Le cimetière juif de Quatzenheim (Bas-Rhin) a été vandalisé dans la nuit du 18 au 19 février 2019. Près de 80 tombes ont été profanées (96 selon des gendarmes sur place). Une sépulture porte également l’inscription "Elsassisches Schwarzen Wolfe" ("Les loups noirs alsaciens" - en allemand), possible référence à un groupe autonomiste actif dans les années 1970. D’autres croix gammées ont été marquées à la bombe sur le portail d’une maison, en lisière du cimetière, et sur le mur d’enceinte.
Le président de la République a fait le déplacement le 19 février en début d'après-midi. Il s'est adressé aux représentants de la communauté juive, mais aussi aux habitants de la commune de Quatzenheim. Il s'est engagé à agir, légiférer et "punir". "Ceux qui ont fait ça ne sont pas dignes de la République et elle les punira", a déclaré le chef de l’Etat, "on prendra des actes, on prendra des lois et on punira."
Il a dit sa "honte" et sa "détermination" à lutter contre l’antisémitisme. "Ce n’est pas aux juifs de France de se défendre, c’est à la République".
"Je voulais être avec les habitants de Quatzenheim. Il sont là aujourd'hui et c'est ce visage à la fois de ce village, de l'Alsace et de cette région Grand Est qui nous est cher. Un groupe d'individus haineux, malheureusement a fait ce que d'autres avant eux ont fait depuis trop d'années. Si je suis là, c'est pour témoigner de la solidarité de la nation tout entière, de notre honte de voir ça, de notre détermination à être ensemble. Et de dire ici notre détermination entière à lutter contre l'antisémitisme sous toutes ses formes et tous ces visages de la haine."
"Il y aura ce soir des rassemblements à l'appel de toutes les forces politiques qui diront aussi cette émotion et cette mobilisation du pays. Mais au-delà de l'émotion, cela doit durer, partout et dans les consciences au premier chef et que certains de nos concitoyens pensent que cela n'est rien ou qu'on peut faire bégayer l'histoire en faisant cela, c'est un échec, c'est notre échec
Accompagné du grand rabbin de France, Haïm Korsia, et portant la kippa, il s’est ensuite recueilli devant plusieurs tombes, posant une pierre sur l’une d’elles, "pour que le souvenir ne s’estompe pas".
Luc Ravel, l'archevêque de Strasbourg, a déclaré sur place : "Ce qui arrive aux Juifs est un signal de ce qui peut nous arriver plus largement.
Maurice Dahan, le président du consistoire israélite du Bas-Rhin, réagit : "Il faut qu'il y ait une vraie répression des actes antisémites, forte, puissante. Le ministre de l'Intérieur a parlé d'un poison : il faut que ce poison connaisse un antidote à la hauteur et à la mesure du poison en question."
Le parquet de Strasbourg annonce qu'il ouvre une "enquête de flagrance" confiée à la section de recherches de la gendarmerie de la capitale alsacienne. Dans un communiqué, le préfet de la région Jean-Luc Marx
"condamne avec la plus grande fermeté cet acte antisémite odieux et exprime son soutien le plus total à la communauté juive qui a une nouvelle fois été prise pour cible. L’antisémitisme porte atteinte aux valeurs de la République que tous les Français ont en partage."
La dernière profanation d’un cimetière juif en Alsace avait été découverte le jour même de l’attentat djihadiste contre le marché de Noël de Strasbourg, le 11 décembre, à Herrlisheim, commune de 5000 habitants située au nord-est de Strasbourg. Trente-sept stèles, ainsi que le monument des martyrs de la Shoah, avaient été recouvertes de graffitis antisémites.
Le président Macron avec Maurice Dahan, président du Consistoire israélite du Bas-Rhin |
Haïm Korsia, grand rabbin de France, avec Luc Ravel, archevêque de Strasbourg |
les policiers enquêtent |
à gauche : madame Josette Prim, adjointe au Maire |
Synagogue précédente |
Synagogue suivante |