Anna Odel Bollag Geismar est née le 22.2.1885 à Grussenheim, fille de Jacques Geismar et de Sophie Weil.
Elle était la plus jeune de 8 enfants. Ils ont tous fréquenté l'école de Grussenheim.
Il y avait un erouv à Grussenheim. C'était une famille de juifs de la campagne, religieux sans compromis.
Elle s'est mariée en 1911 avec Victor Bollag de Zurich, ville où elle s'est installée.
Ils ont eu trois fils et Anita Hoenel Bollag, jeune enfant à l'époque et dont Anna Bollag était la grand-mère paternelle, a souvent été chez elle dans les années 1960, mais son mari ne vivait malheureusement plus.
Les Shabath y étaient très familiaux, les repas succulents et l'après-midi tous les petits-enfants venaient chez elle.
Elle parlait parfaitement le judéo-alsacien et pour la famille suisse cela facilitait la communication.
Elle était bénévole pour la communauté de Zurich après son mariage, faisait de la couture et confectionnait les sargueness (habits mortuaires).
Elle est décédée le 9 janvier 1977.
Elle a laissé un souvenir sonore en judéo-alsacien.
Traduction :
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Les hommes partaient chaque matin du village dans toutes les quatre directions.
Le jeudi, les marchands de bestiaux emmenaient leurs bêtes à Colmar, au marché. Ils devaient se lever tôt avant le lever du jour, car il y avait trois heures de marche pour aller de Grussenheim à Colmar, et avec les bêtes, c'était encore plus long. .
En route, quand il faisait jour, ils ont d'abord prié et mis les tefilines et prier, car dans mon enfance, ils étaient tous pieux.
A Colmar, les juifs affluaient de partout : Horbourg, Wintzenheim, Habsheim, Biesheim, Neuf Brisach mais également de Vieux Brisach dans le pays de Bade.
A midi, ils mangeaient à la Gar Kisch. Le soir, ils rentraient chez eux en rapportant les carpes vivantes pour Schawess.
Nous avions une belle Schülle. Le chazan habitait à côté.
À Grüssenheim il n'y avait autrefois que des boulangers et des bouchers juifs. Les non-juifs n'achetaient la viande et le pain que chez eux. Le samedi soir, ils attendaient devant la porte jusqu'à ce que le Schawess soit fini, été comme hiver.
Le dimanche, les bouchers allaient aussi dans d'autres villages pour vendre leur viande.
Il y a près de chez nous un village qui est à une bonne heure de Grüssenheim. Il s'agit de Illhaeusern.
Nos hommes y allaient presque chaque jour.
Parmi eux, il y en avait un qui aimait bien boire et qui rentrait tard chez lui.
Sa femme avait beaucoup de soucis à la maison. Elle devait bouillir le linge, attendre les enfants et avait une grande famille. Elle était fâchée quand il est rentré tard un soir, à moitié ivre.
Elle lui dit alors :"je n'ai pas encore eu une bonne heure avec toi".
Il lui a répondu : "Va Caroline de Grussenheim à Illhaeusern, et là tu auras une bonne heure".
Traduction française : Claude HOENEL