Synagogue d'Insming |
Insming fut le siège d'un prieuré de l'abbaye de Saint-Mihiel et d'une prévôté ducale lorraine. Le village est quasi désert en 1650, après la guerre de Trente Ans. Quelques familles arrivent de régions francophones de Lorraine méridionale et s'unissent aux survivants. Modeste jusqu'en 1664, cette immigration va tripler la population en 1685. La majorité de celle-ci parle le français jusque vers 1700, puis se germanise lentement avec l'arrivée de nouveaux immigrants venus d'Allemagne. Parmi eux, des juifs sont recensés dès 1720. Ils ne semblent d'ailleurs pas avoir habité Insming, mais les localités voisines de Hilsprich, Altroff et Rohrbach. Ils sont enterrés à cette date à Hellimer. Vers 1725, certains s'installent alors à Insming. Il semble qu'en ces années là, le mélange des populations favorisât certains comportements tout à fait exceptionnels par ailleurs. Ainsi un certain George Isaac, âgé de trente-quatre ans, et probablement veuf, se convertit-il en l'église d'Insming le 7 mars 1734. Cela faisait déjà plusieurs mois que sa fille, devenue Charlotte Isaac, avait fait de même, le 23 novembre 1733. Ce double baptême lui permettra de se marier (ou de se remarier) avec une certaine Marguerite Zerlante le 25 mai 1734. L'amusant est qu'aussi bien sur son acte de baptême, sur celui de sa fille ainsi que sur l'acte de mariage, il signe son nom en hébreu. Quant à son épouse et à ses deux frères, ses témoins, ils se contentent d'une croix, probablement illettrés.
Les rapports entre juifs et non-juifs sont parfois difficiles et en 1789, le cahier de doléances d'Insming et des localités voisines sont parmi les plus judéophobes. Il faut peut-être y voir la conséquence de la présence, toute proche, des haras de Sarralbe qui étaient le plus souvent affermés à des juifs, qui de ce fait possédaient le droit de lever des corvées parmi la population pour faucher les foins et les voiturer jusqu'à cette bourgade (voir Sarreguemines).
Il y a dix-huit familles en 1833, soit quatre-vingt-huit personnes, qui entretiennent, à partir de 1820 environ, un instituteur pour l'éducation de leurs enfants. Cependant une douzaine d'enfants fréquentaient l'école communale ce qui explique la démarche effectuée en 1833 par Judas David, membre du consistoire de la Meurthe, sollicitant la municipalité d'Insming pour qu'elle participe financièrement à l'ouverture éventuelle d'une école juive. La commune refusera cette année-là ainsi qu'en 1850. Cependant en 1865, elle accepte que le consistoire de Nancy achète une maison pour en faire une école qui devait servir aussi aux juifs des villages environnants: Rening (seule localité où l'on signale en 1808 un juif sans subsistance, détenu pour vol), Erstroff (où existe une petite synagogue), Grening, Francaltroff et Saint-Jean-Rohrbach. Autre village voisin, Nelling possède un petit oratoire.
La synagogue existe en 1838 sans qu'on connaisse la date de son édification, probablement vers 1820. Elle est construite dans le style de l'époque Empire, avec fronton et pignon triangulaires, le second flanqué de deux pyramidions. Elle semble trop petite puisqu'en 1868, la communauté implore l'Impératrice Eugénie de lui accorder un secours. Celle-ci accepte et l'édifice sera réparé en 1870. Il est vrai qu'en 1857, la liste des électeurs d'Insming au consistoire de la Meurthe comprend vingt-six chefs de familles, bouchers et marchands de bestiaux pour l'essentiel.
Au cours de la dernière guerre, dix personnes de la communauté furent déportées à Auschwitz, une autre mourut au camp d'Ecrouves et un dernier tomba au champ d'honneur en 1940.
Épargnée durant l'Occupation bien que saccagée en 1941, la synagogue fut restaurée en 1946, mais la communauté ne comprenait plus que trente personnes, la plupart âgées. Après la guerre, seules deux bar-mitzwoth y furent célébrées. Le personnage le plus dynamique en était le maire du village, Monsieur Fernand Lambert. Celui-ci exerça ses mandats sans discontinuité de 1945 à 1972, mais conserva encore des fonctions officielles jusqu'en 1977. Il fut un élu apprécié de la population et l'artisan de l'édification du groupe scolaire en 1952 (un autre juif à la même époque est maire à Nelling).
Faute de fidèles, la synagogue est désaffectée en 1977 et démolie en 1990. Des membres de la famille Lambert ont continué de siéger au conseil municipal d'Insming, le fils de Fernand, Georges Lambert de 1977 à 1983, Mme Jacques Lambert de 1983 à 1989 puis Carole Lambert, qui sera vraisemblablement la dernière, puisqu'habitant Strasbourg. Depuis 1945, les présidents de la communauté furent Meyer Jacob, Sylvain David, Adrien Jacob, Gilbert Lévy et enfin Georges Lambert.
Sources : J. & M. Lambert, Insming ; et Pierre Freund, Sarrebourg
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