Cerfberr de Médelsheim avait épousé, en secondes noces, Hanna Regensburger, veuve de Sussmann Brüll de Furth en Bavière.
"Monsieur Louis Ratisbonne vient de fonder à ses propres frais un hospice pour les israélites. C'est un nouveau et immense bienfait qu'il ajoute à tous ceux dont il a déjà comblé sa communauté et qui témoigne encore du noble usage qu'il sait faire d'une fortune acquise par une longue et laborieuse carrière. Cet hospice est situé dans la rue de l'Ecarlate, et est destiné à offrir un asile à des israélites âgés des deux sexes, qui se recommandent par leur moralité, et qui sont privés de ressources.Le 5 avril 1854, Louis Ratisbonne fit un testament mystique qu'il déposa, chez le notaire Rencker. Il y inséra un article spécial au sujet de l'Hospice Elisa. On y lit, en effet, les passages suivants :
Déjà dix admissions y sont faites ; six vieillards et quatre femmes. L'ensemble de l'établissement se compose de deux dortoirs, d'une salle à manger commune, d'un petit oratoire et de toutes les dépendances nécessaires ; une cour bien aérée et un jardinet sont à la disposition des pensionnaires. Tout est disposé avec beaucoup de commodité et une propreté remarquable.
M. Ratisbonne a nommé un comité d'administration chargé des admissions et d'une surveillance constante. Ce comité se compose de MM. Aron, grand-rabbin, Aronssohn, docteur-médecin, chevalier de la Légion d'Honneur, L. Bloch, membre du consistoire israélite, R. Lippmann, maître de poste, H. Weil, membre du comité de l'école israélite des arts et métiers, Ch. Hirsch, directeur du comptoir d'escompte, Ed. Bamberger, docteur en. médecine, Simon Cerf, membre de la commission administrative du temple.
Hier soir a eu lieu l'inauguration de cette belle institution, en présence d'un petit nombre de personnes qui toutes étaient vivement émues par la touchante simplicité de cette cérémonie et par l'aspect de ces dix pensionnaires naguère encore dans la plus grande indigence et auxquels la générosité de M, Ratisbonne assure une vie douce et même confortable jusqu'à la fin de leurs jours."
"J'ai créé à Strasbourg, rue du Dragon, un hospice, où, sont admis quinze Invalides israélites des deux sexes.Les légataires universels de Ratisbonne continuèrent à faire les démarches nécessaires à l'effet d'obtenir l'autorisation du Gouvernement pour son uvre, et ces démarches furent couronnées de succès. L'Hospice fut reconnu comme Établissement d'utilité publique par décret impérial du 27 avril 1859.
Désirant que cette institution soit maintenue et augmentée au profit d'autres Invalides ou de personnes âgées et infirmes, je déclare affecter à cette Institution par mon Testament toute la maison et ses dépendances, rue du Dragon, y compris le Mobilier y affecté et dont je suis propriétaire, à condition que cet immeuble ne pourra jamais recevoir d'autre destination que celle ci-dessus indiquée et lui conserver le nom d'Hospice Elisa ainsi que l'indique l'inscription au-dessus de la Porte du Réfectoire.
La nouvelle Maison qui sera ajoutée devra porter mon nom Louis Ratisbonne et l'inscription devra l'indiquer.
Pour doter cet établissement d'une manière convenable, j'y attache une rente annuelle et perpétuelle de six mille francs que mes légataires universels seront tenus de garantir régulièrement par hypothèques, rente sur l'État ou tout autrement.
Mais attendu que cette fondation ne peut avoir lieu régulièrement sans autorisation du gouvernement, je charge mes légataires universels et mon exécuteur testamentaire de continuer après mon décès les démarches nécessaires à l'effet d'obtenir cette autorisation et en même temps, celle nécessaire pour l'acceptation du legs, et dans le cas où l'autorisation ne serait pas obtenue dans les deux années de mon décès, je donne et lègue l'immeuble ci-dessus désigné, avec la dotation de six mille francs de rente, au nom du Consistoire Israélite de Strasbourg avec la condition formelle que l'immeuble conservera perpétuellement la destination que je lui donne et que la dotation ne pourra être employée qu'aux dépenses nécessaires à l'établissement et au bien-être des pensionnaires, à défaut de quoi, mes légataires universels ou leurs représentants pourront poursuivre la révocation du legs par tous les moyens de droit.
Je donne à cet hospice encore trois lits complets de chez moi et que je désignerai à mon honorable confident, Monsieur Charles, pour les malades.
Je maintiens aussi le lit affecté par Madame veuve Brisach en tant qu'elle ou ses héritiers continueront à payer la dépense annuelle pour l'entretien d'un Invalide.
Je demande que, pendant une année, à partir de mon décès et tous les jours, matin et soir, la Prière (Minjan) se fasse à mon hospice en ma mémoire pour dire Kaddisch d`après le rite prescrit par ma religion ; à cette prière il y a à désigner indépendamment des Invalides de l'Établissement, huit pauvres de la Communauté Israélite de Strasbourg désignés par Monsieur le grand-rabbin et les membres de la Commission du Temple.
Ce choix devra être fait parmi les plus nécessiteux et les plus méritants de la ville ; il y aura dans ce nombre deux rabbins, dont l'un sera Reb Moschele (Utenheim) et le second au choix de la Commission.
Je donne à chacun des six Pauvres trois cents francs pour l'année, soit vingt-cinq francs par mois, et à chaque rabbin cinq cents francs pour l'année. Ces sommes devront être payées par douzièmes de mois en mois.
Je tiens à ce qu'en mémoire de la création de l'Hospice, mon portrait soit placé dans la salle du Réfectoire en souvenir de ma personne qui s'est occupée de leur donner un asile où ils finiront tranquillement leur vieillesse sans soucis en n'oubliant pas de 1a comprendre dans leurs prières journalières. Indépendamment de ce portrait isolément placé au Réfectoire, je charge mon honorable et fidèle ami Charles Hirsch de faire placer dans une salle de l'hospice à son choix, six autres portraits de famille que je lui ai désignés, celui du grand-père feu M. Cerfberr, celui de ma mère chérie sa femme en secondes noces, celui de mon frère et de sa femme et celui de ma femme faisant pendant au mien et de la nièce de ma femme et de Madame Auguste."
"Sur le rapport de notre ministre secrétaire d'État au département de l'Intérieur ;Les premiers statuts avaient été établis en 1857, Ils contenaient, sur l'administration de l'Hospice, le passage suivant :
Vu la demande de la Communauté administrative de la communauté israélite de Strasbourg, quant à l'acceptation du bénéfice de l'oeuvre pie , les statuts de l'institution, le procès-verbal d'enquête, l'avis du commissaire enquêteur et autres pièces à l'appui les avis du conseil municipal de Strasbourg et du préfet du Bas-Rhin, la lettre du ministre de l'instruction publique et des cultes du 7 décembre 1858, Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Art. 1. L'uvre charitable fondée à Strasbourg par le sieur L. Ratisbonne sous le nom d'Hospice Elisa , dans le but de secourir les israélites âgés et infirmes des deux sexes, est reconnu comme établissement d'utilité publique,
Art. 2. Sont approuvés les statuts de cette OEuvre tels qu'ils sont annexés au présent décrit.
Art. 3. La commission administrative de l'hospice Elisa est autorisée à accepter au nom de cet établissement, et aux clauses et conditions stipulées, le bénéfice des libéralités résultant pour lui du testament susmentionné.
L'Hospice est administré par une commission composée de neuf membres nommés par M. le préfet, sur la présentation du consistoire départemental.En 1856, les recettes s'étaient montées à 8780 francs, savoir : la dotation de M. Ratisbonne 6000 francs, le loyer du bâtiment 2280 Francs et un don de Madame Brisac 500 francs.
Il est pourvu aux dépenses de la maison à l'aide :
1. De la dotation annuelle et viagère due à la piété de son fondateur, M. Louis Ratisbonne.
2. Des revenus de toute nature provenant des biens et valeurs appartenant à l'établissement.
3. Des quêtes et autres moyens par lesquels l'uvre pourrait se faire autoriser à solliciter la charité privée ;
4. Des dons et legs dont l'acceptation est autorisée par le Gouvernement.
5. Des subventions qui pourront lui être accordées par le Gouvernement, le département ou la ville de Strasbourg.