La très longue lettre autobiographique d’André Spire ci-dessous est un document rare et précieux. Elle a été adressée à André Neher accompagnée d’une autre lettre de la même date, où André Spire s’excuse : "Ne m’en veuillez pas de vous imposer cette lecture un peu longue, mais le peu que je connais de vous m’a mis en tel état de sympathie, de résonance avec vous, que peu à peu je vous ai écrit comme à un confesseur, un directeur de conscience. […] J’ai, comme on dit, ‘regardé dans mon passé’ juif, qui m’a souvent paru à moi-même paradoxal, inexplicable, et au cours duquel je n’ai pas été un être autonome mais comme poussé, conduit." (1) En retour, André Neher, très touché, répond à André Spire (lettre suivante).
Mon cher André Neher,
Enfin je vous écris. Il y a plus de deux mois que j’ai reçu l’affectueuse lettre qui contenait l’extrait de l’article où vous parlez avec tant de sympathie de l’édition définitive de mes Poèmes Juifs (2). Mon excuse à ce retard, c’est l’espèce d’incapacité d’agir où je suis de temps en temps bloqué depuis mon accident. Suite peut-être du choc opératoire ou bien conséquence d’un régime favorable à la prolifération des cellules osseuses destinées à ressouder le fémur endommagé.
Et puis m’est arrivée votre étude sur le dialogue Rosenzweig-Rosenstock (3). Je l’ai lue, lentement… Il faut un long entraînement, un constant usage, que je n’ai plus – l’ai-je jamais eu ? – du langage théologique, mystique, sociologique, pour se mouvoir avec aisance dans un texte si riche, si dense. Quand j’eus fini, j’ai senti que pour y pénétrer plus loin et plus profond, je devais vous relire plusieurs fois encore. Laissez-moi aujourd’hui vous remercier du fond du cœur de votre envoi et de votre dédicace.
Quelle joie pour moi, qui ai si peu de mémoire, sur qui les dates glissent comme de l’eau sur un papier huilé et qui ai le plus grand mal à situer dans le temps les diverses étapes de ma vie, d’apprendre qu’un homme comme vous – et qui n’ignore rien du dialogue où s’affrontent deux races et nobles esprits d’origine juive aux prises avec le problème judéo-chrétien – ait pu penser que ce que vous appelez mon "expérience prophétique" ait pesé de quelque poids sur la chronologie de notre temps.
Expérience d’un Juif détaché du judaïsme et de toute religion par l’enseignement universitaire d’une époque libre-penseuse qui lâchait ses élèves dans les doutes et les négations des philosophies antiques ou du XVIIIe siècle libertin. Tantum potuit religio suadere malorum
Expérience bien moins réfléchie qu’instinctive, réaction sur un tempérament plutôt irritable, des égratignures, des piqûres du milieu, de l’entourage où il lui fallait vivre. Conséquence aussi assez imprévue d’aspirations littéraires.
J’ai raconté dans un poème de mon recueil Vers les routes absurdes (4) comment, apprenti-écrivain cherchant ma voie, après avoir subi les attraits du Romantisme et du Parnasse, mais agacé de l’esthétisme de l’Art pour l’Art, de toutes les tours d’ivoire où risquaient de m’enfermer les obscurités volontaires du Symbolisme et son culte ostentatoire de la beauté formelle, j’avais éprouvé le besoin de m’évader vers des maîtres plus simples, plus proches des sources d’où jaillissent le chant et l’image poétiques.
Ma barbe n’était pas encore blanche Quand j’arrivai de ma province Dans la capitale du Monde. Des boutiques, des tables volantes Débitaient aux carrefours De la beauté, De la beauté ! Ils étaient là plus de dix mille À se ruer aux éventaires. Comme des enfants au gros ventre Qui ne savent pas mâcher leur viande Ils s’en fourraient plein les deux joues Et par les coins de leur bouche, Cela coulait sur leur menton. Alors j’ai rouvert ma vieille Bible ! |
Pas la Bible elle-même. Je n’ai jamais vu de Bible de format maniable dans mon entourage de Juifs lorrains avant la traduction de la Bible du Rabbinat français dont le premier volume n’a paru qu’en 1899 et le second en 1906. Mais des fragments bibliques, psaumes, hymnes, cantiques, bénédictions, épars dans le Rituel de Prières hébreu-français de A. Ben Baruch Créange, que ma mère avait reçu en cadeau de noces en 1863, ou dans les divers tomes de toutes les grandes fêtes (Durlacher, Paris, 1862) que mon grand-père maternel emportait à la synagogue de Nancy, enfermés avec son taleth dans un sac de soie. Ils avaient dormi longtemps dans une armoire depuis le jour de ma bar-mitsva, dont la préparation, par un rabbin gesticulateur qui nous enseignait une orthodoxie agressive dans un jargon judéo-alsacien sous un haut de forme rebroussé m’avait fait prendre en grippe le judaïsme.
C’est en lisant la prose lumineuse et railleuse, toute vibrante des rudesses et des douceurs du verset hébraïque transposé – sans compte de syllabes et sans rimes – en d’authentiques vers libres modernes où Renan avait conté l’Histoire non sophistiquée du peuple d’Israël que j’eus la révélation de la grandeur et de l’intense poésie de l’Ancien Testament, et que mon esprit se délivra peu à peu du sentiment de dépassé, de périmé, de doute, de honte de soi, dont l’hostilité chrétienne et la maladresse d’éducateurs juifs avaient terni la foi naïve de mon enfance.
Cela se passait pendant l’affaire Dreyfus. Mais au bout de dix ans, la lutte durait encore. Les complots de la faction antisémite n’avaient pas encore été reconnus, définitivement condamnés, quand, le 27 octobre 1904, les Cahiers de la quinzaine de Péguy publièrent le 'Had Gadya d’Israël Zangwill, traduit de l’anglais par Mathilde Salomon, fondatrice et directrice du Collège Sévigné.
Vous connaissez la puissance incantatoire de cette vieille chanson populaire, que petit garçon j’avais entendu psalmodier chez la sœur cadette de mon grand-père paternel, et dont Zangwill a fait le leitmotiv d’un conte, une méditation, un poème, l’histoire d’un jeune écrivain juif déjudaïsé qui, après, des années d’un voyage d’études et de plaisir, rentre secrètement dans l’antique palais vénitien restauré où demeurent les siens (5).
C’est la Pâque. Son père, assis sur les coussins prescrits par le rite, lit le récitatif chaldéen : "'Had Gadya ! 'Had Gadya ! Un seul chevreau, un seul chevreau de la chèvre ! Un seul chevreau que mon père acheta pour deux suzim, 'Had Gadya ! 'Had Gadya"
Et de strophe en strophe, voilà que s’évapore l’essaim des doutes, des négations, des sarcasmes, des fausses certitudes, que tombent tous les masques dont il a essayé d’affubler son âme de dilettante. Il sent que son âme est juive. Ne peut être que juive. "Apaisée par une explication satisfaisante des choses, l’unité dans l’essence de la vie."
La gorge étreinte, je lus ce long débat d’un épicouros et de son âme, et lorsque j’arrivai aux dernière lignes du refrain où Zangwill l’avait enchâssé :
"Et le Saint des Saint vint, que son nom soit béni, et que l’ange de la mort, qui avait tué le boucher, qui avait tué le bœuf, qui avait bu l’eau, qui avait éteint le feu, qui avait brûlé le bâton, qui avait frappé le chien, qui avait mordu le chat, qui avait dévoré le chevreau que mon père avait acheté pour deux suzim, 'Had Gadya !"j’éclatai en sanglots, bouleversé comme votre Rosenzweig en 1913, lorsqu’il assista à un office de Yom Kippour pour la première fois de sa vie.
Est-ce donc que dans cette crise j’étais en train de me sentir juif à mon tour, religieusement juif à la manière de Zangwill, esprit contradictoire toujours divisé contre lui-même, ou converti comme Rosenzweig à une "existence juive" qui, "bien qu’elle se réclamât de préférence du type libéral, s’exprimait selon les normes de l’orthodoxie dynamique" ?
Je n’ai pas fait un tel saut.
Au cours des années tragiques de l’affaire Dreyfus, j’avais plus d’une fois accompagné au Temple ma mère qui, comme tant de femmes juives, y allaient prier pour la délivrance de Dreyfus. Mais aucun mouvement de mes lèvres n’accompagnait le fervent murmure qui montait vers les voûtes. Bien que je fusse – et reste encore – très sensible à la beauté des fêtes juives, prosternations, longues confessions de Kippour, bénédictions, depuis longtemps la prière, les actions de grâce, m’ont paru quelque chose d’impossible à prononcer.
… Goutte de matière pensante, D’où viens-tu, qu’es-tu, qu’as-tu fait, Quels sont tes rêves, tes cadences, Pour que dans le fouillis des mondes Qui germent, foisonnent, s’ensemencent, Quelqu’un s’occupe de toi ? |
La remontée du judaïsme qui s’est produite en moi a bien été provoquée par un choc comme celle qui se manifesta neuf ans plus tard chez Rosenzweig, mais elle n’a pas été précédée comme chez lui par de longues méditations ou discussions philosophico-théologiques. Mon judaïsme n’a pas le caractère religieux que vous avez reconnu dans le sien.
Qu’est-il donc ? Vouloir être juif, comme vous le dites dans l’extrait de la Note sur mes Poèmes juifs (6). Plutôt besoin d’être juif, d’agir comme tel, de le crier bien haut, de le jeter à la face du judaïsme veule, du judaïsme de "la main devant le nez" du début du XXe siècle. Phénomène plus inconscient que volontaire et c’est pourquoi cela est devenu des poèmes et s’est exprimé en vers libres, mon autre passion de ce temps-là.
Mais mon judaïsme de polémiste, de pamphlétaire, de militant juif, de Juif agnostique qui prend soudain le parti de défendre des Juifs croyants ou incroyants pour lesquels il n’avait eu longtemps qu’éloignement, indifférence, hostilité, d’où vient-il ? Où a-t-il ses racines ?
Ne vous semble-t-il pas qu’il soit d’ordre social, moral, politique ; qu’il réponde à des préoccupations qui m’entraînèrent depuis que ma mère m’emmena dans ses visites chez les pauvres polaks du triste quartier juif de Nancy, chez les ouvriers malades ou blessés de l’usine de mon père et que moi, fils de bourgeois, je découvris la condition inhumaine, que la philanthropie est incapable de guérir, imposée à la classe ouvrière par le capitalisme du laisser-faire, du laisser-passer ?
Cela et plus que cela. Phénomène complexe, et quand je regarde bien en moi, que j’ai du mal à comprendre, que je n’ose pas définir. En tout cas il me semble la conséquence de mon hérédité juive, de l’atmosphère juive où a baigné ma petite enfance dans une famille d’origine lorraine et en partie alsacienne, où il y avait un judaïsme pas trop décomposé et une encore assez forte tradition juive.
C’est la conscience et l’expérience des épreuves, du martyre d’Israël depuis près de mille six cents ans. C’est le cri d’Isaïe (42 & sq.) et celui de Zangwill : "Pitié, amour, justice, justice pour l’individu, justice pour tous les êtres, jusqu’aux moineaux qui se vendent deux sous la paire sur la place du marché."
C’est la révolte d’ "un fils obstiné de 1789", comme on m’a appelé, contre les inégalités sociales, économiques et politiques que depuis le dernier quart du XIXe siècle les antisémites complotent de lui imposer.
Je me rends cependant bien compte de ce que cette conception du judaïsme a, pour un Juif croyant, même simplement libéral, de limité par rapport à celui de votre admirable et malheureux Rosenzweig. Cependant, je pense que le choc de 'Had Gadya en 1904 n’a pas été tout à fait inutile à l’évolution du judaïsme depuis un demi-siècle.
Dans votre Note sur mes Poèmes Juifs, vous avez admirablement montré ce que je ne suis pas, que je ne peux pas être parce que – faute de volonté peut-être – je me suis laissé accaparer par trop de devoirs ou d’attrayantes tâches qui m’ont empêché d’apprendre l’hébreu et le yiddish et d’avoir une connaissance assez approfondie de la littérature hébraïque. Peut-être aussi parce que je n’ai pas assez médité sur la Bible, dont me détournait un mot d’André Chénier : "Il y a tout dans la Bible pourvu qu’on l’y mette" et cette ironie de Montaigne : "La Bible est un couteau de tripière qui coupe des deux côtés."
Mais 'Had Gadya m’a entraîné à m’enfoncer dans les trente gros volumes de Zangwill, romans, nouvelles, drames, essais, discours, pamphlets, poèmes, traduction des poèmes religieux d’Ibn Gabirol (7)
Par lui je connus l’existence de Théodore Herzl, son État juif, le mouvement sioniste que Zangwill l’avait aidé à fonder en 1896 et qu’à part Bernard Lazare, combattaient avec une aveugle passion la ploutocratie judéo-française et la quasi-totalité du judaïsme français et de ses rabbins, à l’exception du Grand Rabbin Zadoc Kahn et de son gendre Julien Weill.
Je lui consacrai, à partir de janvier 1909, notamment dans le Mercure de France, La Phalange, La Revue de Paris, un assez grand nombre d’articles et le 14 décembre 1909, dans les Cahiers de la quinzaine de Péguy, un petit livre : Israël Zangwill, reproduit dans mon livre Quelques Juifs (Mercure de France, juin 1913), qui introduisirent en France le nom du grand écrivain judéo-anglais, l’un des plus efficaces défenseurs du judaïsme et des champions de l’État d’Israël.
Bientôt cette œuvre immense chargée de la contagion affective de la misère et de la grandeur du destin juif, des tragédies et de la tragi-comédie des ghettos de l’Est et du Centre de l’Europe, de la Péninsule des Balkans et des grandes juiveries allemandes, autrichiennes, du Whitechapel de Londres et des grandes cités des États-Unis, se répandit en France et dans les pays de langue française.
De jeunes écrivains ou lettrés juifs français, ou comme on dit aujourd’hui "francophones", qui avaient perdu tout contact avec la vie et l’histoire juives contemporaines, s’en rapprochèrent. Curiosité, enthousiasme, imitation, bientôt des contes, des nouvelles, des romans juifs parurent et des essais critiques ou historiques. Une littérature de langue française était en train de naître qui, à travers deux guerres et les boucheries hitlériennes, continue à s’enrichir de jour en jour et projette tous ses feux sur toutes les directions de la vie et de la pensée d’Israël.
Il est un point sur lequel il me semble que le judaïsme d’un incroyant, agissant même sans le renfort de la pensée religieuse d’un Juif total comme Rosenzweig, aurait pu, aurait dû infléchir les directions tactiques des responsables du destin d’Israël, s’ils avaient pu décoller de leurs yeux les épaisses coquilles de leur terreur du Sionisme et de la création d’un État d’Israël : c’est celui de la responsabilité chrétienne dans le martyre séculaire d’Israël.
Dans une étude publiée avec mon Zangwill dans mes Quelques Juifs en 1913 au Mercure de France, j’avais opposé à l’attitude fière et franche d’un Zangwill conduisant tambour battant, tous drapeaux déployés, ses partisans à la victoire, l’attitude louvoyante, les réponses souvent humbles ou contradictoires aux accusations antisémites d’un grand Juif assimilé français, James Darmesteter, plaidant coupable, comme ces potaches qui, surpris à chahuter en classe, pleurnichent dans le gilet de leur professeur : "Pardon, M’sieur, je ne recommencerai plus…". James Darmesteter, ivre de s’évanouir avec la tradition juive dans la tradition française, offrant son grand livre Les prophètes d’Israël, en gage de réconciliation de la Torah et de L’Évangile et recevant comme réponse de l’Église militante, alliée à la noblesse, à l’armée, à la bourgeoisie bien pensante, la réponse de l’arrestation et de la condamnation de Dreyfus.
C’est en préparant cette étude que j’avais eu la révélation de la continuité de la politique de l’Église, du protestantisme luthérien et de l’Église orthodoxe grecque pour l’avilissement d’Israël, pour la réduction d’Israël à la condition de paria…
J’ai consigné mon état d’esprit dans une Note publiée (p. 275 & sq.) de l’édition de 1919 de mes Quelques Juifs (Grasset, 1928), et p. 183 & sq. du tome II de mes Quelques Juifs et demi-Juifs, et que ne font que confirmer de nombreux passages de l’ouvrage, en particulier les p. 259 & sq. du tome I. Pour moi, depuis cette lointaine époque, il ne fait pas de doute que sous toutes les formes d’antisémitisme (mondain, économique, ethnique, social) se cache l’antijudaïsme chrétien. Le reste n’est qu’un camouflage conscient ou inconscient destiné à masquer la responsabilité du christianisme dans "l’antisémitisme virulent à travers les âges", confirmé par "les recherches historiques entreprises par Jules Isaac à la suite des événements qui conduisirent les siens à Auschwitz".
Voilà donc un accord incontestable à travers le temps, de Juifs incroyants – je ne crois pas que l’attachement de Jules Isaac au judaïsme soit plus que le mien d’origine religieuse (8) – et du croyant Rosenzweig dont "la thèse centrale" vous paraît avoir été "d’une remarquable quoique parfois souterraine fécondité". Il a posé, dans la conscience de penseurs chrétiens, des doutes sur la légitimité de l’action missionnaire pour la conversion des individus juifs à laquelle Rosenzweig faisait à l’Église l’obligation théologique de renoncer. Il a donné naissance au sentiment de remords, de culpabilité du christianisme qu’exprime la lettre du pasteur Charles Westphal (9) dont le texte veut "être avant tout le témoignage d’une Église qui demande pardon. Car nous avons contribué à travers les siècles à la séparation des Juifs. Nous avons été parfois les instigateurs, parfois les complices, parfois les témoins indifférents et lâches de toutes les persécutions qui les ont décimés."
Et c’est dans cet esprit que depuis 1945 a été organisé par d’éminentes personnalités religieuses ou civiles du christianisme, du protestantisme et du judaïsme, le mouvement des Amitiés judéo-chrétiennes, qui "s’inscrivent harmonieusement dans le paysage spirituel de la pensée de Franz Rosenzweig", que, sur l’initiative de Jules Isaac, a été réunie en 1947 la Conférence Internationale extraordinaire de Seelisberg, puis, en 1948, la Conférence de Fribourg.
Des résolutions de ces Conférences, le Père Démann a essayé de tirer les "conséquences logiques et pratiques" dans les travaux où il se propose d’éliminer de "l’immense littérature d’édification ou d’enseignement, d’apologétique ou d’histoire des petits ou des grands écrivains catholiques, tout ce qui risque d’attiser la haine des Chrétiens contre les Juifs".
Mais vous vous demandez si des Juifs nourriraient un espoir analogue à celui qu’aurait pu mettre Rosenzweig sur les méthodes préconisées par les Amitiés judéo-chrétiennes pour combattre et paralyser les effets inhumains de l’antijudaïsme chrétien.
Vous comprenez les réticences et les réserves de la plupart d’entre eux et vous les partagez d’ailleurs.
Permettez d’y ajouter les réserves d’un incroyant qui connaît ses faiblesses et ses manques.
Je regrette de n’avoir pas connu plus tôt et de n’avoir pas maintenant le temps de lire l’article du Père Démann dans les Cahiers Sioniens de 1953, "Israël et l’Unité de l’Église", avec la correspondance du Père Démann, L. Askénazi et A. Neher (10). Je me permets cependant de vous envoyer les lignes que j’ai données en Préface au courageux livre Quand Israël combat, publié par Paul Giniewski (11) en 1957, à l’occasion de l’affaire de Suez. Vous y verrez mon peu de confiance dans un mouvement que la Papauté ne peut pas ne pas briser un jour, parce qu’il "saperait les fondements de l’Édifice chrétien qui reposent sur la croyance en la passion du Christ, sur la méconnaissance, aveuglement, injures, anathèmes des Juifs, flagellation, crucifixion, mise à mort de Jésus par les Juifs, affirmés par les Évangiles et dans les Épîtres de Saint-Paul".
Acceptez, mon cher André Neher, tous mes cordiaux souvenirs.
© : A . S . I . J . A. |