Sarre-Union sur une carte postale ancienne |
L'ancienne synagogue de Sarre-Union une carte postale |
L'Almemor (tribune) de l'ancienne synagogue |
La synagogue et l'école israélite mitoyenne |
L'Almemor (tribune) de la nouvelle synagogue. Au premier plan : M. Daniel Weill |
L'entrée de la nouvelle synagogue, inaugurée le 10 septembre 1950. |
Comme, en général, pour la période avant la Révolution, les renseignements sur l'histoire des Juifs sont rares et parsemés, c'est aussi le cas pour Bouquenom.
II. Sarre-Union
Néanmoins, en repassant superficiellement les actes de naissance et de décès de l'Etat Civil des premières années de la Révolution on peut supposer une certaine affluence d'Israélites pour cette courte période. De méme la liste des changements de nom par ordre de Napoléon en 1808 contient 196 âmes. Il nous parait inutile de rappeler que Bouquenom comme tant d'autres petites villes s'était opposée en 1790 à l'admission de juifs au titre de citoyen. Le nombre des Israélites a ensuite augmenté régulièrement pour atteindre en 1851, selon Jos. Bloch, Calendrier 5717, le sommet avec 383 âmes (1).
On raconte que peu avant la Révolution on avait enterré les morts dans le fossé de l'ancienne enceinte (la Steig). Mais déjà dès le début de cette nouvelle période le cimetière actuel a été fondé.
La synagogue
Une vaste synagogue inaugurée en 1839, témoigne de l'importance de la communauté en ce temps. Il devrait étre inutile de dire que, fidèle à la tradition, le Almemor se trouvait au milieu du temple. Dans le même esprit de piété on descend quelques marches à l'entrée dans l'intérieur, attention qu'on ne rencontre que rarement et demandée par son pieux rabbin en allusion au Psaume 130. Les élèves, jusqu'à l'âge de 13 ans, étaient réunis derrière le Almemor sous la surveillance de l'instituteur, dans une clôture nommée Pferch.
Pendant la dernière guerre la synagogue a dû partager le sort de la plupart de nos maisons de prière, l'intérieur a été ravagé et pillé, et l'immeuble a été endommagé par le tir d'artillerie. Vu le nombre restreint des membres actuels on n'a utilisé qu'une partie du bâtiment pour restaurer la synagogue. Mais avec un touchant sentiment de piété tous les restes retrouvés ont pu garder leur caractère sacré et ont trouvé un emploi. Deux plaques qui datent de l'inauguration du 19 Tichri 5600 [11 octobre 1839], l'une avec inscription en hébreux, l'autre en français, accueillent encore les fidèles et rappellent la "reconnaissance de la communauté envers les fondateurs de la Synagogue: Joseph S. Lehmann, Cerf Leib, Moyse S. Lehmann, Moyse Weill, Abraham S. Rosenwald, David Rosenwald, Michel Levy".
La maison adjacente qui avait servi d'oratoire fut ensuite changée en salle d'école israélite et est restée propriété de la communauté, ccntrairement à tant d'écoles israélites, cédées aux communes civiles. Complètement sinistrée, elle a été reconstruite comme logement du ministre officiant et "Kahlshaus" (maison communautaire).
Ecole israélite
L'école israélite fut créée en août 1850 par l'instituteur Jos. Kahn de Ribeauvillé et reconnue en mai 1851 par la commune civile. Après le départ de Jos. Kahn elle fut dirigée par les instituteurs saivants : Benj. Lang (1857-1859), Sal. Dreyfuss (1859-1869), Felix I.evy (1850-1871), Leopold Lemmel (1872-1876), Israel Bloch (187G-1878), S. Haguenauer (1879-1881), Gerson Lippers (1882-1890), Léandre Bloch (1590-1909) et Joseph Joseph.
Les instituteurs recevaient de la communauté un supplément annuel de traitement pour l'enseignement de l'hébreu. Au début de 200 frs, il fut augmenté - en 1579 à 480 M. et à 640 en 1882 (d'après Daeschler, chez Jos. Levy, Geschichte der Stadt Sarre-Union).
Israël Bloch, encore en bon souvenir chez les doyens des rabbins d'Alsace, était un grand savant et faisait, après sa retraite, d'une façon magistrale et impeccable la lecture sabbatique à l'hospice Elisa de la rue de l'Ecarlate. Son fils Maurice Bloch, professeur des langues classiques au collège de Bouxwiller, est mort en déportation. Les rabbins Simon Auscher de Haguenau et Gugenheim de Bouxwiller ont fréquenté avec de nombreux camarades l'école israélite.
Ministres officiants
Nous citons comme ministres officiants pour la période après 1880 les noms suivants : Isidore Loeb (1880-1895), Théodore (1895), Henri Schwartz (env. 1896-1897), Keiles (1897-1899), Spira (env. 1899-1903), Schwolles (env. 1903-1909). Saler, Eugène Wolff, Raphael Weil, et Armand Levy, actuellement [en 1958] à Sélestat.
Quelques-uns de nos Chazanim ont fait carrière. Théodore était devenu le ministres officiants bien connu de la [synagogue Notre-Dame-de-] Nazareth à Paris, Schwartz occupe le poste de Reims, Spira celui de La Chaux-de-Fonds, Keiles celui de l'Adess Israel de Berlin. - Eugène Wolff, ministre officiant de Colmar, a été déporté avec son vieux père Alphonse Wolff qui avait pendant plus de 50 années exercé son ministère avec piété et compétence à Saverne. Saler a partagé le même triste sort.
Les Présidents
Les intérêts de la communauté ont été gérés consciencieusement pendant cette période par leurs Présidents M. Bernard Levy, Elle Coblentz, Lucien Simon, Fernand Lehmann et sont confiés actuellement [en 1958] à M. Georges Meyer.
Les rabbins : Le rabbin Joseph Lévy
Le premier rabbin consistorial était Joseph Lévy. Né en novembre 1799 (le 23 brumaire de l'An VIII) à Sarre-Union, où son père Hertz Lévy, négociant, exerçait déjà les fonctions de rabbin, il manifesta déjà de bonne heure, à côté des sentiments religieux puisés dans les enseignements du foyer, un goût et une aptitude remarquables pour les études talmudiques. Il trouva un précieux complément aux leçons paternelles dans la célèbre Jeschibah de Francfort, d'où sont sorties tant de notabilités rabbiniques et dont il ne fut pas lui-méme un des moindres ornements. Aussi, dès 1832, le choix unanime de sa communauté l'appelait-il "et par droit de naissance et par droit de mérite" à cette chaire qu'avait honorée le regretté rabbin Hertz et où il sut lui-même, pendant près d'un demi-siècle "se faire aimer, vénérer, bénir" (Extrait de la Nécrologie de la plume du grd. rabbin L. Wogue, Univers Israélite 1879.)
Il était le gendre du rabbin Heymann de Phalsbourg, dont nous possédons un admirable portrait, peint par Erckmann-Chatrian dans l'Ami Fritz. Erckmann écrit lui-même à ce sujet à son neveu Alfred (11 févr. 1887) : "Tous les personnages de l'Ami Fritz sont pris de ma propre existence ; l'Ami Fritz, c'est moi, Suzel c'est Charlotte, le vieux rabbin Sichel, c'est le rabbin Heymann de Phalsbourg, notre voisin et l'ami intime de mon père." (Schoumaker, Erkmann-Chatrian, p. 13 et p. 277.)
Joseph Lévy était le père du grand-rabbin Raphael Levy, aumônier à Poissy et dans plusieurs grands établissements de Paris.
Les successeurs de Joseph Lévy étaient Isaac Gugenheim (1880-1913), Moïse Debré, décédé déjà en janvier 1919, Jérôme Lévy qui avait occupé à partir de 1924 le poste de Obernai, et comme dernier titulaire, nous nommons M. A. Deutsch, le grand rabbin actuel [en 1958] de Strasbourg. Jerôme Levy est décédé en 1943 à Nyons (Drôme) où il s'était réfugié ; il repose selon sa dernière volonté au cimetière de Carpentras.
La circonscription rabbinique de Sarre-Union est rattachée actuellement à celle de Bouxwiller. Elle comprenait Sarre-Union, Diemeringen, Struth-Tieffenbach. Dans la deuxième moitié du dernier siècle, Dehlingen figurait encore comme communauté ; on y comptait (selon Baquol) 118 âmes en 1851 et 62 en 1865. La communauté de Diemeringen entretient encore aujourd'hui consciencieusement le petit cimetière, situé sur une petite colline. Quelques familles isolées se trouvaient encore il y a un siècle à Burbach, Harskirchen, Weislingen, Lorentzen. Les familles israélites de Herbitzheim et de Sarralbe (Moselle) sont membres de 1a communauté de Sarre-Union.
Bibliographie :
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