M. Bloch était confiseur, spécialisé en dragées,
"Dragées Bloch". Il tenait boutique au 10 de la rue de la Chapelle.
Ce témoignage a été recueilli en son temps par son fils,
Claude BLOCH, actuel président de la communauté
israélite de Sarreguemines.
A l'entrée de la synagogue, de part et d'autre de la porte, se trouvait
un banc réservé aux non-juifs qui venaient assister à l'office
du vendredi soir. Le 'hazan Albert Kahn, faisait résonner sa
belle voix ; il était accompagné dans son chant par un orgue que
tenait le directeur de l'école protestante. Celui-ci venait, accompagné
d'un de ses élèves qui était chargé de pomper l'air
nécessaire au fonctionnement de l'instrument. Sur l' "almemer"
avaient pris place le rabbin, le'hazan et un délégué
du comité. Le rabbin veillait à la bonne observation des rites,
les "schmouss" et conversations particulières n'étaient
pas tolérés !
Lors des "yontef ", des jours de fête, le hazan était
accompagné par des choristes comme par exemple : M. Henri Moyse (ténor),
employé chez Tissus Cahen, place du Marché ( "Hambacher
Boutik" ! Les Cahen étaient originaires de Hambach), M. Max
Coblentz, banquier de son état ou encore M. Albert Neher (baryton), commerçant
en machines à tricoter et père du
professeur André
Neher.
Plus tard, M. Albert Kahn forma une petite chorale de garçons, âgés
de plus de 10 ans. Pour récompense de leur participation aux offices,
les enfants avaient reçu des "ma'hzorim", livres de
prières pour les fêtes, offerts par la communauté. La chorale
prit une grande ampleur par la suite avec la participation de jeunes gens et
de jeunes filles jusqu'à atteindre un effectif d'une trentaine de personnes.
Les répétitions étaient menées par un musicien chef
de choeur non-juif, sous la direction du 'hazan Albert
Kahn. La plupart des membres de la kehila, de la communauté,
étaient membres payants de la chorale, membres passifs bien sûr.
Avec les recettes de ces cotisations, la chorale organisait les soirées
dansantes de Simhath Torah ou de Pourim,
lesquelles étaient animées par diverses attractions.
Les Shabath et les jours de fête, les dons faits au moment de la lecture de la Torah étaient annoncés en francs français bien qu'à cette époque l'Alsace-Lorraine fût soumise au Reich allemand, jusqu'en 1918. Les fidèles versaient de fait 8 marks pour 10 francs "geschnodert", annoncés.
Sur le plan professionnel, il y avait dans la communauté un médecin,
un avocat, des professeurs, un banquier, un artiste-peintre (M. Harmelin), des
industriels, des commerçants, des artisans et six bouchers : MM. Camille
Joseph, Paul Joseph, Léon Rheims, Simon Stern, Félix Ury et Mendel
Ury. En ce temps, les bouchers allaient acheter les bêtes directement
à la
campagne, chez les paysans ; ils s'y rendaient avec leurs chars à banc.
Deux hèvress, confréries, "Honim Dalim",
présidée par M. Ernest Bloch et "Chomrê Emounoh",
présidée par M. Julien Wolff, organisaient les lernen
(soirées d'étude) de "Chone Rave" ("Hoshana
Raba") et de "Schefouss " (Shavouoth).
Ces
réunions avaient lieu au domicile d'un des membres de la hévra
et se déroulaient dans une ambiance familiale. Après la lecture
des psaumes par différents membres de ladite hévra, le rabbin
faisait un exposé sur des thèmes bibliques et parfois sur des
thèmes plus en prise sur l'actualité. Ensuite, le trésorier
rendait compte de la situation financière avant que le président
n'annonçât la distribution des subventions aux pauvres de la communauté
: quelques sacs de pommes de terre, quelques quintaux de charbon.
Ainsi s'écoulait la vie de cette communauté dans la paix et la
sérénité.
Du 17 au 19 septembre 1940, la synagogue fut détruite par les hordes
nazies et leurs complices locaux.
Monument aux morts de la communauté juive de Sarreguemines. |
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