Arnaud Aron naît à Soultz-sous-Forêt le 11 mars 1807. Sa famille le destine à une carrière rabbinique, et il commence ses études talmudiques à Haguenau dès son plus jeune âge, pour les compléter à Francfort-sur-le-Main.
En 1830, il est devient le rabbin de la petite communauté de Hégenheim en Haute Alsace. C'est là qu'il épouse Caroline Frank qui lui donnera sept enfants.
En 1833, à la suite de la démission de son grand rabbin, Séligmann Goudchaux, le Consistoire de Strasbourg dirigé par Louis Ratisbonne, nomme à son poste le jeune Arnaud Aron qui n'a alors que 27 ans, mais qui est connu comme un éminent talmudiste et un brillant orateur. Comme l'âge de trente ans est requis pour occuper cette fonction, il doit recevoir une dispense pour y accéder. Il restera grand rabbin de Strasbourg pendant presque soixante ans.
Sous son rabbinat la communauté de Strasbourg prend de plus en plus d'importance, parce que la population juive délaisse peu à peu la campagne pour s'installer dans les grandes villes.
Aron se distingue par l'éloquence de sa prédication, son art de convaincre, et pour son dévouement envers la communauté juive. Il contribue à la fondation de l'École d'Arts et Métiers, et prend un intérêt actif à d'autres institutions de bienfaisance, par exemple l'hospice Elisa.
Sincèrement traditionnel, Arnaud Aron tente de concilier les tendances modernistes des responsables consistoriaux et de la classe intellectuelle avec la masse de la communauté, attachée aux coutumes du judaïsme alsacien. Certes, il doit céder à la pression des notables et faire installer un orgue à la synagogue consistoriale de la rue Sainte-Hélène, mais il reste ferme pour ce qui concerne la liturgie ou l'interdiction d'un chœur mixte.
Il est le premier grand rabbin décoré à la fois par les deux pays ennemis. En 1866, le gouvernement français avait reconnu ses services en le nommant chevalier de la Légion d'honneur. En 1870, pendant le siège de Strasbourg, il se joint à l'archevêque de la ville pour hisser le drapeau blanc sur la cathédrale ; par conséquent, il sera aussi décoré par l'empereur allemand.
A l'inverse de ses deux collègues de Colmar et de Metz, Arnaud Aron ne quittera pas son poste après l'annexion de l'Alsace en 1870 et réussit à maintenir une harmonie dans le domaine cultuel entre les autochtones et les familles venues d'Allemagne. Il remplit même à certaines périodes les fonctions de président du consistoire.
Arnaud Aron est l'auteur d'un ouvrage qui a rencontré une grande popularité parmi les israélites de France : "Prières d'Un Cœur Israélite : livre d'offices et recueil de prières et de méditations pour toutes les circonstances de la vie", un recueil composé en collaboration avec Jonas Ennery. Publié par la Société consistoriale des bons livres pour la première fois en 1948, il a connu quatre rééditions du vivant de son auteur, et a été réimprimé plusieurs fois par la suite.
Les obsèques d'Arnaud Aron, décédé à 83 ans, le 3 avril1890, furent l'occasion d'un témoignage de respect et d'appréciation de la part des autorités et de la collectivité de toute la région.
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