COLMAR. - Les membres de l'Association "Les Bienfaiteurs du cimetière de Hattstatt-Herrlisheim" ont appris avec une profonde douleur le décès de leur Président d'Honneur, M. Simon Schwob de Columbus (Georgia).
Né à Hattstatt le 25 octobre 1886, issu d'une famille modeste,
M. Schwob est arrivé, à force de travail, d'intelligence et
de persévérance à une situation, dont nous pouvons difficilement
nous faire une idée en Europe.
En effet, après avoir quitté l'école communale juive
Hattstatt à l'âge de 14 ans, le défunt apprit le métier
de tailleur à l'école de travail à Mulhouse.
Parti pour l' Amérique à l'âge où les jeunes d'aujourd'hui
fréquentent encore les écoles, il travailla vers 1902 dans une
maison de confection à Baltimore. En 1912, il ouvrit une boutique de
tailleur pour hommes à Columbus, qui par la suite prit une extension
énorme.
Au bout de quelques années, le défunt avait créé
une fabrique de confections occupant plusieurs centaines d'ouvriers et une
dizaine de maisons de détail vendant uniquement les produits de sa
fabrication.
A sa mort, M. Simon Schwob était à la tête, outre la maison-mère
Schwobilt, de trois autres fabriques et de vingt-huit maisons de détail.
Il avait été, en outre nommé Directeur de la National
Bank de Columbus.
Son sens créateur ne s'arrêtait pas aux affaires commerciales,
il s'occupait activement des affaires juives de Columbus, surtout de Sociétés
de Bienfaisance. En 1949, aidé cette œuvre par sa dévouée
épouse, Madame Ruth Schwobil créa la "Fondation Simon Schwob",
œuvre destinée à subventionner les différentes sociétés
charitables, ainsi qu'à venir en aide aux étudiants pauvres
et les aider à continuer leurs études.
Aucune misère ne lui restait indifférente, il avait en Monsieur
le Rabbin Langer, également Alsacien, un collaborateur, qui dépistait
et signalait à Monsieur Simon Schwob les besoins des œuvres et
des particuliers digne d'intérêt.
Après la guerre de 1940-45, il avait pris entièrement à
sa charge la réfection du cimetière
de Hattstatt-Herrlisheim où sont enterrés ses parents.
L'Hospice
israélite de Pfastatt et différentes œuvres du Bas-Rhin
recevaient de gros subsides et nombreux sont les nécessiteux qui pouvaient
vivre grâce à un fonds, créé à Colmar
alimenté par lui, destiné à verser des mensualités
aux personnes dans le besoin.
Son esprit de charité ne s'arrêtait pas aux besoins matériels,
il cherchait à faire plaisir aux humbles par des dons ennature, en
leur achetant le superflu, qu'ils n'avaient pas les possibilités de
s'offrir.
Il se sentait attiré vers sa petite patrie, l'Alsace, et vers petit
village qui l'avait vu naître et où il avait passé son
enfance.
Il cherchait à revoir ses amis de jeunesse, les endroits où
avait passé son père, les personnes encore en vie, qui pouvaient
l'avoir connu.
Lors de son dernier séjour en Alsace, l'année dernière,
il eut la délicate pensée de réunir pour un pique-nique
dans un verdoyant des Vosges, tous les coreligionnaires, originaires de Hattstatt
et leurs familles. (...)