D'Est en Est
Joëlle Lasserre

Edition Pont9 ; octobre 2022 ; 174p. ; ISBN 979-10-96310-93-7 ; prix papier : 21,90 € ; ebook : 9,99 €

Michel Serres disait souvent qu’au fond, on n’écrit que sur sa famille. C’est vrai pour Joëlle Lasserre, qui, il y a quelques années, a commencé à s’intéresser à l’histoire des siens. Et voici qu’au hasard de ses recherches, elle apprend qu’un de ses grands-oncles a fait le travail et décrit l’étrange aventure qui vit une famille de juifs alsaciens s’installer aux Philippines à la fin du dix-neuvième siècle. "Cette histoire de l’ascension d’une famille pauvre à une plus que confortable bourgeoisie qui a, crapulerie mise à part, quelque chose d’un roman picaresque, est vraie de bout en bout et révélatrice de ce que peut l’alliance de la nécessité, de l’audace et de la ténacité", dit-elle. C’est vrai qu’il y a du Lazarillo de Tormes chez Raphaël et Charles, les fondateurs de la geste des Lévy-Hermanos, mais on pense souvent aux Valeureux d’Albert Cohen.

Joëlle Lasserre est interprète de conférence. Née à Paris, elle a vécu pour des raisons d’études, de travail et de vie privée, dans différents pays avant de revenir Paris. Dans chacun de ces pays elle a planté puis arraché des racines, ce qui peut rappeler certains de ses personnages.
Texte édité par Evelyn Apaire van Gelder - Illustration couverture : © Jean Careras

Introduction

Nous étions enfin vraiment installés à New York. Nous, c’est-à-dire moi, Maxime et ma femme Selma. Nous ne savions pas encore que cette ville serait notre point d’ancrage définitif, nous n’étions encore que réfugiés, inquiets mais déterminés. Nous sommes la troisième génération d’affilée de ces Lévy alsaciens dont la guerre vient transformer la vie.

En 1939 à Paris, les temps devenant difficiles et très menaçants, nous nous étions résolus à envoyer les enfants chez le frère de Selma jusqu’à notre arrivée. Il avait fallu un peu de temps pour liquider l’appartement du Quai d’Orsay, expédier une partie des meubles et tableaux, fermer l’affaire, réunir des fonds, dire douloureusement au revoir ou adieu à nos proches et amis. À notre arrivée à New York nous avions trouvé un bel appartement où nous commencions à trouver nos marques.

Comme tous les soirs, Selma était partie lire leur histoire aux enfants, Robert et Myriam, il était temps que j’aille les embrasser et leur souhaiter une bonne nuit. En approchant, j’entendis ma femme demander à Robert ce qu’il voulait faire quand il serait grand.
Après un instant de silence une réponse fusa : "de toute façon, il faudra bien que j’aille à Manille !"
En sortant de la chambre après le rituel d’usage, j’interrogeai Selma sur ce que pouvait bien représenter Manille pour un petit bonhomme de six ans. "Et pour toi, Maxime ? Qu’est-ce que ça représente aujourd’hui ? Et quand tu avais son âge, c’était quoi ?"

Immédiatement me vinrent à l’esprit mes souvenirs d’enfant dans les années 1900, à Paris. J’accompagnais souvent mon père Raphaël à son bureau, et là je m’installais au bureau du comptable pour jouer avec les innombrables tampons en caoutchouc et les encreurs rouges et bleu – boum, un coup sur l’encreur, boum, un coup sur le papier. Certains portaient des caractères étranges, chinois ou cyrilliques qui m’enchantaient, ils disaient "Sennet Frères, Vladivostok, Port Arthur".

Nous étions en 1905 et il s’agissait de nos succursales en Sibérie, d’autres tampons évoquaient les Indes néerlandaises comme Java, Batavia, ou les établissements des détroits et d’Inde comme Singapour ou Bombay, ou encore de Chine : Pékin, Shanghaï, Hong Kong. En Europe les succursales se trouvaient en Angleterre, à Londres, en Allemagne à Pforzheim, en France, à Paris et Lyon mais le coeur battant de ce réseau était aux Philippines, à Iloilo et à Manille.

C’est là que tout avait commencé, c’est là qu’aboutissaient toutes ces marchandises venues d’Europe, c’est là que l’imagination, le courage et l’audace de mon père et de ses frères avaient fait naître cette entreprise qui vendait au départ de la bimbeloterie puis de la joaillerie, des gramophones, des pianos, des autos, des camions, des aspirateurs, des miroirs vénitiens, de la pharmacie et bien d’autres choses encore, n’hésitant jamais devant une nouveauté ou une opportunité.

D’où est venu cet esprit de conquête ? De Raphaël arrivé d’Alsace à Paris en 1871, de son père Moïse Lévy, ou bien de ses frères Adolphe et Charles débarqués un peu par hasard à Manille en 1872 et fondateurs de cette affaire vibrionnante et en perpétuel renouvellement ?

D’ailleurs, est-ce vraiment d’une "affaire", n’est-ce pas plutôt une famille, une forme d’organisme vivant ? Au départ, il s’agit d’une aventure courageuse née dans l’esprit des trois frères Lévy pour assurer le confort de leurs parents et réunir une dot pour leurs soeurs Mélanie, Mathilde, Sarah et Ève ; quatre mille francs était le chiffre qu’ils s’étaient fixé pour chacune d’elles lorsque les trois frères signèrent en 1879 leur accord de partenariat.

Nous sommes au temps de Jules Verne, l’esprit d’aventure n’est pas né dans le cerveau d’un petit garçon pauvre de Marckolsheim, à la frontière de l’Allemagne, entre haute et basse Alsace, pêchant en rêvant de contrées lointaines dans le canal qui relie la mer du Nord à la Méditerranée en passant par les Pays-Bas, et les vallées du Rhin et du Rhône. Il est dans l’air du temps et s’il fait rêver certains, il en pousse d’autres, plus intrépides ou plus désespérés à se lancer à la découverte du monde à la recherche d’un Eldorado et d’un monde en paix.

Maxime Lévy-Hermanos

MAXIME

Origines

Un vent glacé soufflait sur Paris ce 10 novembre 1920, j’avais 21 ans et j’étais majeur depuis quelques mois. C’était pour moi le grand départ. Ce n’était pas la première fois que je quittais ma famille, il y avait eu la guerre et d’autres occasions, mais ce départ était différent des autres. Je partais littéralement au bout du monde, je partais pour les Philippines, découvrir en quelque sorte l’univers qu’avaient construit pour nous mon père et ses frères.

Sur ce quai de la gare de Lyon, nous étions transis, de froid, d’humidité, d’émotion, saisis aussi par l’odeur du charbon qui alimentait les énormes locomotives Pacific de la compagnie PLM et dont la fumée s’accumulait sous la verrière. Tout autour de nous, les voyageurs se pressaient à la suite des porteurs qui se faufilaient adroitement au milieu de la foule. J’emportais pour ma part une malle-cabine, un sac de voyage et mon violoncelle dans son étui. Le voyage allait être long, les climats changeants, et il me fallait faire bonne figure au cours de cette interminable traversée.

Jamais encore je n’avais vu pleurer mon père et ses larmes en disaient long sur sa tendresse, son inquiétude et son espoir. Il me murmura : "Fais bien attention à toi. À partir de maintenant tu vas souvent être entouré d’envieux et de gens malintentionnés, trace ton chemin comme tu le dois". Pour ce grand départ, j’étais entouré de ceux qui m’aimaient et voulaient m’accompagner jusqu’au dernier moment, mes parents, ma soeur Odette, mes cousins Max et Anna Sennet qui m’avaient apporté des petits fours dans une boîte en carton et des chocolats de la Marquise de Sévigné. M. Gully, notre chef comptable depuis 18 ans m’avait aussi offert un petit flacon de cognac qui se révéla le seul cadeau pratique !

Deux ans seulement s’étaient écoulés depuis la fin de la guerre, les restrictions n’avaient pas disparu, le charbon était rare et s’il était indispensable pour faire marcher les trains, on considérait encore que les chauffer relevait d’un gaspillage qu’on ne pouvait se permettre. Le froid était tel que les vitres étaient couvertes de givre à l’intérieur du wagon et je dus enfiler deux manteaux l’un sur l’autre pour pouvoir dormir dans un confort relatif. Le gel ne nous quitta pas avant l’arrivée à Marseille où une autre surprise nous attendait : les camionneurs s’étaient mis en grève et ne pouvaient pas acheminer les voyageurs de la gare Saint-Charles au port.

Par chance je trouvai un charretier qui accepta de me transporter. Je chargeai donc la malle, l’étui de bois noir du violoncelle et le sac, puis je m’assis sans précaution à côté de lui, ayant oublié que j’avais posé sur le siège les petits fours au beurre et les chocolats de mes cousins…

C’est dans cet attirail, épuisé, l’air hagard et avec une énorme tache de graisse sur mon manteau que j’arrivai au port pour embarquer sur le steamer des Messageries maritimes, le SS André Lebon.

Ce bateau, bien que récent, avait déjà toute une histoire. Construit en 1913 et mis en service en 1915, il avait été immédiatement réquisitionné comme transport de troupes et voyages postaux sur la ligne d’Extrême-Orient, puis transformé en navire hôpital, avant de reprendre une activité civile en 1919 sur la ligne Marseille-Yokohama et c’est dans ce port que chargeant du charbon, il prit de la gîte et coula… heureusement sur petit fond. Finalement réparé il put reprendre du service : mon odyssée commençait sous de joyeux auspices !

Avant de monter à bord, je ne pouvais que penser au chemin parcouru par les miens jusqu’à cette traversée dans ce paquebot impressionnant. Comment les événements avaient-ils poussé cette famille attachée à son village à partir ainsi à l’aventure ? Au moment d’entamer ce récit, au milieu des années 1960, je n’ai que les informations transmises par mon père déjà âgé, il me faut les compléter et les vérifier et pour mieux comprendre, en savoir plus sur cette famille, ma famille, et connaître plus précisément les époques, les lieux et les mouvements qui ont précédé cette grande migration.

Ma famille est originaire de Marckolsheim, petite cité à la frontière entre haute et basse Alsace. Mais au fait, depuis quand ? Moi, je vis à New York, je suis né à Paris, mes parents et grands-parents à Marckolsheim, mais avant ? et avant avant ? J’ai entendu parler d’histoires de "juif errant" de persécutions, d’expulsions mais aussi d’amis sur plusieurs générations, comment savoir ? Quelques courriers envoyés comme des bouteilles à la mer en direction d’autorités civiles ou religieuses de la région m’ont permis de retracer assez précisément le parcours de ma famille, finalement aussi casanière et attachée à sa région et à son village que toute famille paysanne de l’époque et pour qui prendre épouse à 30 kilomètres de chez soi relevait de l’exotisme. Par chance, les archives nous concernant ont survécu aux différents cataclysmes qu’a traversés l’Alsace, les mairies m’ont transmis la copie des diverses déclarations et j’ai pu reconstituer leur histoire. Un autre document a été d’une grande aide, bien qu’établi dans une intention peu amicale, celle de l’expulsion des juifs sans droit légal de résidence reconnu, le fameux et méticuleux dénombrement des juifs d’Alsace de 1784.

C’est ainsi que j’ai découvert que mon arrièregrand- père Abraham est né à Epfig en 1785, que son père, Emmanuel y est enregistré comme pauvre dans le recensement de 1784. On sait aussi que son grand père, Michel né vers 1713, son arrière-grand-père David et le père de celui-ci Yehiel et son père encore Barouch y vivaient aussi. Cette famille devait, malgré sa pauvreté être considérée comme suffisamment honorable pour qu’Emmanuel épouse en 1784 Madel Lévy, fille du commissaire de la synagogue de Marckolsheim, charge tenue par la famille depuis au moins 1698 et qui consiste à gérer tous les aspects autres que strictement cultuels de la vie juive. Abraham succèdera à son grand-père dans ces fonctions. Comment Emmanuel est arrivé à Marckolsheim reste un mystère, le colportage ou le maquignonnage l’avaient-il amené à franchir les 25 kilomètres qui séparent les deux villes ? Le rabbin avait-il mis les familles en contact, comme cela se faisait souvent ? C’est toutefois de ce mariage que date l’enracinement de ces Lévy à Marckolsheim.

C’est beaucoup plus loin qu’Abraham va chercher son épouse, à Durmenach à l’extrême-sud de l’Alsace. Une communauté juive y a connu des vicissitudes et des périodes d’expansion au point qu’en 1781 les juifs y sont majoritaires. Le 15 février 1807, Abraham Lévy épouse Ève Blum. Six ans plus tard, nait Moïse, quatrième d’une fratrie de huit. Les enfants grandissent dans le quartier juif de la ville ; l’Alsace n’a pas connu de ghettos fermés, et les "quartiers juifs" et rues aux juifs qu’on y trouve correspondent plus à des regroupements par affinité et nécessité qu’à une ségrégation stricte, même si certaines villes leur restent interdites. La vie juive est très tournée vers l’intérieur et les obligations religieuses y occupent une place importante. Les hommes exercent leurs métiers pendant que les femmes s’occupent du foyer et de leur nombreuse progéniture. Un enfant naît chaque année ou presque, il faut vêtir et nourrir tout ce monde, ranimer le feu, mettre à cuire dès le matin le repas de midi, le soir ce sera tarte à l’oignon ou fromage blanc ou tranche de pain trempée dans le lait. À midi le repas principal consistera en un plat de chou ou de pommes de terre, avec parfois un morceau de viande. Il faut faire respecter les règles religieuses aux enfants, apprendre à lire aux plus petits dès qu’ils savent parler, veiller à ce que les plus grands partent pour l’école, aller chercher l’eau à la fontaine, coudre et ravauder les vêtements de toute la famille, participer aux actions de solidarité nécessaires auprès des anciens isolés, des malades, des journées qui laissent bien peu de place à la fantaisie ou à la distraction.

L’école cherche à former de bons petits patriotes, leur enseigner le Français et s’assurer qu’en cas de nouveau conflit avec le voisin allemand, on pourra compter sur leur engagement sans faille. Au sortir de l’école, les enfants se rendent à l’autre école, celle où ils reçoivent l’enseignement religieux donné par des "instituteurs israélites". C’est ainsi que les enfants parlent français à l’école, alsacien dans la rue, yiddish ou judéo-alsacien à la maison et hébreu à la synagogue !

Dès que cet emploi du temps chargé leur en laisse le loisir et que leur âge le permet, les garçons aident leur père et les filles s’activent au foyer, l’après-midi du samedi est consacré au repos et au loisir après l’office du matin.

C’est dans cet univers que grandit Moïse, qui en réalité s’appelle Nathan et porte ainsi les prénoms de ses deux arrière-grands-pères maternels, jusqu’à ce jour de sa vingtième année en 1833 où il est appelé sous les drapeaux. Une des discriminations légales qui s’applique encore aux juifs est l’interdiction de se faire remplacer pour le service militaire, mais il est probable que le coût de ce remplaçant aurait été de toute façon hors de portée financière de sa famille et bien que considéré comme "faible de poitrine" lors du recensement, Moïse est déclaré bon pour le service et envoyé faire son service militaire. À la caserne de Strasbourg, Moïse fait ses classes dans l’infanterie, tout en continuant à suivre scrupuleusement ses préceptes religieux. Chaque matin, il prie au lever du soleil, enveloppé dans son châle, les phylactères noués sur le bras gauche et sur le front, son livre de prières à la main.

Après les classes, ce n’est pas une vie de caserne en Alsace qui attend Moïse, mais une vie beaucoup plus aventureuse. En 1827, l’agitation en Méditerranée et l’affaire du coup d’éventail du Dey d’Alger avaient servi de prétextes au roi Charles X pour lancer une expédition punitive contre Alger. Officiellement pour se débarrasser des pirates qui y étaient ancrés et mettre fin à l’esclavage subi par les populations chrétiennes, mais en réalité il s’agissait avant tout de détourner l’attention et la colère de la population parisienne minée par les pénuries et tenter de s’approprier le pactole du Dey.

C’est donc le grand départ, les soldats rejoignent Marseille à pied, et embarquent pour l’Algérie. C’est la première fois que Moïse voit la mer, et comme moi aujourd’hui, près d’un siècle plus tard, il doit être impressionné par la taille des bateaux, la traversée doit lui paraître longue jusqu’à Oran, et les conditions de voyage effrayantes. Rapidement après avoir débarqué il lui faut affronter les combats à l’approche de la ville. Ensuite, c’est le siège et la prise de Constantine épreuve douloureuse pour ce jeune homme paisible et consciencieux. Il s’agit maintenant d’installer la garnison, de participer à la construction de la caserne des Français, placée en haut de la falaise au pied de laquelle s’enfonce le Rhummel dont le cours sinueux traverse et façonne le plateau constantinois.

Sept ans, sept longues années se terminent, enfin l’armée relâche ses conscrits à Marseille, à 800 kilomètres de Marckolsheim. Très vite, après avoir entamé la conquête de l’Algérie, Charles X doit abdiquer et laisser sa place à Louis-Philippe. Mais celui-ci n’est pas plus généreux que son prédécesseur avec ses soldats, il les abandonne bien loin de chez eux, sur les docks de Marseille avec leur solde de 5 sous par jour. N’attendant rien de plus de la royauté, et bien qu’il y ait des voitures à chevaux pour rallier Strasbourg, c’est à pied que Moïse rejoint son Alsace natale. D’un naturel heureux et endurci par ses années algériennes, paquetage sur l’épaule et joie au coeur, c’est en chantant et remerciant Dieu de lui avoir accordé les plus grandes des bénédictions, la survie, la liberté et la paix, que Moïse traverse Lyon, Chalon-sur- Saône et Mulhouse.

En 1840, de retour au pays, Moïse devient colporteur ; il parcourt ainsi toute la région vendant tissus et objets ménagers dans les bourgs et sur les marchés. Il approvisionne aussi les couvents des soeurs de Charité en draps de lit. À Strasbourg, où le poussent ses tournées, il fait la connaissance d’une jolie jeune fille, Louise Blum qui demeure rue du Jeu des Enfants, à deux pas de l’Homme de Fer. En 1848 la Révolution met un terme au règne de Louis-Philippe et la deuxième République est proclamée avec un gouvernement provisoire, Louis- Napoléon Bonaparte, est élu député puis président de la République. Cette année-là, Moïse estime avoir suffisamment économisé pour pouvoir fonder un foyer et le 3 août il épouse Louise, dans une cérémonie d’autant plus joyeuse qu’un autre Moïse, frère de Louise épouse en même temps Bromette, la jeune soeur de notre Moïse.

Comme le veut alors la coutume les jeunes gens s’isolent un moment pour montrer qu’il ne faut pas céder à la tyrannie de l’instant et savoir prendre le temps de la réflexion et du recul avant de rejoindre famille et invités pour fêter l’événement.

 

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