d'agir, serait sans efficacité pour notre bonheur ! Et Dieu n'exaucerait pas les vœux des âmes pieuses et saintes qui l'aiment, l'adorent, marchent clans ses sentiers et pratiquent la vérité et la justice ! Il ne leur accorderait pas ce qu'elles lui demandent quand cela pourrait leur être utile ! J'en appelle à vos cœurs pères et mères qui êtes ici, que ne ferait pas votre amour, votre tendresse pour satisfaire les vœux raisonnables de vos enfants chéris et obéissants? Mais Dieu n'est-il pas, lui aussi, un tendre père ? Ne sommes-nous pas ses enfants ? Et il serait sourd à nos prières ? Et il nous refuserait ce qui est nécessaire à notre bonheur quand nous nous rendons dignes de ses bienfaits ! C'est là ce qui répugne à notre raison, c'est là que serait la perturbation de l'ordre, le bouleversement des lois du monde.

Mais si Dieu exauce les prières, il ferait donc des miracles ? Eh bien, qu'y a-t-il d'étrange aux miracles ? Notre raison qu'a-t-elle à y redire ? Les trouvera-t-elle incompatibles avec l'idée que nous avons de Dieu et de ses attributs ? Mais cette incompatibilité ne se trouve-t-elle pas plutôt clans la contestation de la possibilité des miracles הֲיִפָּלֵא מֵיְהוָה, דָּבָר (Gen. XVIII, 14.), est-il rien d'impossible à l'Eternel הֲיַד יְהוָה תִּקְצָר, (Nom. XI, 23) sa puissance est-elle bornée? Et vous voulez limiter sa toute-puissance, restreindre sa sphère d’action, tracer autour de lui le cercle de Popilius et lui défendre d'en sortir !
Les miracles seraient-ils en contradiction avec les enseignements de l'expérience ? Mais le contraire seul est vrai. Jetez les regards de tous côtés et partout vous ne verrez que des miracles. La création est un miracle ; la suspension des globes dans le vide, un miracle ; la végétation, un miracle; la structure des plantes, un miracle; l'organisation des corps, un miracle. Nous-mêmes et nos facultés ne sommes-nous pas le plus étonnant des miracles ? Et la conservation de tous les êtres enfin n'est-ce pas aussi un miracle que nous voyons se renouveler tous les jours ? Ici, nous ne l'ignorons point, la réponse est toute prête Cette organisation et cette conservation, nous dira-t-on, remontent au moment de la création et sont le résultat nécessaire des lois primitives que Dieu a imprimées à la nature. Mais, dites-nous, qui vous a révélé ce secret? Qui vous a dit que Dieu a depuis abdiqué son pouvoir souverain pour que vous osiez ainsi venir démentir la croyance universelle et le témoignage des siècles ? Dites-nous encore, avez-vous assisté au conseil de Dieu lors de la création, ayez-vous été présents lorsqu'il a élevé ce mur de séparation entre le monde physique et le monde moral? D'où savez-vous si, par une loi primordiale, il n'a pas, au contraire, établi entre eux ces rapports étroits et intimes dont l'existence est incontestable dans ce microcosme des anciens dans notre propre être ?
Non, contre votre désolante assertion s'élèvent le cri unanime  de la nature, le témoignage de tous les peuples, la conscience, du genre humain et les protestations de la raison.

Venez donc, ch. fr. et s., venez ici avec confiance épancher vos cœurs dans le sein de l'Eternel, apportez lui l'hommage de votre reconnaissance ou le tribut de vos larmes ; il est tout-puissant il vous voit, il vous entend, il vous aime, il vous exauce. Vous trouverez toujours auprès de lui aide et protection, la force nécessaire dans les luttes de la Vie, des consolations dans les épreuves, un motif de confiance dans les jours de bonheur.
Mais n'oubliez jamais qu'un des principaux objets de la prière est de nous donner la conscience de notre grandeur, de nous rappeler que nous sommes créés à l'image de Dieu et que notre premier devoir est de lui ressembler dans la mesure de nos forces, par la pratique de la justice et de la vérité, et de conserver toujours son image dans notre cœur, en le rendant inaccessible aux mauvaises passions pour en faire le sanctuaire des sentiments d'amour, de charité et de bienveillance pour tous les hommes, sans distinction de caractère, de position et de croyance.
N'oubliez non plus que la prière, en nous rappelant notre dépendance et notre néant, doit humilier notre orgueil, anéantir notre vanité, réprimer notre présomption, nous rendre reconnaissants envers Dieu, soumis et fidèles à ses commandements, justes et sévères envers nous-mêmes, pleins de bonté et d'indulgence envers nos semblables. Alors, ch. fr. et s., vous récolterez les doux fruits des généreux sacrifices que vous vous êtes imposés et des nobles et persévérants efforts que vous avez faits pour la construction de ce temple. Alors le temps sera impuissant sur les sentiments de bonheur qui inondent vos âmes, sur les douces émotions qui font palpiter vos cœurs aujourd'hui que vous voyez votre pieuse entreprise couronnée de succès ; car au lieu de s'émousser et de s'évanouir, comme toutes les choses terrestres, ils se développeront de plus en plus et seront impérissables comme tout ce qui a ses racines dans le ciel ; et ce magnifique temple qui, grâce au talent de celui qui en a dirigé les travaux, répond si dignement à votre attente et charme maintenant vos yeux, élèvera aussi vos âmes, éclairera vos esprits et réjouira vos cœurs ; car il sera une source de vérité, un foyer de lumières, une école de vertu.

Eternel, Tout-Puissant, toi qui, par ta bonté infinie, as fait resplendir d'un rayon de ta sagesse l'homme, ce faible mortel, cette créature de poussière, pour qu'il te connaisse, t'admire et t'aime et lui as accordé la permission de s'approcher de toi pour t'implorer, te glorifier et t'adorer, tu lui as encore promis que partout où il invoquera ton nom tu seras présent pour le bénir

בְּכָל-הַמָּקוֹם אֲשֶׁר אַזְכִּיר אֶת-שְׁמִי, אָבוֹא אֵלֶיךָ וּבֵרַכְתִּיךָ (ndlr : Ex. XX. 20) jette du haut du ciel un regard favorable sur cette sainte mai­son que nous venons de consacrer à ton nom. Que tes yeux veillent sur elle jour et nuit, que ta présence s'y révèle par les bénédictions que tu y feras affluer et par la salutaire influence qu'elle exercera sur les cœurs. Que ceux qui la fréquentent augmentent toujours en sagesse et en vertus et se fortifient dans l'amour de ta sainte religion et y conforment leurs pensées, leurs paroles et leurs actions. Que les membres de cette sainte communauté qui ont fait élever ce monument de leur piété et de leur attachement à ta foi, viennent souvent y retremper le sentiment de leurs devoirs comme hommes, comme citoyens, comme israélites.

Habitants de l'extrême frontière d'un pays où le soleil de la tolérance, de la liberté de conscience rayonne déjà depuis longtemps dans tout son éclat et voisins de pays où il commence à se lever, que, par une conduite conforme à tes saintes doctrines, ils montrent aux uns que ton peuple mérite les droits qui lui ont été restitués, prouvent aux autres l'injustice de l'offense faite au nom d'Israël et apprennent à tous quels trésors de vertu et d'affection renferme le cœur israélite. Que, par la pureté de leur vie, par l'attachement à notre patrie, par la fidélité à notre au­guste Empereur, par leur amour et leur bienveillance envers tout le monde, ils continuent à faire voir combien ils savent apprécier et justifier leur titre de citoyens et leur qualité de français. Bénis, ô Seigneur, bénis notre chère patrie, cette belle France, que l'amour et la fidélité s'y rencontrent, que la justice et la paix s'y embrassent. Bénis notre auguste Empereur, protège-le de ta main toute puissante, que ta miséricorde et ta grâce l'accom­pagnent toujours ; bénis son auguste famille, bénis tous ceux qui lui prêtent leur concours pour la prospérité et le bonheur de la France. Bénis tous ceux qui ont contribué à élever ce temple, bénis tous ceux qui sont venus ici rehausser par leur présence l'éclat de ce jour. Bénis Israël, bénis l'humanité, hâte ce jour qui tressaille dans l'éternité où tous les hommes fraternellement unis, n'auront plus qu'une seule pensée, qu'une seule opinion, qu'un seul cœur, qu'un seul cri de ralliement :

Maison de Jacob, marchons dans la lumière de l'Eternel
בֵּית, יַעֲקֹב--לְכוּ וְנֵלְכָה, בְּאוֹר ה' (Is. II. 5).
AMEN HALLELUIAH

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