le cimetière israélite
d'AUGNY
Documents fournis par Henry SCHUMANN


Photographies © H. Schumann
Le village d'Augny se trouve au sud-ouest de Metz, sur la route départementale 157c, à huit kilomètres du centre de Metz.

Situation
Le cimetière est situé derrière l'église. Prendre, devant le monument aux morts, un petit chemin, semé de gravier entre deux hauts rnurs (ruelle du cimetière des juifs), qui part du parking. Au bout de 150 mètres, sur la gauche, une petite porte de fer donne accès au cimetière
Histoire
Il n'y a qu'un seul cimetière dans !a localité. Cadastré 51 p 79. Superficie de 3 ares 53. il ne semble plus utilisé pour les inhumations. Bien entretenu aux frais de la commune, Géré par le Consistoire.
Il a été créé au milieu du 19eme siècle. Les communautés suivantes l'ont utilisé : Marly et Augny (avant la création de ce cimetière on inhumait à Vantoux). Le mur, démoli en grande partie en 1944 comme 80% du village, a été reconstruit en 1958.
Etat
Visite le 14 mai 1996.
Le petit cimetière, de dimensions 20 mètres par 20 mètres, est clos d'un grillage sur trois côtés et d'un mur de pierres sèches à gauche. Il est entouré de jardins. Le mur de 1958 a disparu !
Les stèles sont petites et peu décorées, aucun monument ni fer forgé ne marquent les tombes.
Il n'a été dénombré qu'a peine une cinquantaine de tombes, ce qui peut paraitre étonnant pour un cimetière d'au moins 150 ans. Le cimetière étant légèrement surélevé par rapport aux jardins environnants, il est possible qu'il y ait deux niveaux de tombes. Plusieurs stèles sont couchées au sol, en partie recouvertes de terre.
Ce cimetière laisse une impression de malaise : il n'y a plus de murs comme signalé en 1980 par Pierre-André Meyer, les stèles sont proprement alignées comme si elles étaient plantées de la veille, le gazon est bien tondu. de petits thuyas sont plantés tout autour... En un mot il est "tout neuf".

1861 : le cimetière israélite

Le 22 juin 1861, le maire d'Augny adressa une lettre au Préfet pour y évoquer le problème rencontré par la communauté juive d'Augny : leur cimetière devenait trop petit, il leur était de plus en plus difficile d'y ensevelir leurs défunts. Bordé par le jardin du presbytère d'un côté et un chemin de l'autre, limité par la ruelle à l'avant et des jardins privés à l'arrière, il n'y avait pas de possibilité d'agrandir ce lieu. Les réflexions du Conseil municipal l'amenèrent à envisager de rehausser d'un mètre le niveau du sol pour permettre de créer "un nouvel étage" pour y inhumer les défunts.

Le seul inconvénient (qui allait engendrer des discussions qui dureront pendant plusieurs mois) était que lors de grandes pluies, les terres risquaient de glisser vers les chemins et les jardins environnants.

La communauté juive sembla trouver l'idée de la surélévation du niveau du sol tout à fait valable et proposa, pour pallier les inconvénients évoqués, de construire à ses frais des murs
de clôture pour retenir les terres. Le président du Consistoire envoya son accord au maire d'Augny dans une lettre du 03 juillet 1861.

Le maire se demandait, dans un nouveau courrier adressé au Préfet le 17 juillet 1861, si le fait de rehausser le niveau du cimetière juif, n'allait pas poser des problèmes de salubrité car les corps ensevelis allaient se trouver au-dessus du niveau du jardin presbytéral. Il proposa donc de creuser un fossé tout autour du terrain.

Dans sa réponse du 4 septembre 1861, le Consistoire qui voulait éviter de creuser des fossés car on risquait de déranger les ossements des morts ce qui était contraire aux prescriptions religieuses de sa communauté, se demandait s'il ne serait pas plus simple de rehausser le sol en laissant tout autour une bande d'un mètre pour y planter une haie qui retiendrait la terre.

Le 24 février 1862 :

Le remblai a été effectué, mais la communauté israélite n'a pas planté la haie promise. Le maire, en voyant les enfants du village pénétrer dans le cimetière et de là, s'introduire dans le jardin du curé, écrivit une nouvelle lettre au Préfet pour lui demander d'intervenir énergiquement pour imposer à la communauté juive d'effectuer rapidement cette plantation.


Archives
"Le Consistoire,

Vu le décret du 23 Prairial An XII, concernant la police des lieux destinés aux sépultures,

Vu la lettre de Monsieur le Préfet de la Moselle en date du 24 février 1862, prescrivant la plantation d'une haie sur une ligne tracée dans le cimetière israélite d'Augny, à une distance de 0.50 m du mur du presbytère, mesure qui a été proposée par le M. le Maire de la dite commune et acceptée avec empressement par le Consistoire, comme le moyen le plus convenable pour concilier tous les intérêts,

Vu  la lettre de M. le Maire d'Augny, du 10 avril courant, informant le Consistoire que Sieur Salomon CAHEN, commissaire surveillant près de la communauté israélite de la dite  localité se refuse à faire exécuter la plantation de la haie sus mentionnée, malgré la prescription formelle du Consistoire,

Vu enfin, l'arrêté du Consistoire en date du 13 de ce mois qui révoque ce commissaire surveillant,

Considérant que la plantation de la haie dont il s'agit, ne peut en aucune manière blesser la susceptibilité religieuse et que le motif allégué par le commissaire surveillant, qu'en plantant cette haie on profanerait le champ de repos, est d'autant plus insolite que M. le Grand Rabbin de la Circonscription de Metz a déclaré le contraire ;

Considérant enfin que le délai f ixé par le Consistoire, au commissaire surveillant pour faire cette plantation, expire le 15 courant, il est donc urgent de faire procéder sans retard à la mesure arrêtée.

Après en avoir délibéré, décide : Monsieur le Préfet est prié de bien couloir faire procéder administrativement au nom et aux frais du Consistoire, à la plantation sur le cimetière israélite d'Augny, sur une ligne tracée à une distance de 0.50m du mur du presbytère."


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