Simon DEBRÉ
(1854 - 1939)

© Ondine Debré
SON ASCENDANCE

La famille de Simon Debré n'est pas originaire de Westhoffen. Les documents les plus anciens nous conduisent à Moïse Michel, d'Ichenhausen dans le Palatinat, qui est dit originaire de Horburg en Bavière, et est même une fois appelé Horburger. Son fils aîné Michel Moyses se fixa à Lauterbourg et épousa Judel Meyer (plus tard Ottile Mog) de Haguenau, tandis que le cadet Anschel Moïse, après avoir passé à Lauterbourg à Saharrachbergheim, à Traenheim où il épousa Beylé Seligmann (devenue Babette Schwartz), s installait à Westhoffen.

En 1808 les deux frères choisirent simultanément le nom de Déprés qui se fixera sous la forme de Debré, et ne paraît pas avoir été porté par d'autres israélites qu'eux et leurs descendants. Ce nom vient probablement de l'hébreu DAVAR (parole). Ils ont tous deux assumé les fonctions de chantre. les chantres et les maîtres d'école se déplaçaient beaucoup et même au 18ème siècle n'étaient pas considérés comme domiciliés dans une localité déterminée. Les déplacements d'Anselme Debré (Anschel Moïse) signalés plus haut en sont bien la preuve. A titre de curiosité on notera qu'au recensement de 1848 les frères Jacques et Simon Dépré sont tous deux inscrits comme courtiers en conscrits.

Simon Debré est le fils de Jacques (Anselme) DEBRÉ (Déprés) né à Traenheim en 1800 (appelé "Jacob Loew Ausebel" jusqu'en 1808) et de Blandine KAHN, née à Westhoffen en 1817. Il est le petit fils d'Anselme Debré (Anschel Moïse) .

SA VIE

Né à  Westhoffen dans le Bas-Rhin en 1854, il suit les leçons de Talmud du rabbin Salomon Lévy de Brumath, puis celles des maîtres de la Yeshiva de Wurtzbourg, en Allemagne, et c'est là, sans doute, qu'il se perfectionne aussi dans la langue allemande, qu'il enseignera plus tard aux officiers de la garnison et, à un certain moment, au collège municipal de  Sedan.
Après des études à  l'Ecole Rabbinique de 1873 à 1879, il est nommé rabbin de la cité ardennaise et occupe ce poste de 1880 à  1888.

En 1882, il épouse Marianne Trenel, fille du grand rabbin Isaac Léon Trenel, directeur du Séminaire israélite.

En 1888, il est nommé rabbin de Neuilly-sur-Seine. "Il devint rapidement l'ami, et en avançant en âge, le père aimé de tous ses fidèles, pour l'aménité de son caractère, la bonté de son coeur, l'autorité due à  son savoir et à  son expérience, pour son aversion du clinquant, de la fausse science et des hypocrisies sous toutes leurs formes."

Il est aussi professeur de Talmud au Séminaire Israélite, aumônier du Lycée Janson de Sailly à  Paris, et du Refuge de Neuilly, et enfin promu grand rabbin à  titre personnel. Ses principales oeuvres sont :
- une traduction française du Judaïsme de Guedemann,
- la publication du texte et de la traduction française du Rituel journalier,
- un Catéchisme à l'usage de la jeunesse israélite,
- des Considérations sur les principales étapes de la vie cultuelle israélite, suivies d'un Recueil de Prières.
Il a publié de nombreux articles dans L'Univers Israélite et dans la Jewish Encyclopedia.

Vers la fin de sa vie, il écrit L'humour judéo-alsacien "un délicieux petit livre, tout imprégné des saveurs du terroir et de cette tendre et hilarante ironie dont l'âme alsacienne ne se départit jamais", contribuant ainsi à  sauver "de l'oubli un nombre considérable de dictons et de sentences alsaciens". Ecrivain, linguiste et talmudiste renommé, il entretient d'excellentes relations avec les pouvoirs publics et la mairie de Neuilly permettant le développement de la synagogue de la rue Ancelle.

Simon Debré est mort en 1939 et a été enterré au cimetière du Père Lachaise.

SA DESCENDANCE

Simon Debré est le père de quatre enfants :
- Robert Debré (1882-1978), pédiatre (voir ci-dessous)
- Jacques Debré (1885-1969)
- Claire Debré-Schwartz (1888-1972), mère de Laurent Schwartz, mathématicien engagé et médaille Fields, Daniel Schwartz et Bertrand Schwartz, polytechniciens
- Germain Debré (1890-1948), architecte qui réalisa l'agrandissement de la synagogue de Neuilly

Le rabbin en famille : Marianne son épouse, Robert, Germain, Claire et Jacques
© Ondine Debré
Robert DebréRobert Debré (l'un des quatre enfants de Simon Debré)
Né dans les Ardennes en 1882, il est considéré comme le créateur de la pédiatrie moderne et des centres hospitaliers universitaires. On lui doit surtout d'avoir mené le combat, dès 1910, contre la tuberculose enfantine, et préconisé plus tard la vaccination par le BCG mise au point par le docteur Calmette.
C'est lui qui met en évidence "la maladie des griffes de chat", entre autres études, et rédige une "Histoire de la médecine au XXème siècle".
Devenu après guerre l'un des plus éminents médecins français, sa renommée lui vaut nombre de hautes responsabilités et d'être associé à la réforme hospitalo-universitaire mené sous la IVème République. Il s'éteignit à Paris en 1978.


Michel Debré Michel Debré (fils de Robert Debré)
Né le 15 janvier 1912 à Paris, il est auditeur au Conseil d'Etat et entre au Cabinet de Reynaud en 1938. Mobilisé en 1940, il est prisonnier, s'évade, et passe en zone sud. En 43, il rejoint Paris et, membre du Comité général d'études créé par Jean Moulin, il participe à une réflexion sur la réforme de l'Etat. Chargé par de Gaulle de choisir les futurs commissaires de la République, il sera celui d'Angers. Au cabinet de De Gaulle (45-46), il est chargé de la réforme administrative (dont sortira l'ENA). Adhérant du RPF en 47, sénateur radical d'Indre-et-Loire en 48, il est opposé à la Constitution de la IVe République, et favorable au retour du Général. Garde des sceaux en juin 58, il est chargé de la rédaction de la Constitution. Il sera Premier ministre jusqu'aux accords d'Evian (62). Il aura en charge d'autres ministères : Economie et Finances (66-68), Affaires étrangères (68-69), et sous la présidence de Pompidou, Défense nationale (69-73). Député de la Réunion (63-89), il s'attache au développement de l'île, il est élu maire d'Amboise en 66. Il est élu à l'Académie française en 88. Il meurt le 2 août 1996.

Les fils de Michel Debré :


Olivier DebréOlivier Debré (fils de Robert Debré)
Né à Paris en 1920, frère de l'ancien Premier ministre Michel Debré, Olivier Debré expose ses toiles pour la première fois à Paris, en 1941. C'est dans la tourmente de la seconde guerre mondiale qu'il crée ses premières toiles abstraites. Après des études d'architecture et d'histoire, il devient, en 1939, l'élève de Le Corbusier.
Mais Olivier Debré n'est pas seulement l'auteur de ces grandes toiles qu'on lui connaît. Il a dessiné également un timbre-poste, peint plusieurs rideaux de scène (celui de la Comédie Française, bien sûr, mais aussi les rideaux de l'Opéra de Hongkong, du Théâtre des Abbesses de Paris et du nouvel Opéra de Shanghai).
Il a conçu des sculptures et des architectures monumentales, taillé un obélisque, décoré une voiture et des objets divers (un clavecin notamment), orné des pans de murs de céramique, ciselé des vitraux en Bretagne, illustré des livres de Francis Ponge, Julien Gracq ou Edmond Jabès....
Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'art en général et aussi sur son œuvre (Couleurs et Mots, 1996, Debré par lui-même, 1991, Toutes les Aubes Conjuguées), il est aussi la source d'inspiration des autres (Avant jour, eaux fortes, 1978, Michel Déon).
Il a posé ses pinceaux pour l'éternité le 2 juin 1999, à l'âge de 79 ans.


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