La dernière
expulsion des
Juifs d'Alsace



Article de
S. Schwarzfuchs

Article de
Francis Weill

Article de
Simone Lévy

Appel aux
témoins et aux
survivants

le 15 juillet 1940 : la dernière expulsion des juifs d'alsace (2)
par simon schwarzfuchs
RECHERCHE D'INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES


Il doit être possible de recueillir des informations supplémentaires sur les événement de juillet 1940, notamment en ce qui concerne la Lorraine. Il y a encore des témoins parmi nous. Ceux que j’ai rencontrés étaient des enfants à l’époque, mais il est certain qu’il y en a de plus âgés. Il ne faut pas que ces événements restent occultés. Il en a été très peu question depuis qu’ils ont eu lieu. On en a même fort peu parlé en leur temps, mais il n’y a pas lieu de s’en étonner outre mesure : tout cela s’est passé moins d’un mois après le grand exode et les familles en étaient encore à se chercher en un temps où la poste ne fonctionnait encore pas d’une manière satisfaisante. Les organisations centrales n’avaient pas encore réussi à se resaisir et à créer la bourse d’échange d’information indispensable. Les problémes des expulsés n’étant pas tellement différents de ceux des réfugiés, on a fini par les confondre et les amalgamer. Il fallait passer à l’ordre du jour.

Voila donc brièvement exposé le drame des Juifs expulsés d’Alsace-Lorraine à la mi-juillet 1940. Le drame ? Il fut modeste par rapport à tout ce qui devait venir par la suite. Ce fut quand même le premier et l’Alsace, bientôt suivie par la Lorraine, eut la dérisoire distinction d’avoir été la première province européenne qui soit devenue Judenfrei !

Elles ouvrirent la voie aux pays de Bade et de Sarre-Palatinat qui partageaient leurs Gauleiter respectifs avec l’Alsace et la Lorraine : le 22 octobre 1940 ces derniers envoyèrent en zone non occupée dans des wagons plombés 6504 juifs de ces pays. Comme pour les Juifs d’Alsace ils ne prévinrent personne et les policiers et cheminots surpris durent aviser leurs supérieurs de leur arrivée. Ils furent envoyés à Gurs où ils passèrent près de deux années dans des conditions désastreuses avant d’être livrés aux Allemands en été 1942.

Ces malheurs avaient paradoxalement quelque chose de rassurant: ne démontraient ils pas que les Allemands tenaient à se débarasser de leurs Juifs et qu’ils ne voulaient plus en entendre parler ? Ce serait à présent l’affaire des Français. Il ne fallut que deux années pour en déchanter.

Cet espoir et cette illusion sont au coeur d’un débat qui n’a pas cessé de déchirer les historiens : l’extermination des Juifs résulte-t-elle d’un plan longuement muri par Hitler dès avant la guerre ou bien fut-elle le résultat d’un engrenage qui finit par la rendre inévitable ? L’initiative des deux Gauleiter d’Alsace et de Lorraine semble relativement spontanée et ne s’ intègre pas dans un plan concerté.

L’expulsion des Juifs n’est pas leur anéantissement. On a pu retirer l’impression que la ligne suivie à l’époque était un tant soit peu désorganisée. Hitler n’a pas voulu imposer la sienne parce qu’elle n’était pas encore définie.A quoi il sera toujours possible de répondre que la mise en place de ce "grand dessein" requérait un certain nombre de conditions qui n’existaient pas encore en 1940 et qu’il faudra les grandes conquêtes de Russie pour que le cadre physique enfin trouvé de la mise à mort industrielle rende celle ci possible. Les grands espaces et le silence de l’Europe Orientale étaient indispensables pour que le secret de l’opération puisse être gardé. Jusque là des manoeuvres restaient possibles et même souhaitables. L’expulsion des Juifs d’Alsace s’inscrivait peut être dans ce contexte. Les historiens pourront continuer d’en débattre, mais le fait restera que, pour la première fois dans son histoire connue, il n’ y avait plus de Juifs en Alsace.

Appel aux témoins et aux survivants

Cette histoire reste encore très partielle : elle ne fait pas le tour de l’Alsace ni celui des communautés touchées. Le cours des événements en Lorraine n’y est même pas évoqué. Il devrait être possible de la compléter pour l’Alsace comme pour la Lorraine grâce aux témoignages des survivants et aux souvenirs de ceux qui en ont entendu parler par leurs parents.

Il faudrait faire la liste des communautés concernées et celle, autant que possible, des expulsés. Que sont ils devenus ? Quels furent leurs points de chute ? Y en eut il qui réussirent à dissimuler leur origine et à rester, ne fût ce que peu de temps, dans l’Alsace ou la Lorraine annexée ? L’importance du sujet mérite qu’on s’y arrête pour demander l’aide de tous ceux qui ont gardé ou recueilli des souvenirs de cette époque qui s’éloigne de nous à grands pas.

Si vous possédez des informations sur ces événements, veuillez les communiquer à Monsieur Simon SCHWARZFUCHS : schwars1@mail.biu.ac.il


Réponses obtenues à ce jour :


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