Un certain Lyon Bleu, (Bloch), originaire du Palatinat est signalé habiter la localité depuis seize ans vers 1705. Ce qui correspondrait à une arrivée vers 1690, après la “dévastation“ du Palatinat exécutée sur l’ordre de Louvois en 1689.
La communauté est constituée dès le début du 18ème siècle, et maintenue par les édits de Léopold en 1721. En 1726, les sept chefs de famille de Bouzonville et de Freistroff, village voisin, obtiennent par bail du prévôt ducal, du receveur municipal et d’un procureur-syndic, la location d’un terrain devant servir de cimetière. Ils s’engagent, outre le paiement du loyer annuel, à verser une taxe à chaque inhumation. Deux d’entre eux, Michel Plock et Maire Plog (Michel et Meyer Bloch) signent en français, ce qui est rare à l’époque et témoigne d’une certaine adaptation à la culture française. Un autre élément intéressant de cette relative intégration est le rapport du préfet de la Moselle à son ministre de tutelle en date du 11 septembre 1823 qui lui signale, parmi les notables juifs du département, la présence d’un certain Wolff Bloch, de Bouzonville, qui présente la particularité de se livrer à l’agriculture, ce qui passait, à l’époque pour tout à fait nouveau en ce qui concernait les Juifs, et devait être de ce fait encouragé car constituant un pas apprécié menant à leur “régénération“.
La communauté se développe tout au long des 18ème et 19ème siècles, une communauté jumelle s’établissant dans le village voisin de Vaudreching. L’apogée démographique semble être atteint au milieu du siècle où un document du consistoire de janvier 1846 dénombre 136 personnes dans la localité auxquelles s’ajoutent soixante-douze autres à Vaudreching (et cinq à Tromborn). En 1851, Bouzonville est une des trois communautés du département à posséder une école israélite officielle dont le maître est le ministre-officiant. En 1843, un des notables de la localité, Salomon May, conseiller municipal et électeur au consistoire est un des seuls à ne pas être commerçant: il est huissier de justice (il y a un avoué à la même époque à Sarreguemines).
Par la suite cependant, la population diminua de façon spectaculaire (77 personnes seulement en 1875, 70 en 1880, 64 en 1890, pour remonter à 111 en 1905). Ces mouvements de population s’expliquent par la fréquence de l’émigration en direction de Metz ou de l’étranger (France après 1871 ou Etats-Unis). Le rebond de la fin du siècle s’explique aussi par la venue de quelques familles sarroises. Les localités les plus touchées sont bien entendu les villages voisins. Ainsi recense-t-on cinq personnes à Tromborn en 1915, qui ont toutes disparu du village en 1921.
Une synagogue commune aux trois localités concernées est construite au début du 19ème siècle, restaurée entièrement en 1907 pour la somme de soixante mille marks par l’entreprise Vuliare de Filstroff et détruite par les Allemands en 1940.
Avant la seconde guerre mondiale, il y a environ 40 à 50 familles dans cette bourgade très dynamique. Leurs activités principales sont le commerce des bestiaux, des grains, et de la boucherie. Mais ils sont aussi commerçants ayant pignon sur rue: droguerie, tissus et vêtements, bureau de tabac. La communauté forme un univers traditionaliste, qui n’est cependant pas toujours l’adversaire d’un certain libéralisme. C’est ainsi que les parents avaient pris l’habitude de confier leurs filles à l’école catholique des Soeurs de la Providence, essentiellement afin de leur apprendre le français avant la guerre de 1914. L’habitude perdurera après 1918.
Une vingtaine de personnes furent victimes des nazis et périrent dans les camps, mais en 1945, la communauté se reconstitua, forte encore d’une quarantaine de familles, désormais entièrement concentrées à Bouzonville, Vaudreching ayant été abandonné. Elle jouait un rôle économique majeur dans ce chef-lieu de canton qui connut, après la guerre, une incontestable prospérité. Malheureusement, une série de deuils prématurés et d’accidents frappa un grand nombre de familles, ce qui précipita le déclin démographique déjà amorcé, à l’instar de ce qui se passait ailleurs.
La synagogue fut reconstruite en 1960, mais il n’y a plus aujourd’hui que vingt adultes. Le président de la communauté est aujourd’hui Raymond Weill qui a succédé à René Bloch, Jacques Bloch et Claude Michel, le ministre officiant est M. Sellam.
Le cimetière, construit sur un terrain en forte pente, servait aux familles de Bouzonville, Freistroff, Vaudreching, Hestroff, Teterchen, Ebersviller et Flastroff.
Sources : Archives Départementales de la Moselle.
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