Abraham, le sofer d'Ihringen écrivit en 1732 une hagada qui se trouve dans une collection privée à Jérusalem, une seconde en 1740, qui appartient à une collection privée parisienne, et une troisième en 1756, qui fait partie du Musée juif de Londres. Ce sont les seules hagadoth connues de ce sofer qui a dû en produire bien davantage.
Au dos de la hagada de 1740 on peut lire un petit texte publicitaire, rimé de surcroît :
Wer solche Haggada will käufen soll zu dem Abraham Sofer läufen. Er gibt en billigen Preys und legt er dran seyn besten Fleys. |
Ce qui en traduction donne à peu près ceci : |
Que celui qui veut acheter une Hagada, qu'il courre chez Abraham le Scribe. Il les vend bon marché Il y met tout son zèle. |
Ihringen, où le sofer habitait, ne se trouve pas, à proprement parler en Alsace, mais de l'autre côté du Rhin, sur le Kaiserstuhl, à trois kilomètres de Alt-Breisach et du Rhin, donc à quelque quatre kilomètres de l'Alsace.
Jusqu'en 1789, les relations entre les populations des deux côtés du Rhin étaient excellentes ; des propriétaires possédaient des terres des deux côtés, et le Rhin ne constituait qu'un obstacle mineur aux échanges économiques ou culturels.
Abraham le sofer s'est visiblement inspiré des ouvrages imprimés lorsqu'il écrivait ses livres. La page de garde de la hagada parisienne en est la preuve ; il y a ajouté, il est vrai, une note personnelle en dessinant un personnage, dans la partie inférieure, qui se fait verser de l'eau sur les mains au cours de la cérémonie du Seder. On retrouve une note locale, alsacienne, dans un décor floral à prédominance de tulipes et d'œillets.