"D'où peut venir cette maxime, d'une affirmation si imprévue ?
Serait-ce d'après cette interprétation talmudique suivant laquelle les hommes ne devant pas jouir sur cette terre d'un bonheur parfait, ou ayant commis, au cours de leur vie, une action blâmable, Dieu voulant qu'ils arrivent dans l'autre monde purifiés de tout mal, leur envoie quelque faible tourment sur cette terre : soit la pluie quand ils voyagent ?
D'autre part, les mécréants, si mécréants soient-ils, n'ont-ils pas à leur actif quelque action louable et Dieu, voulant pouvoir les châtier comme ils le méritent, récompense pourtant ici-bas, leur bonne action en les favorisant d'un bon soleil quand ils sont en route ?
En Alsace, on est tenté par une autre explication. La cigogne se nomme en hébreu "hacido" ; le pluriel pourrait être "hacidim" qui signifie également "pieux". Les cigognes, dans leurs prégrinations, ayant quitté les pays chauds pour nos contrées, arrivent en Alsace entre au temps de la mauvaise saison, d'où le dicton : "Wen die "Hassidem" rasë, régnet's" ("Quand les cigognes voyagent, il pleut").
Et les juifs alsaciens, quand ils rencontrent un voyageur trempé par l'averse, ne manquent pas de dire, soit par simple jeu de mots, soit en manière de moquerie ou de consolation, suivant qu'ils s'adressent à un incroyant ou à un homme pieux : "Wen die "Hassidem" rasë, régnet's" - "Quand les hommes pieux voyagent, il pleut".
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