Quelques aperçus sur les Juifs de Haguenau 1813-1821
Rabbin Claude HEYMANN
Extrait de la plaquette éditée à l'occasion du 25ème anniversaire de la réinauguration solennelle de la Synagogue de Haguenau
Dimanche 8 avril 1984


La synagogue de Haguenau
construite de 1819 à 1821 par Léopold

C'est avec passion que nous avons entrepris nos recherches sur la Communauté juive de Haguenau, en découvrant la présence d'un nombre important de documents la concernant aux archives municipales.
Elie Scheid conclut son Histoire des Juifs de Haguenau par un document daté du 21 Prairial an III rouvrant leur synagogue aux Juifs haguenoviens après la Terreur. Il déclare arrêter son étude car "la pousser plus loin serait entrer presque dans l'actualité ..." Les travaux du Grand Rabbin Joseph Bloch, notamment son opuscule sur le cimetière juif de Haguenau, constituent des éléments importants que nous avons précieusement utilisés (*).

L'élément primordial sous l'Empire et la Restauration pour les juifs haguenoviens fut la construction de leur nouvelle synagogue. En retraçant cette page d'histoire, nous avons voulu contribuer à la commémoration du 25ème anniversaire de la réfection de cette synagogue après le désastre de 1939-45.

Le désir des Juifs de Haguenau de se doter d'un seul grand lieu de prières prend forme à l'époque du déclin de l'Empire napoléonien. La communauté juive d'Alsace est toujours en butte à un antisémitisme populaire exaspéré par l'usure juive. Les décisions de l'Administration impériale la régit par les décrets suivants :
-  la liberté de culte
-  les droits civiques
-  un consistoire pour chaque département
-  chaque juif doit avoir un nom de famille fixe et déclaré.

La pacification religieuse est une des grandes réussites de Napoléon. Il a le souci de l'opinion publique mais c'est un moyen de contrôler toutes les formes de pensées.

Par bonheur, le musée de Haguenau e conservé deux documents essentiels, les comptes rendus de deux séances du 26  et 29 juillet 1813 au cours desquelles furent prises les décisions d'acquérir le terrain puis de faire construire le bâtiment de la synagogue.
Cette étude aura pour objet de donner un bref aperçu sur l'état de la Communauté à cette époque et surtout d'analyser ces deux importants rapports de séance.

Les Juifs haguenoviens sous l'Empire

Le recensement de 1808 nous donne le nombre des membres de la communauté. Ils étaient 654. La population juive augmentera puisqu'en 1848, la cité est habitée par 732 juifs. Somme toute la Communauté est à cette époque en pleine expansion. Patrick Girard (1) explique cet accroissement par les mouvements de population qui furent importants en Alsace où les juifs s'installèrent dans les villes qui leur étaient autrefois interdites.
Haguenau ne fait pas exception à la règle malgré une présence juive très ancienne.

Quelle était l'activité économique des juifs haguenoviens de cette époque ? Nous relevons dans la liste de patentes accordées en 1819 (1) : onze ferrailleurs, huit marchands de bestiaux, sept revendeurs, sept fripiers et sept colporteurs, des marchands de peaux, de laine et d'huile, quatre  cabaretiers et un relieur. Il ne fait aucun doute que de nombreux autres membres de la communauté juive exercèrent ces métiers sans patente. Mais cette liste reflète bien la tendance générale. Le commerce reste un des domaines dans lequel les juifs sont solidement implantés. Il y a lieu, cependant de relever que le fils du rabbin Lazare Hirsch, Aaron Lion Hirsch est médecin auprès de l'armée du Rhin en 1809. La plupart des juifs haguenoviens sont cependant de condition modeste, confinant à la pauvreté, en dehors de quelques familles de notables, les Moch, les Bernheim.

Les synagogues à Haguenau

Dans une lettre adressée au Baron de Reinhardt (2), sous-préfet de l'arrondissement de Strasbourg, Jonathan Cerf demande à celui-ci de valider les impôts et taxes sur la viande pour permettre
"d'y établir et construire une synagogue assez vaste pour contenir tous les israélites demeurant en ladite ville de Haguenau et ne plus être obligé par là, comme ils l'ont été jusqu'à présent, à louer une autre place, attendu que leur ancienne synagogue est infiniment trop petite pour les contenir tous"
. Il ressort de cette déclaration qu'il y avait deux lieux de culte juif à Haguenau, la deuxième "schule" était louée et n'appartenait pas aux juifs qui y priaient.

Dans une autre lettre non datée, adressée au maire, les administrateurs de la Communauté demandent l'autorisation de faire publier par le Tambour de Ville la vente des matériaux provenant de la destruction de l'ancienne synagogue, autre preuve qu'ils ne pouvaient agir ainsi avec l'autre bâtiment abritant le second lieu de prières, puisqu'il était loué. Si nous connaissons exactement l'emplacement de la synagogue officielle, au 8 de l'actuelle rue du Sel, nous ignorons totalement l'emplacement de la seconde. Il ressort du compte-rendu de la séance du 26  juillet 1813 qu'il s'agissait d'une synagogue ayant sa propre administration. C'est pourquoi dans la commission chargée de répartir les sommes nécessaires, seront choisis les membres des deux synagogues.

Sans doute l'achat des places du local loué avait-il été rendu nécessaire pour payer le loyer et veiller à l'entretien de ce lieu de culte. Selon Girard (op cité p. 106 ) les nouveaux arrivants de la campagne formaient, en ville, un groupe distinct, ayant son propre lieu de culte, appelé "synagogue des Neuelander".

La première réunion du 26  juillet 1813 (3)

Les juifs haguenoviens sont assemblés chez le commissaire surveillant (4) du Temple, Moïse Weill. Il s'agit de "tous les habitants professatn la loi mosaïque de la ville de Haguenau ". C'est une chose normale puisque la construction d'un lieu de culte était et reste une préoccupation essentielle pour toute communauté juive qui se respecte. L'ensemble des chefs de famille était donc nécessaire. Un terrain devait être mis aux enchères deux jours plus tard, le 28 juillet, comprenant une maison et ses dépendances, appartenant au Sieur Tritschler. Dans l'acte premier les personnes présentes à la réunion donnent pouvoir à Moise et Cayres (5) Weill d'acheter le terrain tel quel avec les bâtiments qui s'y trouvent. La somme maximale des enchères est fixée à douze mille francs de l'époque. Une première commission de six personnes plus un receveur, est chargée de répartir, "en leur conscience", la charge de l'avance destinée à payer le premier terme "avec les frais et droits de contrôle.

Les assistants pour éviter des difficultés aux sieurs Weill se portent garants de faire l'avance nécessaire pour chaque terme, sous la direction de la Commission nommée à cet effet (6).

Les juifs de Haguenau décident en outre de se réunir à nouveau après l'achat et le paiement du premier terme pour nommer une deuxième commission. Celle-ci aura pour tâche de proposer un plan budgétaire adapté pour chaque membre de la Communauté. Il convient également de rembourser les avances déjà versées à leur propriétaire lorsque le montant des termes sera encaissé. Il s'agit du point de vue le plus épineux, c'est pourquoi, après l'adoption de ce texte à la majorité, il devra être contresigné par tous les participants afin qu'il n'y ait aucune contestation ultérieure.

Les membres de la seconde commission seront choisis parmi les membres des deux synagogues, trois de chacune avec les commissaires-surveillants et le rabbin. La commission est chargée

"d'estimer les places de l'ancienne synagogue, tant celles des hommes que celles des femmes, ce que chaque place vaut mais ils sont tenu de faire l'estimation en leur âme et conscience et non selon leur intérêt".
L'estimation servira de base à l'achat des nouvelles places qui seront alors vendues ensuite aux enchères. Cette technique, malgré ce qu'elle a de discriminatoire, permettait de mieux remplir les caisses de ladite commission et de pousser les nantis à acquérir les places les plus chères et ... les mieux situées ! En acquérant leur nouvelle place ils pourront défalquer le cas échéant, le montant de leur ancienne place ou payer en sus une place plus chère. Si les enchérisseurs ne pouvaient payer comptant, la commission était habilitée à leur faire crédit, mais dans l'éventualité d'une insolvabilité totale, il ne leur serait rien remboursé et la place revendue au profit de la caisse commune. Le présent compromis sera soumis ou Rabbin, docteur de la Loi. Les sieurs Weill sont habilités à chercher un autre terrain, suivant le même compromis, dans l'éventualité où l'acquisition de la maison du Sieur Tritschler se révélerait impossible pour une raison ou pour une autre. Le rabbin atteste la validité des signatures qu'il certifie véritables.

Réunion du 29 juillet 1813 (7)

La rosace de la synagogue actuelle
En préambule le texte constate l'achat du terrain convoité.
Cette acquisition a été réalisée non par les Sieurs Weill mais par Jonathan Cerf. Ce personnage était un administrateur en vue. Il figure parmi les habitants les plus imposés que nous révèle la liste électorale de 1812 pour les élections municipales, avec les frères Weill (8). On peut supposer que, vue l'énorme responsabilité que représentait une telle acquisition, les frères Weill aient hésité à l'assumer mais nous en ignorons la véritable cause. La commission répartissant les charges doit se constituer afin de mettre en train les mesures décidées deux jours auparavant, pourtant la composition de la commission change et on n'est pas fixé sur l'origine de ses membres. La première séance demandait qu'elle fut composée de six personnes, trois de chaque synagogue plus deux commissaires surveillants et le rabbin. Là, le texte cite les noms des membres sans spécifier leur origine. Ils sont quinze, dont Jonathan Cerf, Cayres et Moïse Weill,

La voix du rabbin pourra l'emporter sur la décision en cas d'absence ou d'égalité des voix. La commission reçut la mission d'exécuter toutes les décisions prises. Elle peut également traduire en justice les récalcitrants. Les receveurs sont Isaïe Abraham Cerf et David Rheims.

Les signataires
Les sept juifs parmi les cent plus imposés de Haguenau à savoir :
1) Ah Samuel
2) Bernheim Benjamin
3) Cerf Jonathan
4 ) Moch Jacques
5) Weill Moïse
6 ) Weill Lazare
7) Weill Caïus
participent tous à l'érection de la synagogue. Tous, sauf Lazare Weill et Benjamin Bernheim feront partie de la commission, déléguée à la réalisation du projet, mise sur pied par l'assemblée générale des Baalé Batim (9). Les noms de Samuel Ah (10) et Jacob Moch se retrouvent dans une lettre non datée, adressée au maire auquel il est demandé de bien vouloir permettre la publication de la vente du matériel de l'ancienne synagogue par le Tambour de Ville. Nous trouvons qu'en 1784  Benjamin Bernheim a un valet et une servante. Ils figurent parmi les premiers signataires des compromis signés, ce qui prouve leur importance.
Jacques Moch est né en août 1763. Il est le fils d'Abraham Moch et de Marie, originaire de Vienne. Il est vraisemblablement le président de la Communauté, c'est un notable riche et respecté.

Nous remarquons en outre que deux femmes participent à la réunion il s'agit de deux veuves, les veuves Bender et Alexandre. Sans doute les autres femmes étaient-elle représentées par leur mari, quant aux autres veuves tout semble indiquer qu'elles n'avaient pas les moyens de s'acheter une place à la schule.

Taxes sur les viandes


Dans une lettre (11) datée du 17 septembre 1815 les juifs de Haguenau exposent au baron de Reinhardt, sous-préfet de l'arrondissement de Strasbourg, les détails des impôts et taxes "pour parvenir à faire le paiement susdit et faire face aux frais de construction". Les bouchers doivent "pour chaque livre de viande de leur consommation 212 centimes à payer comme octroi. Pour chaque boeuf ou vache 2 F, pour chaque mouton ou veau 90 centimes." Chaque particulier devait en outre verser 10 centimes pour chaque oie ou canard qu'il tuerait, et 9 centimes pour les poules. Mais, disent les administrateurs "cette perception a eu exactement lieu jusqu'à l'arrivée des puissances alliées (12). Mais depuis qu'il y a des récalcitrants qui entravent pour çà l'ouvrage". Ils demandent au préfet "d'autoriser le susdit paiement pour être exécuté selon la forme et teneur et ferez justice".

Par ce moyen qui fut largement utilisé dans toutes les communautés, l'administration espérait alléger les charges qui pesaient déjà sur elles. Les archives municipales ne possèdent pas la réponse du Baron de Reinhardt mais il semble qu'elle fut positive et que les diverses taxes alimentèrent les caisses de la commission chargée de l'exécution des travaux. Mais dans une autre lettre datée du 2 juillet 1839 (13) le Préfet se voit consulté par le Maire de Haguenau, au sujet de la taxe sur l'abattage. Les sieurs Louis Heimann et Abraham Mey, tous deux bouchers, "réclament contre la taxe imposée sur l'abattage des bestiaux". Le premier magistrat haguenovien fait l'historique des travaux en indiquant l'unanimité des participants aux réunions de 1813. La convention établissant les droits et taxes ayant été adoptée et signée par tous.

"L'imposition sur les oies et les poules, continue le maire, tombait en désuétude parce que la perception présentait trop de difficultés. Mais la taxe sur les viandes subsiste. Cependant les administrateurs de la synagogue ayant cru que les bouchers israélites ne rendaient pas un compte exact du produit de la taxe que les consommateurs payaient aux bouchers en sus du prix courant de la viande, il fut convenu, avec le consentement de tous, que les bouchers de la communauté verseraient à la caisse de la Communauté 1f50 pour chaque boeuf ou vache et 20 centimes pour chaque tête de menu bétail qu'ils feraient abattre, sauf à faire percevoir pour leur profit de la taxe de 2 ½   centimes par livre de viande."

Mais quelques uns des bouchers, dans la vue de s'assurer un plus fort débit renoncèrent bientôt à la perception de la taxe, les autres furent forcés de suivre leur exemple pour pouvoir concourir avec eux.
Ces derniers pourraient certainement se refuser à payer un impôt illégalement établi, mais dans l'état actuel des choses, ce serait vouloir renoncer à l'exercice de leur industrie, car le préposé (Schächter) chargé d'abattre les bestiaux destinés au débit des bouchers israélites refuserait son ministère à ceux qui n'auraient préalablement acquitté la taxe et aucun juif n'achèterait de viande s'il n'avait la certitude qu'elle provient d'une bête abattue par lui. Ce préposé est nommé par les administrateurs de la synagogue. Il réunit cet emploi à celui de chantre.

"Je pense, monsieur le Préfet, que ces derniers (les bouchers) sont très fondés dans leurs réclamations. A mon avis, la Communauté israélite devrait aviser à d'autres moyens d'amortir cette dette. Une contribution volontaire à laquelle chacun contribuerait selon sa fortune serait peut-être le moyen qui concilierait le mieux tous les intérêts ?"

La réponse du préfet quinze jours plus tard est nette car la taxe imposée dit-il "est essentiellement illégale et le paiement en est refusé avec raison par les parties intéressées." Il souscrit aux propositions du maire et lui demande de faire connaître sa position aux intéressés.

La construction de la synagogue

Dans un document doté du 12 janvier 1820, il apparaît que la construction de la synagogue ne fut entreprise qu'après le mois de mai 1819.

En effet, dans ce compte-rendu de séance nous constatons que les membres des deux synagogues de cette ville, au nombre de cent date du 3 mai 1819, ont nommé une commission composée de douze membres à  l'effet de prendre des mesures pour faire construire le plus tôt possible un nouveau temple propre à réunir tous les coreligionnaires des deux synagogues de la ville. Il y a lieu de se demander pourquoi la commission mise sur pied en juillet 1813 dut être remplacée six  ans plus tard par une autre, avec le même but pour réaliser ce qui avait été décidé depuis bien longtemps.

Comment expliquer ce retard mystérieux ? Nous pouvons émettre deux hypothèses. Soit les prévisions budgétaires concernant l'acquisition du terrain et l'érection du bâtiment se révélaient insuffisantes, soit la difficulté provient de l'incapacité de ladite commission de faire acheter les places et de réaliser les profits espérés en les vendant aux enchères. Il ne faut pas oublier qu'après estimation de leurs anciennes places les Baalé Batim devaient en racheter de nouvelles aux enchères, ce qui risquait de faire augmenter, substantiellement la valeur des places de la nouvelle synagogue. Nous constatons à la lecture du même compte-rendu que les sommes nécessaires à l'achèvement du bâtiment ne sont pas toutes rassemblées, c'est pourquoi la Commission administrative demande au Consistoire

"de bien vouloir comprendre dans le budget de la Communauté de Haguenau la somme de 33 000 Frs de supplément des frais de construction du nouveau Temple projeté et en partie exécuté pour la répartition en être faite entre les contribuables".
Ainsi le financement de la construction permettra d'achever le bâtiment
"qui pourra, sans contredit être mis au nombre des plus beaux et des plus remarquables de la ville".

Le Rabbinat.

Yequel Gouggenheim décédé en avril 1803, et nous voyons figurer sur le recensement de 1808 le nom de Nephtali Lazare Hirsch  Katzenellenbogen, qui deviendra le premier grand rabbin du Haut-Rhin, à Wintzentheim, probablement en 1809. Il est né à Haguenau le 15 avril 1750 et a 22 ans, à la mort de son père, en 1771, ce qui explique qu'il ne lui succédera pas. Vue sa jeunesse, Lazare Hirsch est présent à Haguenau en 1791, puisqu'il figure sur l'état nominatif des juifs y résidant à cette époque. Nous savons cependant qu'il était en 1800 rabbin à Francfort sur l'Oder. Il fut également délégué en 1806 -1807 à Paris au Grand Sanhédrin et figure sur le registre officiel de 1808. Avant son départ pour Wintzenheim il aurait donc résidé à Haguenau sept ou huit ans en incluant les longs mois passés à Paris. Nous pensons qu'il a effectivement été appelé à succéder à Yequel Gouggenheim puisqu'il était le fils de son prédécesseur, mort en 1771. mais du fait de la longueur des voyages, de son absence au cours des années 1806 -1807 et de sa nomination imminente à un poste plus importent, Lazare Hirsch n'accepte la charge rabbinique de Haguenau qu'à titre tout à fait provisoire. (15)

Simon Cahen
Simon Cahen
Le Rabbin Cahen.


Le Rabbin Simon Cahen apparaît sur les documents que nous avons utilisés, comme l'arbitre et le chef de cette communauté qui met toutes ses forces à la réalisation de son projet. Simon Cohen est né le 15 novembre 1760 à Metz et devient rabbin à Haguenau le 22 juin 1811.
C'est donc un homme mûr qui arrive pour prendre la tête d'une communauté qui vit la restructuration du judaïsme selon la volonté de l'Empereur. Nous ignorons quels furent les postes rabbiniques qu'il occupa auparavant. Mais nous savons qu'il figure dans le recensement de 1808 comme enseignant à Soultz-sous-Forêts (16). C'est en tous cas un homme respecté. Le portrait reproduit ci-contre semble montrer un homme possédant un visage lumineux qui inspire presque l'admiration.

Dons une lettre datée du 2 janvier 1826 (17), alors qu'il vient d'être nommé grand rabbin du Haut-Rhin, le maire de Haguenau fait son éloge :

"sa conduite privée, apolitique, dit-il lui a constamment mérité l'estime et la considération des habitants de cette ville et qu'en toutes circonstances il a employé en sa qualité de Rabbin son influence sur ses coreligionnaires pour les écarter de tout trafic illicite et surtout de l'usure"
. Le premier magistrat de la ville conclut en ces termes :
"c'est un témoignage que je me plais à rendre au Sieur Simon Cahen qui est généralement renommé pour parfait honnête homme".
Ce portrait du rabbin Simon Cahen est un témoignage très émouvant et dont la Communauté d'antan est sans doute très fière.

Les Chantres.

Dans les archives municipales de Haguenau, nous voyons deux personnages qualifiés du titre de ministre du culte. C'est le 17 Thermidor an VIII que Jonas Schiller et Lehmann Cerf jurent fidélité à la Constitution. Nous pensons qu'il s'agit là de deux 'hazanim exerçant respectivement leur fonction dans l'une des deux synagogues haguenoviennes.
Lehmann Cerf figure sur le recensement de 1808 et devient Kilien Cerf.

L'inauguration.

Elle eut lieu le 9 août 1821. Dans une lettre la municipalité demande au lieutenant du Roi de "fournir des patrouilles qui parcoureraient la ville dons les divers quartiers, particulièrement dans celui où doit passer le cortège, afin de faire respecter et prévenir tout désordre s'il devait s'en présenter." Ce transfert des Sepharim (18) eut lieu, publiquement, en cortège, un vendredi.

Ce jour fut sons doute une date merveilleuse pour toute la communauté qui voyait ses efforts couronnés de succès. Après sept années de discussions et de palabres, de travail et de labeur, s'élève maintenant, majestueux et imposant, le bâtiment qu'ils appelaient de leurs vœux.
Depuis cette date, ces murs ont entendu résonner les prières, les louanges, les lamentations, les pleurs de plusieurs générations,
Plaît à Dieu que seule la venue du Messie, ne vienne interrompre nos voix dans cette enceinte.

NOTES
* Je tiens à remercier Monsieur Gaston Corbeau qui a grandement facilité mes recherches.
  1. Dans Les Juifs de France, de 1789 à 1860. Collection Diaspora. Ed Calmann-Lévy. p.106.    Retour au texte.
  2. A.M.H. P.J. 4    Retour au texte.
  3. A.M.H. P.J. 10    Retour au texte.
  4. Président    Retour au texte.
  5. Cayres, plus tard deviendra le prénom Caïus, sons doute une transformation du nom hébraïque Haïm.    Retour au texte.
  6. Acte second du compte-rendu de séance.    Retour au texte.
  7. P.J. 10    Retour au texte.
  8. Il s'adresse seul au nom de la communauté, au sous-préfet Reinach, dans une lettre citée plus haut, concernant les taxes spéciales sur la viande.    Retour au texte.
  9. Chefs de famille    Retour au texte.
  10. Pendant la Terreur, (février 1794 ), les juifs de Haguenau, sous l' autorité du Rabbin Yéquel Gouggenheim, voyant leurs synagogues fermées sur l'ordre des autorités, se réunirent dans l'huilerie de Samuel Ah pour prier.    Retour au texte.
  11. A.M.H. P.J.10    Retour au texte.
  12. Les troupes alliées pour rétablir Louis XVIII sur son trône, envahissent par deux fois la France en 1815. Haguenau voit les Cosaques bivouaquer aux alentours et exigent que la ville les nourrisse. La ville restera occupée jusqu'en 1818.    Retour au texte.
  13. P. J.10    Retour au texte.
  14. A.M.H. P.J.3    Retour au texte.
  15. Il est enterré à Wintzenheim (H-R), sa femme par contre, repose au cimetière juif de Haguenau. Cf. Le cimetière juif de Haguenau J. Bloch p. 37.    Retour au texte.
  16. Je remercie Monsieur A. Frankel d'avoir eu la gentillesse de me communiquer ce renseignement.
  17. A.M.H. P.J. 3 
  18. Rouleaux de la Torah.   
  19. Le choix de ce jour nous parait curieux, puisqu'en général, aucune solennité n'est célébrée le vendredi, vu la proximité du Shabath (samedi).  


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