Suzanne Lang-Willar est la
fille de Gabriel Picard horloger et de Jeanne Bloch (voir l'article sur Les
Picard, horlogers). Suzanne est née le 4 février 1894 à
La Chaux-de-Fonds
et est décédée le 25 mai 1932 à Veroli en Italie.
Elle est inhumée au cimetière de Passy.
Elle s'est mariée vers 1915 avec Fred Alfred Isaac Lang-Willar.
Alfred est le fils de Benoît Lang de Sierentz
et de Sophie Willar d'Epfig.
Le couple a eu trois enfants : - Robert (1916-2008)
- Jean-Pierre (1918-1999)
- Claudine (1922-1960)
La vie de Suzanne et Alfred
Suzanne, après des études supérieures brillantes, s'occupe, dans un premier temps des relations publiques et privées de la société familiale qui multiplie, entre autres les réunions et les opérations de bienfaisance pour les familles des soldats entrés dans la tourmente de la guerre de 1914-1918.
Alfred est né en Suisse à Bâle.
Après ses études, il se tourne vers les activités de
la finance.
Il occupe ainsi divers postes dans des banques à Anvers et Londres.
Coussin de Louis Dreyfus, député des Alpes-Maritimes, il devient
à 25 ans, directeur général de la banque Louis-Dreyfus
à Buenos-Aires. Ami du premier ministre René Viviani, il est
chargé au regard de ses puissants contacts en Amérique du Sud,
d'organiser le service d'information français. Il a été
décoré de la Légion d'honneur en 1921.
C'est à l'occasion d'une vente de charité que Suzanne rencontre Alfred Lang-Willar. C'est aussitôt l'amour fou. Ils se marient l'année suivante. Robert et Jean-Pierre vont naître à Buenos-Aires.
Alfred quitte la société Dreyfus malgré la volonté de Louis Dreyfus de le voir prendre les rênes de la banque estimant que ses fils n'avaient pas les qualités de son neveu. Alfred crée de nombreuses sociétés en Argentine avant de revenir en France.
Claudine leur troisième enfant, ne tarde pas à naître.
Ceci n'empêche pas Suzanne de pratiquer de nombreux sports dont du tennis.
Elle est l'ami de Jean Borotra vainqueur de deux coupes David en 1927 et 1932.
En 1931, Alfred rejoint à nouveau la banque Dreyfus pour implanter
des filiales en Chine sur le marché du soja ou du blé mais également
l'armement des navires. Il arrête ses activités lors de l'attaque
des Japonais contre la Chine en septembre 1931.
Il s'aventure dans la ville de Chapéi bombardée et se retrouve
en prison, puis condamné à mort. Alors qu'ils sont conduits
vers le peloton d'exécution, une déflagration retentit et leur
permet de s'enfuir. Ils embarquent sur le bateau Georges Philippar en avril
1932 avec Albert Londres grand reporter international dont ils ont fait connaissance
à Shanghaï.
Le naufrage du Georges Philippar
Le commandant décide alors de fermer les portes étanches mais sa décision trop rapide laisse 54 passagers prisonniers, notamment le célèbre journaliste Albert Londres. Ne pouvant s'échapper, ils meurent brûlés vifs ou asphyxiés. Les autres passagers sont évacués dont Suzanne et Alfred. Tous deux ont pu rejoindre le navire soviétique le pétrolier Sovietskaia-Neft qui était arrivé sur place au début du naufrage.
L'enquête conclut que l'incendie avait pour origine un court-circuit
qui avait pris naissance dans un câble électrique dissimulé
derrière la cloison en bois d'une cabine. Toutefois, l'enquête
n'empêcha pas les rumeurs. L'une d'elles imputa à la mafia asiatique
cet acte criminel (ayant pour but de tuer Albert Londres, qui rapportait de
Shanghaï un reportage sans doute explosif)
La compagnie des Messageries Maritimes resta toujours très discrète
sur le drame du Georges Philippar.
L'accident d'avion
Alfred et Suzanne décèdent dans l'écrasement dans les Apennins, au centre de l'Italie, de l'avion piloté par l'aviateur Marcel Goulette, le 24 Mai 1932.
L'avion fut pris dans la tempête en survolant les monts Ernici, à une centaine de kilomètres de Borne, et s'écrasa au sol, en pleine montagne, à près de 2000 m. d'altitude. Les deux aviateurs et leurs passagers ont été tués dans le choc, car l'avion n'a pas pris feu, les ailes furent trouvées presque intactes, le fuselage par contre était complètement détruit.
Cet accident avait fait à l'époque la une de la presse française, avec des rumeurs (jamais démontrées) d'attentat. En effet, Marcel Goulette venait spécialement les récupérer à Brindisi (sud de l'Italie) pour les ramener à Paris. L'Excelsior, un journal parisien avait spécialement affrété ce vol pour obtenir au plus vite le témoignage du couple sur le naufrage mais surtout des éléments sur le reportage qu'Albert Londres s'apprêtait à publier sur les événements en Chine et qu'il avait annoncé comme "explosifs".
L'enterrement
Dans le Figaro du 6 juin 1932, on pouvait lire : "Les obsèques de M. Alfred Lang-Willar et de Mme Alfred Lang-Willar née Suzanne Picard, ont été célébrées hier matin au cimetière de Passy, où le grand rabbin Julien Weill a prononcé les prières rituelles de la religion israélite, ainsi qu'une émouvante allocution. Le deuil était représenté par Mlles Lang-Willar, les deux filles des défunts, M. Lucien Lang, consul général de Roumanie à Anvers, M. et Mme Picard, leurs parents, M. Lucien Picard, frère de la défunte ainsi que M. Louis Louis-Dreyfus, député de Cannes. Dans l'assistance on reconnaissait M. Bouilloux Lafont, M. Autrand, ancien préfet de la Seine M. Georges Prade, conseiller municipal de Paris M. Yves Le Trocquer, ancien ministre…"
Les bijoux de Susanne
Un bijoutier lyonnais reçoit la visite d'un dénommé
Fausto Alary, celui-ci lui présente deux bagues qui intriguent profondément
notre bijoutier lyonnais car il identifie de suite des bijoux signés
de Van Cleef & Arpels, un solitaire en diamant de 9 carats et une très
belle émeraude montée en bague.
Il contacte la maison Van Cleef & Arpels qui confirme que ces bijoux proviennent
de chez eux. De plus, ils sont identifiés comme appartenant à
madame Lang- Willar décédée dans un accident d'avion
deux ans auparavant en 1932.
La Sûreté de Lyon est saisie, et permet de résoudre une
partie de l'énigme.
Le gouvernement Italien avait fait nettoyer l'épave (peut être
un peu vite) et chargé un homme de détruire les vêtements
des passagers, en particulier ceux des Lang-Willar, or ces deux bagues se
trouvaient avec leurs vêtements. Cet homme les avait confiées
à son fils Joseph Lerdi qui avait essayé de les faire estimer,
mais les bijoutiers locaux les avaient trouvées sans valeur.
Joseph Lerdi les donne à un ami, Fausto Alary, qui les amène
en France où ce bijoutier lyonnais les estime à 30.0000 F de
1934 soit 20.0000 euros de nos jours.