La synagogue inaugurée en 1960
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Naissance de la communauté
Lazard Cahen naît le 14 septembre 1896 (*) à Buding. Fils d’Aron et de Pauline Lévy, grandit dans une ambiance imprégnée du folklore judéo-lorrain. Il s'installe à Thionville avant la Grande Guerre. Il est mobilisé, puis prisonnier en Russie. Sur les terres de l’Oural il fréquente de nombreux coreligionnaires très versés dans l’étude de la langue hébraïque.
Lazard Cahen arrive à Clouange en mai 1919. Il y fonde la communauté israélite qu'il animera tout au long de sa vie.
Cherchant à réunir le nombre de personnes suffisantes pour organiser des réunions de prière, il s'adresse à des ouvriers juifs venus de Pologne, de Galice, qui travaillaient alors à l’usine de Rombas. Il leur demande de se rassembler chaque samedi dans une pièce de la Maison Trindel. Deux rouleaux de la Loi de Moyeuvre-Grande sont amenés à Clouange et c’est ainsi que débute le culte israélite.
Le cimetière se trouve à Moyeuvre-Grande.
La construction de la synagogue
Le 8 mai 1955, le grand rabbin Robert Dreyfus, accompagné par une délégation du Consistoire de Moselle, vient en visite pastorale dans la localité. C’est à partir de cette date qu’un rêve se transforme en réalité : construire une synagogue.
Marcel Bellinger accorde à cet effet un terrain situé en face du stade. Le président du consistoire, Georges Wertenschlag, se dépense sans compter auprès des autorités pour obtenir les transferts des dommages de guerre des communautés disparues de Buding et Lixheim.
La construction voit le jour, le lundi 12 janvier 1959, avec la pose de la première pierre. Cela donne lieu à une belle manifestation locale, touchante de simplicité. Au cours de la cérémonie, le maire fait part de sa joie de voir le rêve de Lazard Cahen devenir une réalité, et de sa satisfaction du choix de Clouange, commune au carrefour de la vallée de l’Orne, pour l’édification d’une synagogue.
La construction est achevée au cours de l’été 1960. L’édifice s’élève gracieusement, les tables de la Loi, bien en évidence, sont gravées dans la pierre. À l’intérieur, les voûtes blanchies, les vitres aux couleurs, jaunes, roses et bleues, répandent une ambiance sereine.
L’inauguration
C’est un jour de fête, émouvant et mémorable. Les anciens croient revivre de fastueuses heures juives d’une époque révolue, celle du judaïsme des campagnes.
La coquette façade de la synagogue s’anime d’emblèmes tricolores. Une foule dense emplit l’édifice. La présence de nombreuses autorités, civiles et religieuses témoigne de leur compassion aux souffrances passées, et à la condamnation de toute atteinte à la personne.
Dans son discours, Lazard Cahen traduit les sentiments qu’un homme dévoué au judaïsme éprouve au plus beau jour de sa vie. Gaston André, maire de l’époque, cite maints événements glanés au cours de son existence qui l'incitent à respecter la tradition israélite.
La synagogue devient une église
Après avoir cessé toute activité en 1985, la synagogue est redevenue un lieu de culte. À l’époque, sa fermeture s’expliquait par le séisme provoqué par la crise sidérurgique.
Les nombreux commerces appartenant à la communauté ont cessé leurs activités l’un après l’autre, et la jeune génération préfère se tourner vers les études, quittant ainsi la localité. La municipalité de Clouange décide de racheter le bâtiment le 31 mai 1994, pour la somme de 270 000 francs. Après réhabilitation, elle devient une maison des jeunes "Le Liseron", aujourd’hui fermée. La phrase en hébreu sur le fronton de la porte d'entrée subsiste.
En 2016, L’Église évangélique Arc-en-Ciel rachète le bâtiment inoccupé pour 120 000 €, et y mène ses activités. Souhaitons que soit conservée une trace de la destination originelle de cette construction.
Sources :
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