Le Plateau d'argent, d'après Nathan Alterman (1910-19700), traduit et adapté par J.R. Weill - Lire le poème en entier
... Tout s'apaise sur cette terre, aux derniers feux du crépuscule Alors qu'elle sombre lentement dans la nuit, Entourée de nuées lointaines. C'est là qu'est dressée la nation, - coeur affligé mais palpitant...-, Prête d'accomplir son miracle, Miracle unique et sans retour !
Parée pour la cérémonie, surgie face à la lune, Apprêtée bien avant l'aube, en parure de fête et d'effroi. Au devant d'elle arrivent alors Jeune garçon et jeune fille Et doux, tout doux, ils s'avancent, affrontant leur Nation.
Vêtus à l'ordinaire, avec ceinturon, brodequins lourds, Ils gravissent le chemin, Ils marchent sans mot dire. Ils n'ont point changé de vêture, Ils n'ont point lavé à grande eau les traces de leur journée de labeur Et de leur nuit sur la ligne de front embrasée. Epuisés de fatigue, ayant juré d'être de garde sans relâche, Nimbés des neuves ferveurs du peuple hébreu, Tous deux en silence s'approchent Et sans nul geste ils se tiennent droit. Nul ne sait s'ils sont en vie ou ont péri criblés de balles. Saisie de larmes et de stupeur la Nation les interpelle, Elle demande: mais qui donc êtes-vous? Et de répondre: c'est nous qui sommes le plateau d'argent Sur lequel la patrie des Juifs t'est offerte.
Ainsi parlèrent-ils, écroulés à ses pieds, enveloppés de pénombre... Et le reste sera conté dans les chroniques d'Israël.