Réponse d'André Neher à la lettre d'André Spire
Cher André Spire,
Comment vous remercier de votre lettre, qui est un document exceptionnel ? Je l’ai lue avec l’intérêt que vous devinez et je l’ai rangée parmi les "documents" vers lesquels je reviens sans cesse, lorsque je cherche des témoignages d’une présence directe et efficace dans l’histoire spirituelle du judaïsme. Soyez certain que votre texte, éclairant des aspects de votre œuvre et de votre expérience, m’aidera à mieux comprendre – je ne dis pas : estimer, car j’avais toujours pour vous, et dès ma jeunesse, une estime inébréchable – mais : comprendre votre éminente et décisive place dans l’aventure spirituelle et politique de notre siècle.
Merci également d’avoir pensé à m’offrir, avec une dédicace si sympathique, le livre de Giniewski que vous avez préfacé (1). Je reporte sur vous, sur votre courage lucide, sur vos initiatives pionnières, une grande part de l’admiration que je voue à Jules Isaac. Si je me sens capable, dans une modeste mesure, de formuler les principes du dialogue judéo-chrétien et de ses limites, c’est parce que des hommes comme André Spire, Franz Rosenzweig, Jules Isaac, ont construit la route sur laquelle, maintenant, on se meut à l’aise. Mais vous étiez, vous, parmi les ouvriers des tâches ingrates et difficiles…
Je souhaite que Madame Spire et vous-même, vous trouviez une agréable détente pascale, et je vous assure de ma reconnaissance et de mon émotion.
© : A . S . I . J . A. |