On peut distinguer deux périodes : avant et après la révolution française.
En 1736, un premier "rabbin des territoires épiscopaux", Jacob Kahn, est affecté par le rabbinat de Mutzig, dont il dépend, à cette communauté qui s'est constituée. C'est le 5 août 1751 que se règle clairement la possession du cimetière juif à son emplacement actuel, surplombant la vallée de la Zorn et représentant alors environ un hectare de terrain. Il est définitivement créé à cette date par un contrat avec les autorités de l'évêché, et mis à la disposition d'un groupement de communautés juives alsaciennes (Marmoutier, Otterswiller, Schwenheim, Haegen) et lorraines (Phalsbourg, Bourscheid, Lixheim, Metting, Schalbach, Imling et Mittelbronn). Ce groupement concerne alors plus de 150 familles. Pour Saverne, il ne manque plus qu'une synagogue.
En 1784, vingt-et-unes familles finissent par résider dans ce quartier ou aux alentours. Elles représentent environ 103 personnes selon le recensement réalisé à cette époque. Dix chefs de familles sont marchands de bestiaux, six fripiers et un cordonnier. Israël David est le préposé de la communauté. Une école juive a été créée, la même année, avec Nordon Sieskind. A cette époque, Samuel Raphaël est le premier chantre de la communauté ; il exerce en même temps la profession d'horloger. Sur ces 21 familles, onze possédent une maison. C'est Samuel Kahn, substitut-rabbin depuis 1779, qui commencera à développer l' école juive, à partir de 1794 (après la révolution française de 1789), avec Level Kauffman, qui sera chargé de l'aider. Une nouvelle dynamique se dessine.
La fin du 18ème siècle est ainsi marquée par la révolution française qui, dès 1791, va permettre aux Juifs de devenir des citoyens à part entière grâce au fameux décret d'émancipation. Au cours du 19ème siècle, la communauté va ainsi amorcer un réel développement puisqu' en 1806 elle comptera 252 âmes, soit le doublement de sa population en une vingtaine d'années. Au début du siècle, en 1802, le rabbin Leyser Samson est nommé rabbin de Saverne et en 1808, toujours à l'époque de Napoléon 1er, puisque les Juifs doivent choisir leur nom pour l'état civil, il opte pour celui de Lazar Liebermann. Puis, en 1813, il est secondé par Jacques Dreyfus qui obtient le poste de nouveau maître d' école.
Les conditions de vie des Juifs sont alors très difficiles mais ils s'organisent de mieux en mieux puisque les structures communautaires se dessinent sous la férule des cadres dont, désormais, elle dispose. En effet, Napoléon 1er a mis en place les structures du judaïsme français. La situation des personnes est alors très variée. Ainsi, un seul juif est un "propriétaire foncier" important, il s'agit de Simon Cerf, déjà cité, qui était négociant et homme d' affaires. Il crée également en 1813 une fabrique de bas pour son fils Moyse.
En 1845, Aaron Lévy ouvre une quincaillerie au centre-ville, elle deviendra célèbre par la suite. La même année un nouveau rabbin, Michaël Sopher, découvre Saverne. L'antisémitisme d'un autre âge n'a pas disparu puisqu'au début du mois d'avril 1848 des maisons juives sont sauvagement pillées et saccagées. Le sous-commissaire de Saverne, Du Villars, publie le 4 avril une circulaire rappelant aux habitants que le respect dû aux Juifs comme à tout citoyen est un acquis de la révolution.
Malheureusement la synagogue brûle en 1850, et la communauté
ne dispose plus d' un lieu de culte décent. Les dirigeants de l'époque
doivent s'adapter à cette nouvelle situation. En 1854, c'est au tour
du rabbin Dreyfus Heymann Loeb de diriger, dans ces conditions, la communauté.
Plusieurs maîtres d'école vont se succéder par la suite
: Heller Lehmann en 1856, Jacques Fleur en 1858, Marx Rothschild en 1861, Israël
Wurmser en 1869 et Jules Weil en 1870 au moment où la guerre va se déclencher
et placer l'Alsace sous la domination germanique.
A partir de 1870, année du conflit, des commerçants comme David Fraenkel s'installent à Saverne. Celui-ci jouera d'ailleurs, ainsi que ses descendants, un rôle important dans la communauté. D'autres familles le suivent à partir de ce moment-là et le mouvement s'étend jusqu'au début du 20ème siècle, avec l'arrivée de familles comme celles des Israël qui implantent une scierie ou les Metzger et Weil, qui ouvrent à cette époque un commerce, également réputé, de cycles, de machines à coudre et de voitures pour enfants, rue de la Gare. L' apogée de la communauté se situe en 1895 alors que l'Alsace est devenue allemande depuis 1870. En effet, à cette date 327 Juifs sont dénombrés. Un nouveau rabbin arrive en 1896, Max Staripolski, germanophone et doté d'une grande culture. Le successeur de Salomon Lehmann (arrivé en 1876 à la tête de l' école) sera Marx Feist en 1899 : un homme très religieux qui produit lui-même un vin "casher" très rare en ce temps et réservé au Kidoush, à la sanctification du Shabath, du samedi. A cette époque, la communauté s'attache aussi les services d' un 'hazan, un ministre-officiant professionnel et prestigieux, Aaron Wolf, dans la perspective de la construction la nouvelle synagogue qui va représenter un aboutissement de courte durée. |
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