Photographies : © Sylvie Kaufmann

Adrien Zeller, président de la Région Alsace prend la parole. A gauche : René Jasner, et à droite le Préfet de la Région

Au micro : Etienne Wolf , maire de Brumath

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Une forte émotion a marqué la cérémonie de recueillement et d'indignation organisée au cimetière juif profané de Brumath en présence de plus de 400 personnes. A l'appel du consistoire israélite et de la communauté juive, ce rassemblement a réuni des représentants des communautés musulmanes et chrétiennes, des élus dont le président de la Région Alsace, Adrien Zeller, nommément visé par une des inscriptions antisémites, racistes et néo-nazies retrouvées samedi dans la nécropole. " En ce 1er novembre, nous sommes tous des juifs alsaciens ", a-t-il déclaré.
" Nous sommes devant une provocation aussi infâme que profondément calculée, oeuvre d'un groupuscule restreint ", a poursuivi le président de Région accusé dans un tag de "vendre l'Alsace aux Arabes". Des habitants de Brumath, de nombreux membres de la communauté juive, dont plusieurs responsables comme Jean Kahn, président du consistoire central israélite de France ainsi que du Bas-Rhin, se sont massés devant la nécropole, située sur une colline en plein champ " C'est la troisième fois cette année qu'un cimetière juif est profané en Alsace ", a rappelé Salomon Lévy, vice-président du consistoire israélite du Bas-Rhin, en débutant cette cérémonie de recueillement et d'indignation contre ceux qui expriment un antisémitisme, un racisme et une xénophobie absolument intolérables, spolient la mémoire des défunts, injurient et humilient notre communauté et insultent la France.

92 tombes du cimetière juif de Brumath (Bas-Rhin) ont été découvertes, le samedi 30 octobre 2004, couvertes d'inscriptions antisémites, racistes et néo-nazies, venant s'ajouter à une longue liste de profanations commises ces derniers mois en Alsace.

Les tombes, notamment taguées de sigles "SS", de croix gammées, de "mort aux juifs", se trouvent quasi intégralement dans la partie ancienne du cimetière qui se trouve à l'écart du Brumath, à environ 1 km de la sortie de la commune. La majorité sont d'anciennes sépultures, en grès.

Les dégradations, commises avec des bombes de peintures noire et bleue, ont été découvertes dans l'après-midi par une patrouille de la police municipale. Une enquête a été ouverte et confiée aux gendarmes de la section de recherches de Strasbourg et de la compagnie de Haguenau (Bas-Rhin).

Parmi les autres inscriptions retrouvées dans le cimetière figurent "Adrien Zeller (président de la Région Alsace, ndlr), tu vends l'Alsace aux Arabes" ou "Ni juifs, ni arabes, ni nègres", a indiqué Pierre Lévy, délégué régional du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), qui s'est rendu sur place. Il se dit "révolté, furieux contre tant de bêtise, de lâcheté et d'actes odieux". "C'est un nouveau coup dur pour la démocratie, la République et la tolérance".

"Nous pensons que les faits ont été commis dans la nuit de vendredi à samedi, entre minuit et quatre heures", rapportent le maire de Brumath Etienne Wolf et son adjoint, Jean-Daniel Schell. Avant de préciser : "Les gendarmes ont effectué leur dernière patrouille au cimetière vers minuit. Or un violent orage a éclaté samedi aux alentours de quatre heures. L'orage a fait disparaître toutes les empreintes de pas."

Plusieurs éléments laissent à penser qu'il y aurait eu plusieurs auteurs : des écritures distinctes, "au moins deux" selon les enquêteurs, l'utilisation de bombes de couleurs différentes, l'une noire et l'autre bleue, et le nombre important de tombes souillées. "Compte tenu des écrits, les signes nazis et les références à des mouvances extrémistes comme le "white power" (le pouvoir aux Blancs) américain, il semble qu'il s'agit d'individus organisés. De plus, les écrits ont été exécutés de façon très appliquée."

"La piste qui apparaît la plus vraisemblable est celle de groupuscules néo-nazis, sans exclure d'autres hypothèses", a précisé le parquet de Strasbourg. Marc Montagnon, procureur-adjoint, a admis l'existence de similitudes avec les actes commis à Herrlisheim, où 127 tombes du cimetière juif avaient été maculées d'inscriptions pro-nazies et antisémites. Pour autant, il a souligné qu'aucun élément ne permet d'établir qu'il s'agit des mêmes auteurs.

La communauté juive alsacienne a été victime à plusieurs reprises ces derniers mois de profanations de sépultures qui ont également touché des cimetières musulmans et chrétiens avec, depuis avril, un total de quelque 400 tombes des trois confessions souillées.
Cette profanation est la troisième que connaissent les cimetières juifs d'Alsace pendant l'année 2004. La plus importante profanation eu lieu le 30 avril à Hattstat-Herrlisheim, près de Colmar (Haut-Rhin), où 127 tombes du cimetière juif ont été recouvertes d'inscriptions antisémites et néo-nazies.
Une cérémonie de recueillement s'y tiendra d'ailleurs le 28 novembre pour marquer la fin du nettoyage des sépultures qui s'est achevé début octobre, a indiqué samedi soir le consistoire israélite du Haut-Rhin.

A Saverne, une trentaine de tombes du cimetière juif de (Bas-Rhin) ont été découvertes le 28 juillet 04 souillées, principalement de croix gammées.

Jusqu'à présent, les enquêtes sur ces profanations ont peu avancé en Alsace, avec une seule mise en examen prononcée à l'encontre d'un adolescent de 14 ans, à qui l'on reproche d'avoir tagué des croix gammées sur des tombes chrétiennes à Niederhaslach (Bas-Rhin) en mai dernier.
Pour faire avancer les enquêtes, le Conseil régional d'Alsace a décidé en septembre de mettre en place un crédit de 15.000 à 18.000 euros pour rémunérer tout informateur permettant l'identification des auteurs de ces profanations.

Ces faits viennent rappeler les dégradations commises à Strasbourg durant le week-end de Pâques 2002 : un pavillon situé à l'intérieur du Cimetière israélite de la Communauté Etz Haïm à Schiltigheim (banlieue de Strasbourg) a été incendié au cours de la nuit du lundi 1 au mardi 2 avril.
Le 12 avril 2002, ce sont les tombes du Cimetière israélite de Cronenbourg situé route d'Oberhausbergen, qui ont été profanées. Rappelons aussi le saccage du Cimetière juif de Sarre-Union en janvier 2001.

Le Président de la République, Jacques Chirac, a "condamné avec la plus grande fermeté" la profanation et demandé "au gouvernement de prendre sans délai toutes les dispositions nécessaires pour que soient recherchés, arrêtés et traduits devant la justice les auteurs de cet acte odieux".

Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin a pour sa part dénoncé le "caractère odieux" de ces actes qui "doit susciter une réaction d'indignation collective", précisant que "des instructions" avaient été données "aux services compétents afin de mener les investigations nécessaires".

Le ministre de l'Intérieur Dominique de Villepin a également exprimé son "indignation" et assuré "la communauté juive de sa profonde sympathie face à cette agression dont elle est l'objet et a réaffirmé sa totale détermination à lutter contre toutes les formes d'antisémitisme et d'intolérance religieuse".

LE CONSISTOIRE CENTRAL DE FRANCE
LE GRAND RABBINAT DU BAS-RHIN
LE CONSISTOIRE ISRAELITE DE STRASBOURG
LA COMMUNAUTE ISRAELITE DE BRUMATH
Traumatisés par la grave profanation du cimetière israélite de Brumath, appellent à une cérémonie de recueillement et de protestation lundi le 1er novembre 2004 à 11h30 devant le cimetière Israélite de Brumath.
Ces dégradations de cimetières de quelque religion que ce soit sont intolérables et doivent cesser par respect des morts qui ont droit à un sommeil éternel serein. Le respect du prochain vivant passe par le respect dû aux morts.

Photographies du cimetière : Pierre Lévy

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