David, Paul-Louis-Bernard DRACH
Rabbin converti
1791-1865
Philippe-E. LANDAU
Si les conversions sont rares en ce premier quart de 19ème siècle,
elles suscitent toujours la désapprobation du milieu familial et le
mépris de la communauté. Près de cinquante cas d'apostasie
se produisent à Paris avant 1830 sur une population israélite
qui compte à peine 8 500 âmes (1).
Pour certains, ces ruptures traduisent la fragilité du judaïsme
français qui affronte désormais l'émancipation prônée
par la Révolution française et confirmée depuis le 1er
Empire. Elles sont souvent le fait d'individus socialement intégrés
et ignorants en matière religieuse.
L'exemple de David Drach, rabbin brillant et gendre du grand rabbin du Consistoire
Central Emmanuel Deutz, fait exception en 1823 et n'a rien de commun avec
celui de Jacob Libermann, le
fils du rabbin de Saverne, qui rejette l'autorité paternelle et la
Torah malgré des études rabbiniques, ou celui d'Alphonse Ratisbonne
qui, né dans un milieu indifférent au judaïsme et après
avoir été hostile à la conversion de son frère
Théodore, a une révélation et abjure en 1842 (2).
Une enfance alsacienne
Sur David Drach, voir aussi l'article de Moché CATANE :
Mauvais juif, mauvais chrétien
Nous avons pu constater certaines différences de date et d'orthographe
des noms entre les deux auteurs, mais nous ne les avons pas
rectifiées, faute de pouvoir accéder à leurs sources (n.d.l.r.) |
David Drach, fils de Moïse et de Feyelé Weiler, naît le 6
mars 1791 vraisemblablement à Bischheim, bourgade proche de Strasbourg
et foyer juif le plus important d'Alsace. Vers 1792, la famille s'installe alors
dans la métropole, rue des Chandelles.
En 1808, le ménage compte cinq enfants dont deux filles. David est le
troisième enfant. A ce moment, le père, lors de la prise de nom
patronymique, choisit celui de Drach qui en allemand signifie dragon. Toutefois
ce nom peut aussi dériver de l'hébreu
dracha qui signifie
conduire, influencer ou parler. Est-ce son surnom au sein de la communauté,
lui qui exerce la fonction de chantre avec sa voix puissante et sa haute taille
? A notre connaissance, ce patronyme n'est porté que par cette famille
alors qu'il est fréquent de le trouver chez les protestants.
Comme tout garçon issu d'un milieu modeste et pieux, David reçoit
une solide éducation religieuse. Jusqu'à l'âge de dix
ans, son père est son principal enseignant puis, sur les conseils des
autorités rabbiniques, il est envoyé à l'école
talmudique d'Ettendorf vers 1803, Durant quatre années, il approfondit
ses connaissances tantôt à
Bischheim avec le futur grand rabbin de France
David
Sintzheim (1804), tantôt à Westhoffen avec rabbi Isaac Luntteschuz
(1805) ou à Phalsbourg avec rabbi
Baruch
Gougenheim. Lors de ses vacances à Strasbourg, il s'entretient avec
rabbi David Sintzheim. Toujours encouragé par ses maîtres, il envisage
de compléter son savoir en se rendant à Lublin en Pologne avec
son ami
Samson Libermann, l'un
des fils du rabbin de Saverne, qui sera le premier de la famille à se
convertir en 1824. Mais les guerres napoléoniennes les empêchent
de réaliser ce voeu.
Achevant ses études, il enseigne alors la religion dans la communauté
de Ribeauvillé et devient le précepteur des enfants de
Meyer
Sée. Il se distingue déjà en composant une
Ode
hébraïque en l'honneur de l'Empereur et de la paix de Tilsitt en
juillet 1807 qui est aussitôt publiée dans
Le Messager du Haut
Rhin. Dès 1809, il réussit avec succès ses examens
religieux auprès du Grand rabbin Lazare Hirsch et est nommé rabbin
et docteur de la Loi. Recommandé par Meyer Sée, il rejoint Colmar
pour y demeurer pendant deux années précepteur au sein de la famille
du riche négociant Abraham Javal.
Les ambitions parisiennes
Pages de la Hagada (récit de Pâque) que David
Drach publie à Metz en 1818, alors qu'il est encore rabbin.
|
Réformé pour myopie en 1811, le rabbin Drach échappe ainsi
à la conscription et peut enfin réaliser l'un de ses projets :
vivre à Paris même si son père le lui déconseille.
La capitale de l'Empire commence à exercer un attrait certain sur ses
coreligionnaires. Les raisons de son départ volontaire ne sont pas claires.
Veut-il affronter la vie parisienne afin de s'émanciper de la tradition
simple mais rigoureuse du judaïsme alsacien ? Craint-il de rester toute
sa vie un petit rabbin de communauté ? Aspire-t-il peut-être à
une promotion dans l'organisation consistoriale instaurée depuis 1808,
d'autant plus qu'il connaît bien le premier grand rabbin David Sintzheim
? A-t-il été recommandé par la famille Javal à un
notable parisien ? David Drach ne s'explique guère sur ses motivations
mais trente années plus tard, dans son ouvrage majeur,
De l'harmonie
entre l'Eglise et la synagogue, il se montre sensible à l'ouverture
d'esprit des Juifs parisiens :
"Qu'ils étaient
différents de nos Juifs alsaciens, ignorants, grossiers, avides d'argent..."
(3) Ce jugement paraît sévère mais il
n'est pas impossible que David Drach, conscient de ses capacités intellectuelles,
ait voulu jouer un rôle dans l'émancipation du judaïsme. A
Paris, tous les espoirs sont alors permis d'autant plus que des réformateurs
s'activent autour du Consistoire central. David Drach ne s'exprime jamais sur
le sujet mais il semble que dès la fin de ses études, il a délaissé
certaines croyances talmudiques. Quoi qu'il en soit, il part "riche en
espérances vagues, pauvre en finances".
Il rejoint alors le quartier populaire de Beaubourg en 1812 où se concentrent
les petits colporteurs juifs et la majorité de la communauté.
Ses titres lui permettent de trouver très vite un emploi. Ayant certainement
pris contact avec le grand rabbin Sintzheim, il est déjà introduit
dans l'institution consistoriale et devient ainsi précepteur chez l'industriel
Baruch Weil, bisaïeul de Marcel Proust et notable distingué du consistoire
de la Seine. Parfois, il prononce des sermons en la synagogue de la rue Geoffroy-Langevin
ce qui lui vaut les éloges des grands rabbins Abraham de Cologna et Emmanuel
Deutz qui ont des difficultés à s'exprimer en français.
Mais après ses activités religieuses, David Drach se livre à
des études profanes dont le grec et le latin. Il devient bachelier en
1818 puis obtient le diplôme de l'Ecole normale de Paris pour l'enseignement
primaire. Il est ainsi le premier rabbin à posséder divers titres
dont il s'enorgueillit. Ses connaissances lui valent l'estime des réformateurs
dont Olry Terquem mais aussi celle du grand rabbin Deutz qui le marie avec sa
fille Sara en 1817. Trois enfants naissent de cette union mais il est intéressant
de constater qu'aucun d'eux ne possède un prénom israélite
usuel ce qui est étonnant car ils sont issus du milieu rabbinique : Clarisse
(1818), Rosine (1819) et Auguste (1821).
Un avenir rayonnant lui est promis au sein de la communauté. En 1818,
il fait publier à Metz une
Haggada ou Cérémonial des
deux premières soirées de Pâque dans laquelle il précise
en guise d'introduction : "Depuis longtemps, la Synagogue française
réclamait des livres en langue vulgaire".
Ouverture d'esprit sans doute, David Drach souhaite participer à l'émancipation
intellectuelle de ses frères. Une année plus tard et jusqu'à
sa conversion, la direction de l'Ecole mutuelle israélite de Paris lui
est confiée. Son diplôme d'enseignant, ses connaissances rabbiniques
lui ont conféré ce poste pour lequel il doit s'évertuer
à faciliter "à la jeunesse l'acquisition d'une instruction
religieuse, morale et civile qui la mette à même de connaître
et de remplir ses devoirs envers Dieu, envers le Prince et la patrie",
conformément aux décisions doctrinales du Grand
Sanhédrin
(4).II continue à composer des odes
dont une est très remarquée lors de la naissance du duc de Bordeaux
ce qui lui permet de la lire au roi Louis XVIII lors d'une audience en octobre
1820. C'est lui qui rédige aussi l'ode pour l'inauguration de la synagogue
Notre-Dame de Nazareth qui remplace celle trop vétuste de la rue Saint-Avoye
en 1821.
En l'espace de quelques années, David Drach a réalisé maintes
de ses ambitions. Bachelier et diplômé de l'enseignement, rabbin
et directeur d'école, auteur et père de famille, son parcours
est sans faille. Mais dès 1821, un nouveau projet l'anime. Il veut restituer
le texte hébreu de la Torah d'après les "Septante" (première
traduction de la Bible hébraïque en grec), convaincu que la traduction
grecque est plus authentique que l'original en hébreu. Pendant deux années,
il travaille à cette étude, consultant toujours et encore plus
les textes chrétiens. Informé de cette approche peu conforme à
la tradition juive, le grand rabbin Cologna lui interdit de persévérer
dans cette démarche et le menace d'excommunication. Des tensions apparaissent
aussi avec son beau-père.
Est-ce ce travail d'érudition qui l'entraîne peu à peu
à s'éloigner de la foi israélite comme il l'affirme plus
tard :
"l'avais tant marché que j'avais la synagogue derrière
moi, et que je touchais au seuil de l'Eglise". Ou bien d'autresmotifs,
certainement moins nobles ?
La conversion et ses conséquences
Le rabbin Drach a-t-il nourri des doutes quant à la véracité
de la Torah et sa conversion au catholicisme est-elle le résultat d'une
longue et mûre réflexion ? D'après sa première "
Lettre
d'un Rabbin converti aux Israélites ses frères" publiée
en 1825, il affirme que son intérêt pour la religion chrétienne
est antérieur à sa venue à Paris : "Mon penchant,
bien que vague encore, pour la religion du Christ, ne pouvait manquer de se
manifester de temps en temps". Dans ce cas, pourquoi s'être autant
investi dans le judaïsme ? Rien ne laisse présager une telle évolution
même si à Paris, lorsqu'il est précepteur chez Baruch Weil,
il s'entretient sur cette religion avec la famille alsacienne Mertian. Est-ce
au contact de ces "charitables chrétiens" qu'il est encouragé
à s'engager dans cette voie ? Des doutes sont-ils nés en lui lorsqu'il
dissertait avec Louis et Bernard Mertian sur le christianisme ? Il est à
noter qu'en 1823, le banquier Louis Mertian et sa femme seront ses parrain et
marraine et que Bernard Mertian et son épouse seront ceux de ses enfants.
L'immobilisme consistorial dénoncé par David
Singer et Olry Terquem et la première défaite de ces réformateurs
en matière d'éducation l'ont-ils poussé à renoncer
à de plus vastes ambitions ?
(5) Ou bien est-ce, tout
simplement, la déception de constater que ses travaux d'érudition
sur la restitution de la Torah d'après les Septante n'étaient
guère appréciés par les membres du rabbinat ?
Tous ces éléments ont peut-être contribué à
le détacher lentement du judaïsme. Les quêtes philosophique
et religieuse de Drach l'ont vraisemblablement conduit à se convertir
mais en aucun cas, ce ne fut pour de basses considérations d'ordre matériel
ou honorifique car, par la suite, il devient bibliothécaire de diverses
institutions et vit de façon plus que modeste.
Dès janvier 1823, Drach est bien résolu à abandonner le
judaïsme et en informe la famille Mertian qui s'empresse alors d'effectuer
les démarches nécessaires auprès de l'archevêque
de Paris. Malgré l'opposition de son épouse, il suit des cours
de catéchisme auprès du doyen de la faculté de théologie,
l'abbé Burnier-Fontanel et, le 29 mars, après avoir envoyé
sa lettre de démission au consistoire de la Seine, il abjure et reçoit
le baptême
par l'archevêque de Paris en Notre-Dame
avec ses deux fillettes
(6). Son fils Auguste, âgé
de vingt mois, a été baptisé trois jours auparavant en
l'église Saint-JeanFrançois. Désormais, le rabbin David
Drach devient l'apostat Paul-Louis-Bernard, Paul en l'honneur de l'apôtre,
Louis et Bernard par affection pour les frères Mertian. Le journal catholique
L'Ami de la Religion du 2 avril estime que cette conversion est "une
conquête importante et glorieuse".
Pas une seule fois et malgré son acte, David-Paul Drach n'envisage la
séparation d'avec sa femme. Pourtant, à peine annonce-t-il son
apostasie qu'une "scène terrible" se produit dans le ménage
et que le grand rabbin Deutz est aussitôt averti de cet acte coupable.
La nouvelle se répand dans la communauté. David, Paul est injurié,
rejeté. Son beau-frère Simon l'oblige à quitter le domicile
conjugal. Drach trouve alors refuge auprès de l'abbé Philippe
Desjardins.
Trois semaines plus tard, sa femme Sara disparaît avec ses trois enfants.
L'apostat porte plainte à la préfecture de Police. Une surveillance
étroite est alors appliquée dans les milieux juifs de la capitale,
en particulier auprès des grands rabbins et des notables. Sara Drach
bénéficie de l'amitié de son père qui le lie au
banquier James de Rothschild comme le démontre cette note du ministère
de l'Intérieur en novembre 1823 : "La famille de ce particulier
(Drach) a été envoyée en Angleterre par la Synagogue de
Paris et M. de Rothschild a fait les frais du voyage". Abandonné
par ses amis, David, Paul Drach mène aussi l'enquête pour retrouver
ses enfants. D'abord, il les croit réfugiés à Metz, à
Mayence et à Francfort. Sans succès ! Vers mai 1824, il a la certitude
qu'ils résident à Londres.
Soutenu par l'abbé
Thomas Weld et le prince de Polignac alors ambassadeur en Angleterre, il réussit
à les enlever à leur mère le 7 novembre 1824
(7).
Après de telles tribulations, il aspire à se consacrer à
leur éducation religieuse tout en poursuivant ses travaux et des études
théologiques. Installé à Rome en 1830, il place ses filles
dans le pensionnat des religieuses du Sacré-Coeur et son fils au petit
séminaire du collège de la Propagation de la Foi. Ses deux filles
deviendront religieuses et son fils chanoine titulaire de Notre-Dame de Paris.
Au service du catholicisme
La vie de David-Paul Drach est entièrement dévouée à
la cause chrétienne et se partage entre Paris (1824-1830 et 1842-1862)
et Rome (1830-1842 et 1862-1865) où ses fonctions de bibliothécaire
et de savant orientaliste lui permettent d'approfondir ses études théologiques
sans pour autant choisir l'ordination.
Mais comme plus tard les deux frères Ratisbonne qui
vont oeuvrer pour l'apostasie de leurs coreligionnaires en fondant Notre-Dame
de Sion en 1845, il se préoccupe aussi de leur conversion car "...
notre nation reviendra de son fatal égarement" (8).
Drach consacre plusieurs textes pour que les Juifs abandonnent leur foi et
apparaît comme l'un des premiers convertisseurs même si son influence
est plus limitée que celle des frères Ratisbonne. En 1825, il
publie sa Lettre d'un rabbin converti suivie de deux autres en 1826
et 1833, dans laquelle il exhorte les israélites à fuir "l'infidélité"
et la "damnation éternelle". Dans la deuxième lettre,
il se félicite que douze proches parents des membres du Consistoire
central professent publiquement la religion catholique. C'est surtout dans
son ouvrage majeur en deux volumes De l'harmonie entre l'Eglise et la
Synagogue (1844) qu'il exprime ses convictions dans un esprit apostolique.
Toutefois, contrairement à l'abbé Jacob, François Libermann
et aux frères Lehmann, il ne renie jamais ses frères : "Il
ne peut entrer dans mon intention de flétrir une nation à laquelle
j'appartiens toujours selon ma chair" (9).
David-Paul Drach a été à l'origine de plusieurs conversions
d'israélites à partir de 1824. Outre celle d'un médecin,
Ignace Morel né Lévi Gimpel, qui rompt avec le judaïsme
suite "à l'exemple édifiant de M. Drach", il faut
souligner son intervention dans celles des frères
Libermann et de son beau-frère Simon Deutz.
De longue date, Drach connaît bien la famille Libermann puisqu'il a
étudié la Torah avec Samson qui, devenu médecin, se convertit
juste après lui, en 1824, à Strasbourg. Jacob Libermann, après
être entré à l'Ecole rabbinique de Metz, est en proie
à une crise religieuse. Samson l'envoie à Paris auprès
de Drach qui s'active déjà à convertir un autre frère
Félix-Felkel ! En 1826, l'ancien rabbin participe à la conversion
de trois fils Libermann dont Félix, Paul (mars), Nathanaël, Alphonse
(septembre) et Jacob, François (décembre) qui deviendra abbé
et fondateur de la congrégation du Saint-Coeur de Marie en 1840. David,
le dernier frère, abandonne le judaïsme plus tard en 1837. Drach
revient alors à Paris pour assister
à son apostasite. Sur
les sept enfants du rabbin Libermann de Saverne, cinq ont abjuré.
De Simon Deutz, l'histoire retient surtout sa trahison à l'égard
de la duchesse de Berry en 1832. Toutefois, Drach n'est pas étranger
à la conversion subite de cet "esprit turbulent et inquiet (...),
longtemps agité par des troubles extrëmes..." Simon Deutz,
qui causa bien des tracas au néophyte Drach, croyant à sa sincérité
et voulant l'éloigner du grand rabbin, lui propose d'effectuer son
catéchuménat à Rome, ce qu'ils fait. Le 3 février
1828, Simon est baptisé Hyacinte. Comme celle de Drach en 1823, l'apostasie
de Deutz représente une victoire pour l'Eglise. N'est-ce point le fils
du grand rabbin de France qui renie sa foi à la suite de son gendre
? Drach le présente alors à l'archevêque de Paris qui
le prend sous sa protection. C'est cependant avec déception que Drach
apprend sa traître attitude en 1832 : "Satan entra dans ce nouveau
Judas". Lors du retour au judaïsme de Simon Deutz en 1833, Drach
en appellera alors à la miséricorde divine.
Soutenu par les papes, les cardinaux et de nombreux ministres, David, Paul
Drach s'affirme comme un brillant orientaliste et publie plusieurs travaux
scientifiques dans un souci toujours apostolique. Hormis une correspondance
avec les frères Ratisbonne et la fidèle amitié qui le
lie à Jacob, François Libermann jusqu'à la mort de ce
dernier en 1852, Drach n'a plus de liens avec la communauté. Dans ses
écrits, il persiste à condamner les "anciennes superstitions
judaïques" et plus particulièrement le Talmud et à
souhaiter la conversion d'Israël comme en témoigne son ouvrage
Le Pieux Hébraisant rédigé en 1853 qui contient
les principales prières chrétiennes en hébreu. Pour
Drach, cette étude est salutaire pourvu qu'elle "augmente la piété
des uns (des chrétiens) et convertisse le coeur des autres (des juifs)"
(10).
David, Paul Drach a certes renié le judaïsme mais en aucune manière
ce fut pour obtenir une quelconque promotion au sein de la société
chrétienne. Ses capacités et ses fonctions lui auraient certainement
permis de trouver une position plus confortable au sein du Consistoire. Etrange
destin ! Etait-il né trop tôt pour une communauté qui
n'était pas encore prête à s'offrir à la modernité
et à céder la place à des jeunes rabbins ambitieux et
ouverts d'esprit ?
Notes
* Cette étude est le résultat d'un travail plus ambitieux sur
les conversions des Juifs français au XIX' siècle qui doit conduire
à une biographie complète sur Drach.
Pour de plus amples informations, nous renvoyons le lecteur à la thèse
de Paul Catrice,
L'Harmonie entre l'Eglise et le Judaïsme d'après
la vie et les oeuvres de Paul Drach, Faculté de théologie de Lille,
1978.
- Christine Piette, Les Juifs de Paris (18081840),
Presses de l'Université Laval, Québec, 1983, pp. 150-155. Retour
au texte.
- Sur François Libermann, consulter Libermann (1802-1852).
Une pensée et une mystique missionnaires, sous la direction
de Paul Coulon et Paule Brasseur, Cerf, 1988. Au sujet des frères
Ratisbonne, lire les Souvenirs de Théodore Ratisbonne, Notre-Dame
de Sion, 1966 et la synthèse de François Delpech, Notre
Dame de Sion et les Juifs, Sur les Juifs, Presses Universitaires de
Lyon, 1983, pp.321-368. Retour au
texte.
- David-Paul Drach, de l'Harmonie entre l'Eglise et la Synagogue,
tome 1, Paris, 1844, p.47. Retour
au texte.
- Le Grand Sanhédrin de Napoléon, sous la direction
de Bernhardt Blumenkranz et Albert Soboul, Privat, 1979 et Les décisions
doctrinales du Grand Sanhédrin sous la direction de René
Gutman, Presses Universitaires de Strasbourg, 2000. Retour
au texte.
- Jay-R. Berkovitz, The Shaping of Jewish Identity in Nineteenth century
France, Détroit, 1989, surtout le chapitre 3. Retour
au texte.
- Voir le récit qu'en fait Drach dans sa Lettre d'un rabbin converti
aux israélites ses frères sur les motifs de sa conversion,
Paris, 1826. Retour au texte.
- Ignace-Xavier Morel, Renseignements relatifs à la persécution
dont M. Drach, rabbin converti, a été l'objet, Mémorial
catholique, mars 1826. Retour au texte.
- David-Paul Drach, Lettre d'un rabbin converti..., p.26. Retour
au texte.
- David-Paul Drach, De l'Harmonie entre l'Eglise et la Synagogue...,
tome 1, P. 29. Retour au texte.
- David-Paul Drach, Le Pieux Hébraïsant, Paris, 1853,
p.14. Retour au texte.