En 1670, une synagogue est installée rue du Four banal et une école juive dans la même rue. Ct'est un scandale aux yeux des habitants, qui se plaignent en 1698 que les juifs traversent ouvertement la rue revêtus des vêtements rituels les samedis et jours de fête. Alertée à nouveau, la Cour Souveraine interdit alors tout rassemblement dans la rue et toute augmentation de cette population. Les incidents continueront. En 1701 le tribunal du bailliage d'Allemagne, sis à Sarreguemines, condamne la communauté à 1 000 livres d'amende pour avoir célébré le culte en public, organisé des "mascarades" et hébergé un juif étranger. En 1718, le prévôt, le maire et les échevins demandent à nouveau l'expulsion des vingt-trois familles résidentes.
Les juifs paient un droit de résidence, le Bauhovergeld, qui fut d'abord versé au curé (une demi-quarte de blé par personne) puis à la municipalité (50 sous de Lorraine puis 40 de France par habitant). En cas de retard de paiement, le percepteur a le droit de venir chez le boucher juif, armé d'une longue perche effilée et de prendre en dédommagement autant de quartiers de viande que la perche pouvait porter. Plus tard, la régente Elisabeth-Charlotte transforme le Bauhovergeld en capitation au profit du Trésor Ducal.
Un premier cimetière est acquis en 1721. Mais c'est l'objet d'un nouveau scandale car il est situé près de l'église paroissiale, enclave au milieu du cimetière catholique. Tout petit (un are) il devait faire l'objet d'inhumations par couches, mais les juifs refusèrent jusqu'en 1725 un autre terrain. A cette date, ils acceptent un nouvel emplacement, mais en 1732, les habitants de Boulay construisent face à l'entrée une croix en pierres sur laquelle sont gravés les mots: CRUCIFIXERUNT EUM (Ils l'ont crucifié). En 1852 encore, le curé leur interdit l'accès de l'ancien cimetière, dont la clef ne leur sera rendue qu'en 1882 Geste purement symbolique, plus personne ne venait sur des tombes aussi anciennes. Un troisième cimetière est ouvert en 1777 et agrandi en 1830.
En 1721, tous les juifs de Lorraine sont expulsés, à l'exception des familles autorisées. A Boulay, elles sont au nombre de douze, soit environ la moitié de la communauté. Les expulsés quittent alors la région. En 1726, un nouvel édit crée un ghetto. Les juifs sont sommés de se rendre dans un quartier qui leur est affecté, le long du mur d'enceinte bordant le fossé Ellbach, au nord de la ville. Une rue, qui prendra le nom de rue des juifs, fermée la nuit par des chaînes, leur est attribuée et la synagogue y est transférée. Mais peu à peu, la tolérance gagnant, sinon à Boulay, du moins auprès des autorités tant à Lunéville qu'à Nancy, le nombre de familles augmente à nouveau. En 1753, elles sont au nombre de quinze.
Une nouvelle synagogue, construite dans l'esprit de celle de Metz, est érigée en 1857, agrandie et rénovée en 1890. Il y a alors 60 familles et une forte structure communautaire. Celle-ci apparaît dans les statuts de "l'Alliance Israélite de Boulay" qui, vers 1850, édicte un règlement placé sous l'incantation "Que Dieu nous protège !". Dans celui-ci, et en 29 articles, sont minutieusement répertoriés les devoirs de ses membres, chaque violation étant assortie d'une amende dûment tarifée et allant de dix centimes (absence au temple le samedi matin) à deux francs (absence à une purification d'un défunt). Il existe également une école juive dont un des instituteurs, au début du 19ème siècle, fut l'ancêtre de Laurent Fabius. Elle est située au fond d'une cour, derrière la maison du 9 rue des Juifs, séparée de la synagogue par seulement deux immeubles. Elle appartient en 1936 à une certaine Fanny Lévy, qui décède à cette date. La communauté s'en rend alors propriétaire pour éviter que des personnes étrangères puissent contester le droit de passage nécessaire pour accéder à l'école.
La synagogue fut démolie pendant la guerre et le cimetière profané en 1940 pour servir de fosse commune aux prisonniers russes décédés au camp voisin. Un mur entre ce charnier et les tombes juives fut élevé en 1948 et une plaque à la mémoire des victimes apposée le 14 mai 1950.
Après la Libération, les offices reprirent, d'abord au temple protestant, puis à partir de 1948 dans une baraque. Une nouvelle communauté se reconstitua le 24 mars 1946 avec Léon Mayer comme ministre officiant et Nathan Mayer comme président. Ce dernier quittant la ville en 1953, (il devait mourir à Haguenau en 1961), sera remplacé par Michel Alexandre tandis que M. Teitelmann devenait ‘hazan entre 1951 et 1959.
La nouvelle synagogue, construite en 1952 rue du Pressoir, fut inaugurée le 16 octobre 1955. Une plaque à la mémoire des morts des deux guerres y fut apposée le 11 novembre 1963 en présence de Mr. Hayem, secrétaire général de la Préfecture, du sous-préfet M. Roncière et du Dr. Schwartz, député-maire de Boulay.
Sources : Archives Départementales de la Moselle, archives consistoriales de la Moselle et de la communauté de Boulay.
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