En1856, trois cent cinquante israélites vivaient à Épinal et trois cent quatre vingt dix en 1900.

La synagogue datant de 1863 fut détruite en 1940 et une grande partie de la communauté fut décimée pendant la seconde guerre mondiale.

Le culte est toujours célébré dans une nouvelle synagogue de style moderne, construite en 1952.

L'un des rabbins qui a exercé son ministre à Épinal, Moïse Durkheim, est le père du célèbre sociologue Emile Durkheim.

L'imposant cimetière, situé rue St-Michel, témoigne du passé glorieux de cette communauté. Un mémorial a été érigé en souvenir
des martyrs juifs vosgiens victimes de la barbarie nazie.

Henry SCHUMANN - Extrait de Mémoire des communautés juives de Meurthe et Moselle, Meuse et Vosges


La première synagogue d'Épinal sur une carte postale ancienne - coll. M. & A. Rothé


La communauté juive d’Épinal
Par Gilles GRIVEL, agrégé et docteur en histoire, président de l'association Daniel-Osiris pour la sauvegarde de l'ancienne synagogue de Bruyères


Image de Léonce Scherer illustrant une chanson populaire ; publiée par l’imprimerie Pellerin à Épinal en 1860. (© BNF - Gallica)
Les premiers juifs apparaissent à Épinal au cours du 18e siècle. Ce sont des marchands venus d’Alsace. Leur présence est temporaire. Ils n’ont théoriquement pas le droit de résider dans la ville, mais le recensement de 1771 signale qu’un juif y habite.

Avec la Révolution et l’émancipation des Juifs qui s’ensuit, les obstacles légaux à leur établissement dans les Vosges disparaissent. Ils sont au nombre de 19 en 1806 à Épinal et leur nombre grandit tout au long du 19e siècle. Ils sont près de 450 à la veille de la première guerre mondiale, période, où ils sont les plus nombreux.

Une vie communautaire s’est mise progressivement en place. A partir de 1835, la communauté dispose d’un rabbin, à partir de 1842 d’un cimetière, et à partir de 1864, d’une synagogue monumentale.

Au départ, les juifs d’Épinal travaillent principalement dans le commerce des bestiaux et des produits textiles. Beaucoup sont pauvres. Par la suite, s’ils restent dans les mêmes secteurs d’activité, ils s’enrichissent et la majorité d’entre eux appartiennent aux classes moyennes et à la bourgeoisie. Certains de leurs enfants font de brillantes carrières. C’est le cas d’Emile Durkheim (1858-1817) qui est l’un des fondateurs de la sociologie, et le fils du premier rabbin d’Épinal, .

Cette ascension sociale s’accompagne souvent d’un départ d’Épinal vers une plus grande ville, Nancy ou Paris. Elle entraîne à partir des années 1920 un déclin de la communauté juive qui ne compte moins de 370 membres à la veille de la seconde guerre mondiale.

En septembre 1939, lorsqu'éclate la guerre, la population juive d’Épinal s’accroît avec l’arrivée de juifs alsaciens évacués des régions frontalières par les autorités françaises. En juin 1940, dans les combats qui marquent l’entrée de l’armée allemande dans la ville, la synagogue est détruite. La mise en place de la législation antisémite par les autorités oblige le maire de la ville, Léon Schwab, à démissionner.
A partir de juillet 1942, commencent les rafles des juifs restés à Épinal. C’est au total plus de quatre-vingt dix Juifs qui ont été arrêtés et la quasi-totalité assassinés à Auschwitz et près de 20% de la population juive recensée en 1936 ont été exterminés lors de la Shoah.

A la Libération, en septembre 1944, les juifs peuvent revenir à Épinal. C’est ce que font les trois-quarts de ceux qui vivaient dans la ville avant guerre. Léon Schwab retrouve son poste de maire. Une vie communautaire se remet en place. Une nouvelle synagogue est construite en 1958. mais la communauté poursuit son déclin avec des départs vers les grandes villes et la multiplication des mariages mixtes. Elle ne compte plus actuellement (2016) qu’une trentaine de familles.


Fête de Pourim à la synagogue d’Épinal en 2012 (© G. Grivel)..

Façade de la nouvelle synagogue d’Épinal (© G. Grivel).

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