Je connais des maisons où l'on n'est pas extrêmement pieux, et où cependant on a soin de mettre de côté et de conserver pendant toute l'année un morceau de l'Aphikomen, c'est-à-dire un morceau de la matsah du milieu que le chef du ménage, au commencement de l'office dit Séder, brise en deux et dont la moitié est consommée à la fin du repas, avant la récitation des grâces ou benschen. Que signifie cet usage et pourquoi conserver ainsi, une année durant, cette bribe de pain azime. Un de mes collègues d'Alsace m'a dit que c'est uniquement pour nous rappeler, chaque jour de l'année, notre miraculeuse délivrance d'Egypte למען תכור את יום צאתך מארץ מצריים כל ימי חייחה.
Mais comme il se rattache à cette coutume une idée superstitieuse, car on suppose qu'en gardant ce morceau de pain dans un coin de la maison ou de l'arba-kanfos, on se préserve de maladies et de tout danger, il me semble qu'il faut chercher une autre explication et je propose la suivante...
L'Aphikomen, provenant de la matsah qu'on a partagée en deux, rappelle le
פרס לרעב לחמך d'Isaïe (58:7 - Partage ton pain avec celui qui n'en a pas), et le
כל דכפין ויתי ויכול
de la Haggada (Que les affamés viennent manger avec nous), ou si vous le préférez, le mot du poète français "la moitié vaut mieux que le tout".
L 'Aphikomen représente l'acte de la charité, il symbolise la tsedakah, Or, on le sait, צדקה תציל ממוות, la charité sauve de la mort. Et voilà pourquoi peut-être on attribue à l'Aphikomen une vertu prophylactique ou préservatrice.
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