Des ombres, des souvenirs, le
soleil, ils laissent tant de choses
derrière eux.
Le vaisseau s'avance, ils regardent les yeux larmoyants
s'éloigner leur terre natale au fur et à mesure que le navire
les emmène vers la Métropole.
1962, le Choc, le déracinement.
Nos frères, les juifs d'Algérie, présents depuis plus de
2 000 ans sur cette terre en sont brutalement chassés.
Quelle injustice !
Cette terre, ils l'ont aimée et y ont bâti des générations.
Leurs synagogues devenues désormais des mosquées ne
résonneront plus de ces chants généreux d'espoir.
Et puis, il y a les anciens que l'on laisse là-bas sous leurs
tombes. Quand verront-ils à nouveau leurs enfants venir
s'y incliner ! Quelle injustice. Les juifs sont présents en
Afrique du Nord, bien avant la conquête arabe. Une présence
juive y est attestée depuis la destruction du Temple
de Jérusalem en l'an 70. Une reine juive berbère, la DIA
KAHENA s'est opposée au 7ème siècle à l'invasion arabe du
Maghreb.
A Metz, chez nous, les débuts furent difficiles, mais aujourd'hui leur Myniane Beth Yossef He'hal Acher est l'un des plus joyeux de notre communauté. On aurait peut-être souhaité une plus grande venue de juifs sépharades dans les années 1970…
A tous nos coreligionnaires d'Afrique du Nord, nous voudrions exprimer notre reconnaissance. Ils nous ont apporté une Torah de joie, d'espoir, un judaïsme ensoleillé et chaleureux, une Tefila, une Prière faite de ferveur et de proximité avec le Créateur.
Qu'Haqadoch Barouhou apporte santé et bénédiction à chacun d'entre eux et à toute notre communauté.
En 1962 l'arrivée de nos coreligionnaires sépharades, même en nombre restreint, a permis de
revivifier notre communauté.
Par leur tradition communautaire ils ont participé à un renouveau religieux qui s'est traduit,
notamment, par la création d'un oratoire sépharade.
Aujourd'hui, la plupart des nouveaux arrivants à Metz sont sépharades.
Ce sont aussi leurs enfants qui proportionnellement fréquentent en plus grand nombre les institutions scolaires : le Gan Chochana, l'Ecole Nathanel et le Collège Rabbi Guershom et qui formeront le socle de la Communauté de demain.
Merci pour leur venue et leur intégration au sein de la Communauté Juive de Metz.
Ils étaient adultes, jeunes mariés, adolescents, enfants, ceux qui mirent le pied en gare de
Metz, il y a cinquante ans, transis par le froid lorrain qui les surprit, eux qui ignoraient cette rigueur hivernale dans les contrées abandonnées pour toujours, et qui étaient pour eux, non seulement leur terre natale, mais encore celle qui avait vu naître des dizaines de générations de juifs, dont la présence est établie là-bas probablement depuis la destruction du Premier Temple.
Leur acclimatation à des températures peu clémentes, à une culture étrangère, à un judaïsme vécu différemment, n'eut rien de spécifique, difficultés de la vie que l'on retrouve lors de chaque déplacement forcé de population, et, si la mise en route fut ardue, la volonté de donner une impulsion nouvelle au judaïsme français, tant dans ses traditions que dans son potentiel humain et dynamique, permit un essor incomparable dont nous profitons quotidiennement, en France en général, et à Metz, en particulier.
L'assiduité aux offices journaliers, la participation effective aux activités communautaires, les capacités de décisions clairvoyantes, l'installation dans la cité, l'essor extraordinaire d'une Kashroute sérieuse, et, plus important encore, les mariages et les cortèges de naissances, ont marqué de leur empreinte la vie juive dans ce pays.
Mais outre ces généralités pleines d'autosatisfaction, comment ne pas rappeler la mémoire de deux figures marquantes, ici, à Metz : M. le Rabbin Hillel Touitou, et M. Joseph Pinto, qui nous ont quittés trop tôt, et auxquels la Communauté doit beaucoup. Et, lehavdil ben Mavèth le H'ayim, un nom sort du lot : M. Léon Elalouf... Léon, qui nous a donné la preuve que l'on peut VIVRE à la Com' du matin au soir, et même parfois la nuit, et pourtant rester attaché à un judaïsme authentique, ouvert, souriant, en un mot "plein de H'éssèd", s'occupant des jeunes et des "moins jeunes", des religieux et des non-religieux, des Ashkenazim et des Sefardim, des offices et des repas, de la bonne tenue des personnes et des locaux, des joies et des peines, des vivants et des morts : que son humilité nous pardonne ces aveux.
Cela dit, c'est vers l'avenir que nous devons nous tourner, et à l'heure qu'il est, nous demander ce que nous pouvons faire pour que les membres de notre Communauté de Metz se mobilisent afin que les efforts de nos anciens ne soient pas vains.
Les Sefardim n'ont pas attendu ce mot pour sortir de leur torpeur : ils se sont réveillés depuis longtemps !
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