Les anciennes familles juives de Montigny-lès-Metz
par Patrick MOUILLERON


Nous nous proposons aujourd'hui d'évoquer les familles juives de Montigny-lès-Metz. Dans un premier temps nous rappellerons dans quel contexte historique des juifs se sont installés à Montigny, puis nous évoquerons les principales familles présentes dans cette cité.

1. Rappel du contexte historique.

Contrairement à ce qui se passait à Metz et dans d'autres villages des environs de Metz comme Augny ou Marly, la cité montignienne n'accueillait aucune famille juive avant la Révolution française. Rappelons à cet égard que, sous l'Ancien Régime, les Juifs n'étaient pas libres de s'installer où ils voulaient ; ils étaient seulement tolérés dans des lieux précis, tel le quartier St Ferroy de Metz. Dans les villages - assez nombreux en Lorraine - qui acceptaient leur présence, celle-ci était limitée à un nombre prédéfini de familles.

Rappelons aussi que, dans le sillage de l'esprit des Lumières, l'Académie de Metz (en la personne de Roederer) avait lancé en 1787 un concours sur le thème : "Peut-on rendre les Juifs plus utiles et plus heureux en France ?". Le vainqueur de ce concours avait été le célèbre abbé Grégoire (Lorrain et curé d'Embermesnil, en Meurthe et Moselle) avec sa brochure : Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs. Néanmoins, comme l'attestent certains cahiers de doléances, la présence des Juifs continuait à susciter dans les campagnes une hostilité latente.

C'est la Révolution, puis l'Empire qui offrirent aux Juifs l'émancipation, c'est à dire la liberté de s'établir où ils voulaient pour y exercer le métier de leur choix. Comme les autres citoyens les Juifs purent faire enregistrer leurs naissances, leurs mariages et leurs décès sur les registres de l'état civil désormais laïcisé, ce qui impliqua, en contrepartie, qu'ils se choisissent un nom, ce qui n'était pas toujours le cas jusqu'alors.

2. La présence des Juifs à Montigny

Blason de Montigny-les-Metz
Ne soyons donc pas surpris de constater que des Juifs commencent à être signalés à Montigny en 1815 et 1816 en la personne de Simon GOLDMANN, chantre dans une synagogue, et de Jacob Goudchaux BERR, membre du consistoire israélite. Il s'agit de présences fugitives car on ne reverra pas à Montigny les personnages précités.

Par contre, sous la Restauration, apparaissent de nouvelles familles qui vont s'installer pour de bon à Montigny et y faire souche. Elles portent les noms suivants : ABRAHAM, ALEXANDRE, BENEDIC, FRIBOURG, HALPHEN, ISAAC, CERF, LAZARD, JOSEPH, LEVY, LYON, SALOMON, SAMUEL, CREHANGE, WORMS, CAHEN (CAEN), etc... On remarquera parmi ces patronymes des noms de persomiages bibliques (ABRAHAM, JOSEPH, ISAAC, SALOMON, SAMUEL) mais aussi des noms de lieux d'origine (FRIBOURG, CREHANGE, WORMS), sans oublier le patronyme "LEVY" qui correspond au nom d'une tribu d'Israël et "CAHEN" qui signifie "prêtre" en hébreu.

Ces Juifs qui s'installent à Montigny venaient souvent des environs, généralement d'Augny ou de Marly. Mais il est remarquable qu'ils vont souvent chercher leurs épouses fort loin : Delme, Puttelange, Thionville, Mertzviller (en Alsace), Luxembourg, etc. Cela signifie que leurs relations, familiales ou professionnelles, se situaient à une échelle régionale.

Parmi toutes ces familles une mention toute particulière doit être accordée à la famille JOSEPH, présente tout au long du19ème siècle à Montigny. Originaire de Marly, Hayem JOSEPH avait épousé successivement Barbe CREHANGE, puis Anne WORMS dont il eut, entre autres enfants, Joseph JOSEPH marié en 1860 à Caroline CAHEN. Ce dernier deviendra le personnage le plus important de la communauté israélite sous l'annexion (il présidera d'ailleurs le consistoire de la synagogue). Réélu régulièrement au conseil municipal de 1880 à 1901, il est probablement considéré comme le représentant de sa communauté au sein de cette instance.

3. Les activités des Juifs dans la société montignienne.

La communauté juive de Montigny est peu nombreuse. Sans pouvoir la chiffrer précisément il est certain qu'elle ne dépasse pas quelques dizaines d'individus. Les Juifs disposent néanmoins d'une synagogue fort modeste que l'on doit plutôt appeler "salle de prière" d'autant qu'aucun rabbin n'y officie, semble-t-il au centre de la ville. En 1900 des travaux s'élevant à 1156 marks y sont effectués.

Quasiment tous les Juifs de Montigny, exercent, du moins jusqu'à la fin du 19ème siècle les métiers de marchands de bestiaux ou de bouchers. Il s'agit, bien entendu, de métiers qui ont un rapport direct avec le respect des prescriptions religieuses : il faut que les animaux élevés pour être consommés soient abattus dans les règles et sous contrôle d'une autorité religieuse (un des bouchers, Joseph ISAAC, est d'ailleurs désigné comme "sacrificateur israélite")

Sous l'annexion s'amorce une évolution dans le rôle économique des Juifs : ils sont désormais dénommés généralement "commerçants" ou "épiciers", même si des marchands de bestiaux sont encore signalés.

ECOLE ISRAÉLITE

Nous avons découvert qu'en 1866 existait à Montigny une école israélite. C'était une école laïque tenue par un instituteur, M. HIRSCH, pour les enfants israélites de la commune. La direction de l'école était passable et le maître s'occupait exclusivement de l'enseignement hébraïque. Il était pourtant bien vu dans la commune et ne recevait aucune rétribution de la part de la municipalité. Il semblerait que cette école n'eût qu'une existence éphémère car on en n'a plus entendu parler après 1866.


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