Le Rabbin Hillel Touitou et sa famille, originaires de Ain Beida, sont arrivés à Metz en juillet 1962. Son fils Moshé, déjà en garnison à Metz, avait pris contact avec la Mairie et l'administration de la Communauté.
Ils ont tout d'abord été hébergés un mois et demi à l'Hôtel Foch, puis ont séjourné quelque temps à Haguenau.
De retour à Metz, ils ont été logés dans un immeuble promis à la démolition appartenant à Messieurs Roger et Gaston Lévy, en même temps que d'autres familles : Bénichou, Levy Marceau, Aboukrat, Soudry-Benhamou, Sebban.
Habitués à une casherouth rigoureuse, il leur était difficile de manger casher. Une boulangerie située en face de l'immeuble cuisait dans ses fours le pain que les petits-enfants Paul et Rémy enfournaient eux-mêmes.
Le bagage du Rabbin Hilel Touitou était composé de deux Sefarim (rouleaux de la Torah) qu'il a installés dans une grande pièce de l'appartement qu'il occupait, pour les offices quotidiens. On criait : "Min'ha !" et les mamans envoyaient leurs fils pour le myniane.
Participaient à ces offices Messieurs Bitton, Maman, Khalfa, Morali, Nakache, etc… des gens de passage, et également des achkenazes.
Après avoir quitté la rue de Pont-à-Mousson, le myniane a continué à fonctionner rue St Eloy à Woippy, animé par Joseph Pinto, qui résidait dans le même bâtiment avec sa
nombreuse famille.
Mme Touitou s'occupait du Mikwé (bain rituel), alors situé dans le bâtiment
des Bains Municipaux, rue Haute-Seille. Tata Berthe,
épouse de Yohaï et Mme Bénichou s'occupaient des enfants
du Gan Chochana, rue St Pierre, fondé et présidé par le
Grand Rabbin Roger Kahn.
Quelque temps après le décès du Rabbin Hillel Touitou, le
myniane sefarade a cessé. Les familles ont déménagé à
Metz ou se sont installées en Israël.
Le Rabbin Touitou a été inhumé, selon le souhait du
Président Paul Lazarus, à côté du Monument aux Morts du
cimetière.
Dois-je d'abord me définir en tant que messin ou bien en
tant que sépharade ?
Quelle est l'influence du rite au travers de nos racines ?
Mon grand-père paternel, Rav Hillèle Touitou (za"l), de mémoire bénie, que je n'ai pas connu, a malheureusement été le premier à écrire mon histoire sur le sol lorrain. Il est décédé sur ma terre natale en 1965 avant même ma venue au monde. Il était né en Tunisie, à la frontière constantinoise.
Ma grand-mère paternelle, Zéhira Touitou (za"l), de
mémoire bénie, également née en Tunisie, à la frontière
constantinoise, est quant à elle décédée en 1994.
Nombre d'entre vous l'ont connue : c'était la matriarche
fédératrice d'un judaïsme ayant traversé le temps.
La Torah shébéal pé (Torah orale) comprend toute la transmission
verbale du judaïsme. Elle a permis la transmission
d'un contenu qui semblerait de prime abord volatile.
Zéhira Touitou a entretenu la mémoire de ses enseignements
afin qu'ils puissent parvenir jusqu'à nous.
Sans même consulter un calendrier, ma
grand-mère se souvenait bien évidemment
des jours de fête, des jours de
jeûne mais beaucoup plus surprenant, des ½ jeûnes qu'elle
observait avec assiduité, y compris dans son âge avancé.
Cette femme qui avait su transmettre à ses enfants les
valeurs essentielles de notre judaïsme : Shabath,
Casherouth et Taharath Hamichpah'a (lois de pureté familiale) aimait la vie par-dessus
tout. Malgré toutes les épreuves, son humour était aiguisé et
en petit comité, elle savait plaisanter sur des sujets brûlants
là où nous-mêmes n'aurions pu imaginer l'ampleur de ses
connaissances de la vie. Elle a vécu chez mes parents jusqu'à
son décès. Ce fût un privilège de côtoyer cette grande
dame (en hébreu aussi, on utilise une parabole, elle mesurait
1,50 m tout au plus).
Mon père, Jacob Touitou, est né en Algérie, dans le département
de Constantine, à Ain Beida. Ma mère, Gisèle
Touitou, est née elle aussi dans le département de
Constantine, à Tebessa.
Mes parents se sont mariés à Metz en 1965, dans la grande
synagogue, certainement le premier mariage sépharade/sépharade
à l'époque à Metz.
Je suis l'aîné d'une fratrie de quatre enfants, tous nés à Metz, à
l'hôpital Bon Secours, comme souvent à l'époque.
Né en mai 1967, cette année-là pendant Pessah et c'est M. Kirch qui a procédé à ma brith mila (circoncision).
J'ai fait partie d'une des premières promotions du Gan Chochana
qui venait d'être rapatrié depuis la rue Saint-Pierre dans les
locaux communautaires actuels. A cette époque déjà, l'intégration
était particulièrement difficile et au travers des paroles
des autres enfants, il était aisé de ressentir le sectarisme
de certains parents. Aujourd'hui, D. merci, les choses ont
évolué.
Après le Gan, il n'existait alors ni Ecole Nathanel, ni
Collège Rabbi Guershon. J'ai poursuivi ma scolarité en primaire
à l'Ecole Sainte-Thérése. Cependant, les mercredis
après-midi étaient réservés au Talmud Torah.
Il serait incomplet de parler des Sépharades de Metz sans
parler de Léon Elalouf : animateur de jeunes, professeur de
Talmud Torah, surveillant du restaurant communautaire,
shomer (surveillant) de la casherouth pour toutes les activités communautaires,
et j'ai sûrement oublié bon nombre de titres. Mais
surtout c'est lui qui me prépara pour ma bar mitsvah (quelle
prouesse …)
Sans oublier son épouse Rivka dont les actions ont rayonné
sur notre communauté et en particulier le Mikwé (bain rituel) en été, en
hiver qu'il pleuve qu'il neige ou qu'il vente…
Léon avait succédé quelques années auparavant à mon oncle Yohaï Touitou (za"l), de mémoire bénie, qui s'occupait avec ferveur et compétence de la casherouth, mais aussi de la Tahara (pureté familiale) et du soutien aux endeuillés.
Après avoir suivi ma scolarité au Collège Barbot puis à
Elisabethville, puis au Collège Rabelais de Metz, je continuais
mes études à l'ORT de Strasbourg et enfin à Natanya,
en Israël où je rencontrais celle qui allait devenir ma femme.
En 1992, je me suis marié avec Isabelle dans la grande synagogue
de Metz. Le mariage fut célébré par Rav Bamberger,
le Grand Rabbin Guedj s'étant malencontreusement blessé à
sa descente du train quelques jours auparavant.
Pour témoin, un jeune rabbin à l'époque, aujourd'hui Grand
Rabbin de la Moselle, le rabbin Bruno Fiszon.
De notre union naquirent trois petits messins, Samuel,
Nathanel et Salomé, qui furent à leur tour élèves du Gan
puis de l'Ecole Nathanel ainsi que du Collège Rabbi
Guershon.
Alors oui, c'est sûr, en ayant trois de ses grands-parents sur quatre
décédés à Metz, ses parents mariés à Metz, en étant né à
Metz, en s'étant marié à Metz et après avoir
eu mes propres enfants à Metz, je suis bel et
bien un messin né de deux parents sépharades
du département de Constantine et donc
sépharade moi-même.
De surcroît Français Monsieur ! Peu de gens
se souviennent qu'en 1962 l'Algérie était
une région française au même titre que la
Bretagne ou la Corse ; et que les juifs résidents
dans ces régions étaient français.
Pour mémoire en 1870, les 37 000 juifs
d'Algérie ont hérité de la nationalité française
suite au décret Crémieux. A cette
époque ni l'Alsace, ni la Lorraine n'étaient
françaises.
J'avais 10 ans, quand, un peu avant la déclaration d'indépendance de l'Algérie, j'ai quitté Oran pour la métropole. Comme la plupart des villes du sud de la France étaient très demandées par les rapatriés, on nous a dirigés vers Metz, où nous sommes arrivés le 26 juin 1962. Nous avons su, peu de temps après, que la Communauté de Metz, le Consistoire de la Moselle, en partenariat avec la Préfecture, avaient proposé d'accueillir une vingtaine de familles. Après une traversée en bateau très mouvementée, nous avons été transférés directement du port de Marseille à la gareSaint-Charles, où nous avons pris un train de nuit qui nous a conduits à Metz.
Nous avons été accueillis au CTPM2 (l'ancien centre de transit des militaires, qui a été détruit depuis) par le Grand Rabbin Dreyfus, M. Paul Lazarus, vice-président de la Communauté de Metz et Claude Rosenfeld, le jeune animateur des jeunes. Hébergés dans un premier temps au Home Israélite, les familles ont été réparties pour notre premier Shabath dans des familles d'accueil messines. Pour permettre à nos parents de souffler un peu, les enfants ont été accueillis à part. Puis nous avons été hébergés en juillet et août 1962 à Gorze.
Nous quittions une ville où nous vivions très correctement
; nous habitions dans le "quartier juif" d'Oran, et
notre vie quotidienne était rythmée par les Shabath et les
fêtes. Il existait une communauté orthodoxe à Oran, mais
la majorité des Juifs étaient très traditionnels. La plupart
des rues et avenues de notre quartier portaient des noms
d'inspiration napoléonienne (Wagram, etc..) et Oran était
une très grande ville avec une architecture très hausmanienne.
Le quartier était parsemé de nombreux petits lieux de
culte, et chaque corporation avait le sien ! En hiver, à
l'heure de min'ha, les femmes venaient tenir les boutiques,
pendant que les hommes partaient à l'office.
Nous vivions en parfaite harmonie avec les autres communautés
et en particulier avec la communauté musulmane,
chaque communauté vivant grâce à l'autre. Mon père
vendait des vêtements, et à l'approche du Ramadan, les
arabes de la campagne venaient en masse en ville pour
acheter des habits, pour toutes leurs familles. De la même
façon, à l'approche des fêtes juives, le commerce était
intense entre les marchands arabes et nous. Il n'y avait
pas de rivalités profondes entre nous.
Nous allions le matin à l'école publique et laïque de la
République, et dans l'après midi, nous nous rendions à l'école
de l'Alliance Française, pour suivre des cours de
"heder".
Dès les années 1960 et jusqu'en 1962, la situation s'est détériorée et s'est aggravée à cause des nombreux attentats qui ont frappé la ville. Le FLN, comme l'OAS, ont instauré un cycle de violence extrême, qui aboutit, entre autres, à une grande insécurité, et un sentiment de méfiance, qui est allé en grandissant, entre les différentes composantes de la population, entre les Juifs, les Arabes et les Chrétiens. Les écoles publiques ont fermé, par peur des attentats, et les enfants étaient livrés un peu à eux-mêmes le matin : nous traînions dans les rues, il n'y avait quasiment plus de cours, nous faisions des "petits boulots" comme par exemple vendre des journaux. Heureusement, les écoles de l'Alliance sont restées ouvertes, et l'après- midi, il nous était possible de nous y rendre et de suivre des cours, ce qui nous a permis de continuer à avoir une éducation juive.
Beaucoup de Juifs qui habitaient dans les petites villes (comme par exemple les Sebban, qui vivaient à Aflou) sont venus se réfugier à Oran, car ils ne pouvaient plus vivre en sécurité dans le milieu rural, ou celui des plus petites villes.
La République française, qui n'avait rien fait pour aider les civils à quitter l'Algérie pour se réfugier en France, a mis une bonne quinzaine d'années pour les indemniser pour la perte de leurs biens et leur accorder certains dommages de guerre. Mais cela n'a pas effacé la façon dont nous avons dû fuir une ville et un pays dans lesquels notre vie était si bien réglée.
Je dois rendre hommage à la Communauté Israélite de Metz et aux associations comme la Sedim, qui ont rendu notre arrivée à Metz plus supportable, pour nous qui venions d'être déracinés. Nous avons pu bénéficier d'un important vestiaire, qui a permis aux familles de pouvoir être vêtues décemment. Nous avons eu des aides financières pour pouvoir nous installer, et nos parents ont été aidés dans leur recherche d'emploi.
Venir à Metz, c'était pour la plupart d'entre nous aller dans l'inconnu, nous ne connaissions pas la ville, et nous ne savions pas comment nous allions pouvoir y refaire notre vie. L'aide de la Communauté Juive de Metz a été d'un grand secours pour atténuer notre sentiment d'abandon par la France. Notre intégration a été lente, mais nous n'étions plus seuls.
Quelle valeur accorder aux souvenirs d'un adolescent quelques dizaines d'années plus tard ? Est-on en train de rapporter les faits tels qu'ils se sont déroulés ou plus vraisemblablement tels que nous les reconstituons aujourd'hui ?
L'arrivée des juifs d'Afrique du Nord reste dans ma mémoire comme une période d'effervescence, d'agitation toujours bienvenue pour un enfant. Les réunions se succédaient à la communauté, certaines auxquelles participait mon père, membre du consistoire, d'autres où j'étais convié ce qui ne manquait pas de nous donner le sentiment d'entrer dans l'univers des adultes.
Le sujet était au coeur de toutes les conversations. Mais pour nous, les jeunes, l'événement le plus marquant a bien entendu été l'accueil à la maison de notre famille "adoptée", les Sebban dont je garde vivace l'image des parents. Les repas partagés où l'on découvrait ce qui nous rapprochait, la célébration du chabath et des fêtes, les prières et ce qui nous séparait, les habitudes culinaires, certaines façons de se conduire. Ce que j'ai retenu de cette époque c'est que cet accueil même si il ne s'est pas fait, de part et d'autre, sans difficultés, répondait à une volonté explicite. Ne pas renouveler la réception indigne faite aux immigrés d'Europe de l'Est par les Juifs "français". La Shoah était passée par là et avait au moins servi de leçon. Nos ennemis n'avaient pas demandé où le Juif était né avant de l'arrêter et de l'envoyer à la mort. Et nous avons compris que la sentence talmudique "kol israel arevim zé lazé", "tout" Israël est responsable, dépend, l'un de l'autre" n'était pas qu'un slogan vide de sens.
Ma famille est paartie de Constantine en Algérie, pour se réfugier à Metz à la fin septembre 1961. Elle a voyagé par bateau, le "Ville d'Alger" jusqu'à Marseille et ensuite un long périple en train jusqu'à Metz. Là un temps épouvantable et une gare des moins accueillantes étaient à l'arrivée.
Je parle du départ de ma famille car pour ma part, j'étais déjà partie un peu plus tôt avec les soeurs de ma mère et
attendais à Paris, chez un oncle, la venue de mes parents à Metz. Nous avons échoué à Metz car il y avait des cousins germains de ma mère qui étaient déjà là et ont eu la gentillesse de nous loger chez eux, malgré un petit appartement, pendant trois semaines.
La raison pour laquelle j'avais été envoyée avec mes tantes à Paris, est que j'avais échappé à un attentat. Un soir de Rosh Hashana, j'allais chez ma grand-mère avec ma tante Yvonne, quand l'explosion d'une grenade nous a obligées à nous réfugier dans un
immense parking-garage. Ma tante a été
blessée à la cuisse, s'en suit un affolement
général, les sirènes, la police,
l'hôpital, etc… et moi toute petite fille à
l'époque je m'en souviens comme si
c'était hier.
Mon autre tante a elle aussi reçu un éclat
de grenade alors qu'elle se promenait
sur une célèbre et magnifique place.
Ma mère a elle aussi miraculeusement
et de justesse échappé à l'explosion
d'une grenade dans notre
rue, un samedi soir à la fin de Shabath,
moment où les femmes juives se retrouvaient
dans les magasins qui
venaient de rouvrir.
Nous avons eu bien sûr des moments
très pénibles à notre arrivée bien que
nous ayions de la famille sur place.
Nous avons dû tout d'abord affronter
des conditions climatiques très rudes, si
différentes de notre climat méditerranéen,
pas de logement, pas d'affaires, et
un moral au plus bas, d'autant que la
famille était un peu disloquée car mon
père était reparti là-bas retrouver un
frère et une soeur qui s'occupaient de
personnes âgées. Il espérait pouvoir
régler nos affaires et revenir avec un peu
d'argent car nous n'avions plus rien.
Nous étions et nous nous sentions
comme des expatriés dans un pays qui
se révélait inhospitalier.
Nous avons ensuite intégré une HLM à
Queuleu. C'était à l'époque un endroit
perdu, paumé en pleine campagne, isolé
de tout et avec très peu de bus pour la
ville. Bien sûr nous n'avions pas d'argent,
pas de moyen de locomotion, et
notre petit cadre avec le peu de choses
que nous avions pu emporter, est resté
de longs mois bloqué à Marseille.
Nous n'avions ni lits, ni table, ni chaises
et mangions sur un énorme carton transformé
en table autour duquel nous
étions assis à même le sol.
Une anecdote, nous n'avions évidemment
pas de réfrigérateur, et il faisait tellement
froid, que ma mère conservait
les bouteilles de lait sur le rebord de la
fenêtre de la cuisine et bien souvent les
bouchons sautaient et formaient un petit
monticule de lait congelé.
Le grand froid rigoureux ajoutait à notre
détresse, nous nous sentions perdus,
sans repères.
Le respect de la casherouth si important pour notre famille se révélait des plus difficiles, je me souviens aussi que deux commerçants qui passaient à l'époque dans notre rue pour ravitailler les gens : le boulanger et la laitière étaient très gentils avec nous. Ils étaient impressionnés par l'importance de notre famille et bien souvent nous offraient des pains et des bouteilles de lait en plus.
Mon souvenir le plus vif et le plus marquant
pour moi, petite fille, c'est notre
premier Hanouka. La neige était très
abondante et nous avions l'impression
d'être en Sibérie. Deux de mes frères et
moi-même voulions aller à la synagogue
et bien sûr il n'y avait pas de bus
(c'était un dimanche), alors nous avons
voulu y aller à pied. Nous marchions
puis nous courrions puis sautions sur
place pour nous réchauffer, c'était terrible
et je nous revois tous les trois seuls,
dans une rue déserte faiblement éclairée
par quelques lampadaires et la neige.
Je crois bien que lorsque nous sommes
enfin arrivés à la synagogue l'office était
terminé.
Cependant, la communauté, un peu sur le retrait tout d'abord envers ces "envahisseurs", nous a aidés et la SEDIM, plus particulièrement nous a apporté un appui non négligeable, par des colis pour les fêtes, des mandats et aussi des vêtements que nous allions chercher au fameux vestiaire. Quand au bout de plusieurs allers-retours s'avérant inutiles, mon père a enfin renoncé à un règlement utopique de nos biens, et est enfin resté avec nous, il a décidé avec l'aide d'autres rapatriés de fonder un minyane sépharade et c'est la famille R. & G. Lévy qui a très gentiment mis un immeuble à leur disposition. Beaucoup y habitaient, mais un appartement était réservé aux offices. C'était devenu une petite choule très chaleureuse où tous les sépharades pouvaient se retrouver et pratiquer leur rite.
Le temps a passé et au fur et à mesure
nous avons commencé une nouvelle vie,
tissé de nouveaux liens, fondé de nouvelles
familles mais sans jamais oublier
nos racines et conserver intacts les souvenirs
qui eux étaient du voyage.
Cela fait maintenant cinquante ans, bien
que la mémoire soit encore vive, il faut
l'entretenir et penser à la transmettre à
nos enfants qui ne peuvent imaginer le
déracinement que nous avons vécu.
|