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Le village attire des familles juives qui ont l'interdiction de s'installer à Sarrebourg en application des franchises de cette ville en date de 1446 Les deux premiers juifs connus en 1699 sont Michel Lévy, marchand de chevaux et Moïse Lévy, colporteur. Quatre autres ménages arrivent en 1701 venant de l'Alsace voisine. Les chanoines et chapelains de Sarrebourg leur louent des prés pour faire paître leurs bêtes.
En 1762, le seigneur d'Imling de l'époque, Antoine-Joseph, comte de Lutzelbourg, signe devant notaire une convention, dite "acte de tolérance", avec huit chefs de famille juifs leur confirmant l'autorisation à résidence et y ajoutant le droit de se donner un chantre et un instituteur. En échange, les juifs confirment le montant d'une redevance en argent et y ajoutent le don d'une oie grasse à Noël ainsi que la cession des fumures de leurs bêtes. En 1789, ils sont vingt familles, dont neuf descendent des deux familles Lévy des origines. Ils sont bouchers, cordonniers ou marchands de bestiaux. Ils ont un instituteur à demeure.
Après la Révolution, la communauté connait une ère de prospérité et d'expansion, ce qui attire des coreligionnaires de Bourscheid, de Lixheim et d'Alsace. Une synagogue sise en appartement a dû exister depuis le début du 18ème siècle, mais la véritable ne fut installée que vers 1820 et resta en service jusqu'en 1922. Elle avait une forme curieuse, sur un plan irrégulier, vaguement trapézoïdal.
Très pauvres à leur arrivée et jusqu4à la Révolution, les juifs voient leur niveau de vie s'élever considérablement au début du 19ème siècle pour, dans l'ensemble, dépasser celui des chrétiens. Dès 1820, ils adoptent les lettres latines pour signer au bas des documents officiels. En 1845, sont élus les deux premiers juifs au conseil municipal ; il en sera ainsi continuellement jusqu'en 1891. Ils sont alors cent vingt à côté de cinq cent cinquante catholiques, de vingt anabaptistes et d'un protestant. Depuis 1858, ils sont propriétaires du cinquième de la surface du cimetière de Sarrebourg, après son agrandissement. Là se font désormais les enterrements. Il y a peut-être eu un cimetière local, mais si ce fut le cas, on ne l'a jamais retrouvé malgré plusieurs recherches effectuées dans ce sens.
A la fin du 19ème siècle, la communauté décline au profit de celle de Sarrebourg. Ils ne sont plus que soixante-huit en 1895 et cinquante-quatre en 1910. Après 1919, elle disparaît entièrement. En 1922 est vendu leur patrimoine immobilier. Il s'agissait de la synagogue, rue du Centre, vendue 1 200 F, d'une maison "rue du bout du village", adjugée 2 500 francs, de l'ancien bain rituel créé en 1861 par Henri Lévy rue "devant l'église", vendu 300 francs et enfin d'un assez grand pré (65 ares) cédé 1 400 francs. Il fallait y ajouter les bancs et le pupitre de la synagogue vendus 200 francs. Son dernier ‘hazan fut Alphonse Wolff, né en 1859 à Bouxwiller, fils de Jacques Wolff, rabbin de cette ville, et qui acheva ensuite sa carrière à Saverne.
D'après l'abbé Nicolas Baroth et les archives départementales de la Moselle
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