DANS le Chemoné-Esré (*) , nous
trouvons les mots "mathir assourim". Ces deux mots
signifient littéralement "qui délie ceux qui sont liés".
Dans le Chemoné-Esré, ils qualifient Dieu et doivent
être traduits "Celui qui délivre les captifs". La composition
du Chemoné-Esré remontant aux temps lointains où
les captifs qui avaient été fait prisonniers dans les combats
ou enlevés, hommes ou femmes, par les brigands, étaient retenus
dans les souffrances et les misères, on comprend l'introduction de
ces deux mots, dans la plus importante de nos prières, en faveur des
captifs.
Mais, dans l'hébreu talmudique, on a formé de la racine qui, nous l'avons dit, signifie "lier", un substantif qui veut dire "défense", c'est le mot "issour", pl. "issourim" . Ce substantif, on le voit, au pluriel, ne diffère du mot qui veut dire "captifs", que par une petite voyelle : I à la place de A.
Cette légère différence orthographique disparaît vite dans le dialecte alsacien qui, sous ce rapport, connaît peu de scrupules. Et alors, lorsqu'on parle de quelque Rabbin dont on a l'intention - ne serait-ce que pour pratiquer l'ironie - de faire remarquer le libéralisme religieux, on joue sur les mots et, par la légère permutation de la voyelle A en la voyelle I, le mot "assourim" (captifs) devient le mot "issourim" (défenses). On appelle donc ce rabbin "mathir issourim", ce qui signifie, dans ce cas : "qui permet les choses défendues".
* | Prière dite des "Dix-huit bénédictions", récitée par un Juif trois fois par jour. |
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