Il semble que le premier habitant juif de ce village ait été Abraham Lévy, natif d'Ennery et qui se serait fixé à Louvigny en 1686, probablement à l'instigation du seigneur qui passait pour favoriser la présence des juifs, comme nombre de ses pairs. En 1743, il y avait six familles relevant de trois branches : Lévy, Cahen et Israël. En 1763, elles étaient au nombre de huit. En 1789, le cahier de doléances de la communauté villageoise parlait de vingt familles, surtout marchands de chevaux. On les accusait d'ailleurs de propager toutes sortes de maladies et d'infester ainsi les bêtes et les gens. On trouvait aussi scandaleux qu'ils habitent dans "les plus belles maisons" et on demandait avec vigueur aux autorités qu'elles procèdent à leur expulsion.
La Révolution modifia peu à peu cet état d'esprit et dès 1797, le conseil municipal autorisa la création d'un cimetière, alors qu'auparavant, les inhumations devaient se faire à Metz.
On trouve trace d'une synagogue dès 1752, mais elle fonctionnait dans une maison particulière. Une nouvelle fut construite en 1825, époque où, avec environ trois cents personnes, la communauté de Louvigny atteignit son apogée. La liberté des cultes n'était pas encore tout à fait naturelle dans bien des esprits, puisque l'année précédente, ayant acquis le terrain pour la construction, la communauté demanda au maire, J. Louyot, s'il lui fallait une autorisation de la préfecture pour commencer les travaux. Tout aussi ignorant de la loi, le maire accéda à la requête et écrivit en ce sens à Metz, à la sous-préfecture. Celle-ci répondit que la construction d'une synagogue n'était soumise à aucune autorisation préalable depuis les lois d'émancipation.
Une école hébraïque était fréquentée par les enfants, sous la férule d'instituteurs appointés. Elle fut créée en 1856 à la suite d'une pétition des Juifs qui souhaitaient la séparation des élèves des différents cultes. Mais les frais entraînés par son fonctionnement obéraient tellement le budget de la communauté qui payait en outre son chantre, qu'elle demanda la réintégration des élèves dans l'école catholique en 1863. La mairie refusa, appuyée sur un article de la loi scolaire de 1850.
L'annexion de 1871 accéléra un mouvement d'émigration qui avait dû commencer un peu avant. En 1895, il ne restait que cinquante-neuf juifs dans le village, quinze encore en 1931, répartis en quatre familles dont aucune ne revint habiter les lieux à la Libération.
La synagogue fut détruite par les tirs d'artillerie lors des combats qui firent rage dans cette région en octobre 1944, lors de la première offensive américaine en direction de Metz. Le cimetière fut remis en état en mai 1962 par MM. Roger et Gaston Lévy.
D'après Gérard Louyot et les archives départementales de la Moselle
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