Relevé des Ketoubot au
Consistoire de Paris
1872-1884
Véronique CAHEN
Préface du Professeur Simon SCHWARZFUCHS
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Introduction & Remarques préliminaires
Ce relevé des Ketoubot effectué aux archives du Consistoire de Paris couvre la période du 3.3.1872 au 31.12.1925 soit plus de 16 600 mariages. Ce premier tome contient 3 038 unions célébrées religieusement classées par ordre chronologique et alphabétique. Des index patronymique et géographique en fin de volume faciliteront les recherches.
La ketoubah est l'acte de mariage religieux - son texte est identique depuis des centaines d'années.
"Cet acte, écrit en araméen, signé par deux
témoins, énonce la liste des obligations que le marié s'engage à remplir
vis-à-vis de son épouse tant durant la vie maritale qu'en cas de dissolution de
leur union ; et il précise que cet engagement a été sanctionné par un acte
juridique - le kinyane soudar. Ce document sera ensuite conservé
précieusement par l'épouse ou par ses parents : il constitue une condition sine
qua non de la vie maritale. Ainsi que le prescrit le choul'hane `aroukh
: "Il est interdit de vivre avec sa femme ne fût-ce qu'un instant, s'il n'y
a pas de Ketouba" Si elle était perdue, il serait indispensable d'en
réécrire une autre. Une telle importance attachée à ce document est
significative. C'est que la Ketouba constitue une véritable déclaration des
droits de la femme. Le judaïsme y affirme avec force sa conception de l'épouse :
il exclut radicalement toute notion de femme-objet ou de femme-servante.
L'antiquité de l'institution de la Ketouba illustre bien le caractère futuriste du judaïsme, tel qu'il apparaît tout au long de l'histoire, en comparaison avec les options du monde non-juif." [Grand Rabbin M. Gugenheim, memento, Grand Rabbinat de France 5757 /97]
Le mariage religieux suppose certaines règles que nous évoquerons très rapidement : les deux époux doivent être juifs (la judaïté se transmet par la mère), issus d'un mariage. Pour mémoire, depuis la Révolution française, le mariage religieux est précédé du mariage civil. D'une manière anecdotique, il est apparu que dans certains cas, le mariage religieux ait précédé le mariage civil.
Si en 1872 seule fonctionnait la synagogue de la rue Notre Dame de Nazareth, nous avons relevé également les mariages dans les nouvelles synagogues qui s'ouvraient La Victoire, Buffault, Les Tournelles... et dans une plus faible mesure, les mariages ont pu être célébré dans des oratoires (Boule Rouge, oratoire de l'Hôpital ou de l'orphelinat Rothschild, Villhardouin mais aussi Neuilly et Boulogne). Peu à peu, la synagogue de la rue de la Victoire va prendre une influence grandissante au détriment de celle de la rue Nazareth.
Au début de la période relevée, de nombreux mariages étaient célébrés à domicile : dans ce premier volume, on peut en dénombrer 200 sur 3 038. Les mariages à domicile sont acceptés sous certaines conditions : deuil récent d'un des proches parents des futurs époux, maladie grave d'un des parents... A partir de la fin du 19e siècle, il existe un registre d'autorisation de mariage à domicile, dans lequel sont joints les courriers circonstanciés des futurs conjoints ou leurs parents. D'autres raisons ont été acceptées, conditions physiques des futurs conjoints, ou présence d'enfants au remariage... L'essentiel des raisons invoquées concerne l'état de santé des parents (sur justificatif médical) ou des grands-parents...
Dans les registres concernant la synagogue de la rue
Buffault, nous ne trouvons aucune signature, ni des mariés, ni des témoins (sauf
au tout début, certains administrateurs signaient. Dans certains registres de
Tournelles et de Nazareth, figurent les noms et adresses des témoins ainsi que
l'adresse où la ketouba doit être envoyée qui peut être différente de celle du domicile de l'un des conjoints).
Alors qu'aujourd'hui, les mariages ne peuvent être
célébrés pendant certaines périodes de l'année (pendant l'Omer : de fin nissan
au 18 iyar ; ou pendant la période du 17 tamouz au 9 av), cette interdiction
n'était pas toujours appliquée sur la période relevée. La classe choisie n'est
pas forcément indiquée, mais quand cette indication existe, on s'aperçoit que
nombreuses sont les cérémonies de classe modeste. Dans certains cas, la mention
d'une "jeune fille dotée" est indiquée. Comme tout acte juridique, deux témoins
"cachers", c'est-à-dire observant les mitzvot (obligations religieuses) et sans parenté avec les futurs conjoints, sont requis. Leur "invalidité" pourrait rendre le mariage nul et susceptible de divorce. A l'instar de la "mode" chrétienne, dans certains cas, ce sont ajoutés des témoins des mariés qui sont des membres de la famille, y compris des femmes ou des personnes non juives.
Si le présent relevé a été fait d'après les souches, il existe également pour certaines années les déclarations de mariage. Des registres comptables permettent d'avoir des informations sur l'aspect financier des mariages, les classes, les cas de dots, les raisons de gratuité, etc. Les informations portées sur ce relevé reprennent "telles quelles" celles mentionnées sur la souche (le déchiffrage a pu être aléatoire, dans le respect de l'orthographe indiquée - l'indication du nom des témoins d'après les signatures est à prendre sous toutes réserves).
Selon les années, les synagogues, nous avons observé la mention ou son absence du nom du rabbin, les signatures ou non des époux, celles des témoins avec parfois leurs adresses, l'adresse future du jeune couple que nous avons alors indiqué surtout si elle était différente des adresses des parents, la classe...
Parmi les relevés, se trouve le "livre des mariages des
veuves " - il couvre la période de 1872 à 1902. Si certains mariages relevés
dans ce registre unissent des veuves et des veufs, ils ne représentent pas la
majorité. Normalement, le texte de la ketouba pour ces mariages est différent, dans la mesure où l'épouse n'est plus vierge.
Nous avons également trouvé un mariage qui n'a pu être a
priori célébré pour cause de 'halitza. Pour mémoire, la 'halitza est une procédure par laquelle, une veuve sans enfant déchausse son beau-frère (le frère de son époux pré-décédé) afin de pouvoir se marier avec un autre homme.
"Il s'agit d'une réaction à une décision des magistrats de la ville de Pesht
Une veuve sans enfant voulait se remarier mais elle ne le pouvait religieusement sans avoir "déchaussé " le frère du défunt. Refus du beau-frère, procès, condamnation du récalcitrant, pourvoi devant la haute cour qui confirme.
Avis de M. Ch. Lyon-Caen, professeur à la faculté de droit :
Aujourd'hui avant qu'un mariage ne soit célébré par le rabbin, le frère du marié doit s'engager à laisser accomplir par sa belle soeur, devenue veuve sans enfants, la cérémonie dite du "déchaussement ". le tribunal hongrois a condamné à exécuter son engagement un beau frère qui refusait l'exécution sans avoir reçu de sa belle-soeur, une somme d'argent. Il semble qu'un tribunal français se déclarerait incompétent, un pareil engagement n'est contracté que pour rendre possible le mariage religieux... or la loi française ne reconnaît que le mariage civil. On ne pourrait pas objecter que dans l'espèce, la belle soeur par respect pour des anciennes traditions, subordonne, à la formalité au déchaussement, même son mariage civil avec un autre que son beau-frère. Si cela était allégué, les tribunaux déclareraient l'engagement nul comme tendant à restreindre la liberté du mariage en le subordonnant à des conditions non prévues par la loi." Univers israélite n°16 du 1.5.1882
Il semble néanmoins que cette pratique de Lévirat se soit appliquée dans certains cas.
Dans certains cas, s'agissant de frère et/ou soeur, deux mariages faisaient l'objet d'une seule et même cérémonie — dans la mesure où on ne peut se réjouir pour deux évènements - cette pratique n'est plus "autorisée " aujourd'hui.
On a relevé aussi certains mariages de "prosélytes ". Contrairement à l'habitude actuelle cette mention a été indiquée dans certains cas. Néanmoins, et dans une certaine proportion, il apparaît que de nombreuses personnes non juives aient ainsi, à l'occasion de leur mariage rejoint la communauté d'Israël.
Nous avons également observé que si, dans la synagogue Nazareth se mariaient des couples venant essentiellement de l'Est de la France, les mariages aux Tournelles étaient surtout ceux de personnes venant des pays de l'Est : Pologne, Russie, Roumanie... bien que nous trouvions aussi des personnes venant d'Alsace-Lorraine. A la Victoire, les mariages unissent des personnes venant d'Alsace-Lorraine, mais également de Bordeaux...
Dès le début de la période couverte, nous avons trouvé beaucoup de ressortissants de Roumanie entre autres. Ceci s'explique par une législation anti-juive existant dans ce pays dés les années 1869. 11 faut se souvenir que ce pays a accueilli de nombreux juifs venant notamment de Galicie ; en 1848 il y avait 11 150 juifs et en 1869 il y en avait 400 000. Dès 1867, un projet de loi souhaitait une exclusion pure et simple. Une législation est prise afin d'interdire aux juif le fermage des biens, de nombreuses émeutes ont lieu.
TARIF des Mariages selon les classes
D'après l'annuaire de l'année 5649 (1888-1889)
|
Buffault | Victoire | Nazareth-Tournelles |
Hors classe Extraordinaire |
2000 |
|
|
Hors classe |
1500 | 4000 | 2000 |
1ère classe |
1000 | 3000 - 2000 | 1000 |
2ème classe |
600 | 1000 | 500 |
3ème classe |
400 | 500 | 250 |
4ème classe |
250 | 250 | 100 |
5ème classe |
100 | 100 | 50 |
6ème classe |
| 25 | 15 |
L'éclairage, la musique : orgue et/ou chœur... constituent les attributs de ces différentes classes. Nous avons vu que dans certains cas, certains éléments étaient offerts au nouveau couple.
Quelques mots sur les différentes synagogues :
Oratoire de la rue de la Boule Rouge
Modèle vierge de
ketouba remis
à la mariée
|
Il a
été inauguré le 30 mars1872. La société religieuse et charitable du patriarche
Abraham fondé par feu Jacob Tedesco est à l'origine de cet oratoire.
L'inauguration a eu lieu en présence de Messieurs les grands rabbins et rabbins.
M. Albert Cohn a improvisé une courte allocution. Le conseil d'administration de
l'oratoire est présidé par M. Henri Picart et est composé de MM. Theilbhaber,
Hadamard, Leopoldi, Mayer Hermann, Joseph & Arthur Tedesco. L'oratoire est fréquenté par des israélites de rite ashkenazi habitant le 9e et les quartiers voisins.
[Univers israélite 15.4.1872]
Synagogue de la rue Buffault
Le 17 juillet 1876 le conseil d'administration de la société civile des israélites de rite portugais a reçu l'offre de
M.Osiris. Celui-ci passe avec ses coreligionnaires de ce rite, un traité dont voici les principaux points :
- M. Osiris s'engage à faire élever et à payer de ses
deniers un temple et ses accessoires sous les conditions suivantes et
après les plans et devis adressées par M. Ferrand.
- La société mettra le terrain qu'elle a acquis en état
de recevoir la construction.
- Comme condition essentielle, ... M. Osiris stipule ... que le temple dont il s'agit sera à perpétuité consacré à l'exercice du rite espagnol-portugais dit sepharadi. Au cas où, par impossibilité, le temple cesserait d'être affecté à cette destination, la société civile ou ses ayants droits ou propriétaires de l'immeuble ... devront rembourser une somme de 2 000 000 Frs à M. Osiris... M. Osiris stipule dans un 2e traité que dans la nouvelle synagogue, on devra suivre exclusivement le rite sepharadi, dit portugais, tel qu'il se pratique actuellement à Paris au temple de la rue Lamartine, à Bordeaux, à Bayonne, à Amsterdam et dont le rituel est du Hazan Mendès....
Le conseil a délégué trois de ses membres MM. A. Cohen, Nathan Astruc et Prosper Lunel pour signer tous les traités se rattachant à l'édification du temple.
[Univers
israélite n° 23 & 24 de 1876]
A partir de 1876, la synagogue de la rue Buffault est inaugurée. Si un bon nombre de mariages unissent des personnes "séfarades" issues de familles de Bordeaux, Bayonne, Toulouse, Amsterdam..., il y a également des mariages de personnes originaires d'Alsace-Lorraine.
Oratoire de l'orphelinat Rothschild de la rue Lamblardie
Le premier mariage qui y a été célébré est celui de Mlle Goton Weil et de M. Susman. La mariée était peintre sur éventail.
Cet orphelinat a été crée par Madame la Baronne James de Rothschild en souvenir de ses parents. Il a été construit par l'architecte Aldrophe.
En réalité, il y a deux orphelinats, un pour les filles et un pour les garçons. Ils sont dirigés par M. Mme Jourda.
Les garçons y restent jusqu'à treize ans puis ils sont placés à l'école de travail, où ils reçoivent des bourses. En quittant l'établissement, ils reçoivent une bourse de 100 à 300 F, placée à la Caisse d'Epargne. Les anciens élèves habitent dans le quartier et sont reçus une à deux fois par semaine par le directeur.
Les filles restent jusqu'à environ 20 ans. Elles apprennent à être bonne ménagère, mais également des "états tels que l'enseignement, la couture, la peinture..." Au moment de leur mariage, elles reçoivent un trousseau. Lors du mariage évoqué plus haut, le public était nombreux notamment Mme James, M. et Mme Edmond de Rothschild... le rabbin Michel Mayer, ancien directeur de l'orphelinat, le
grand rabbin Isidor, le maire du 12ème arrondissement.
[Univers
israélite n° 18 du 1.6.1879]
La synagogue de
Neuilly-sur-Seine
D'après La synagogue de Neuilly-sur-Seine, 120
ans d'histoire d'une communauté sous la direction de Sylvie Zenouda - 2000.
Quelques juifs se sont installés à Neuilly dès la moitié du 19e siècle, mais beaucoup de juifs venant d'Alsace et de Lorraine, s'installent à Neuilly dans les années 1870-1871 ; parmi eux, la famille du futur
grand rabbin Simon Debré. Un oratoire puis une synagogue inaugurée en 1878 furent successivement construits.
Le consistoire de Paris prend un arrêté le 7 septembre 1875 officialisant la création de la communauté de Neuilly. La synagogue est construite dans un style néo-Byzantin dans la rue Jacques Dulud. La synagogue est inaugurée le 11 juin 1878 sous la présidence de MM. les grands rabbins de France,
M. Isidor, et de Paris,
M. Zadoc Kahn, les membres du Consistoire, ainsi que la plupart des membres de la municipalité.
La communauté est administrée avec rigueur sous la présidence de M. Oulry.
Avant la nomination du rabbin Simon Debré, en 1888, les offices sont célébrés par différents rabbins venus de l'extérieur MM. Weill de Versailles, Zadoc Kahn...
Les tarifs des mariages sont fixés par la commission.
Certains mariages indiqués proviennent de ce livre.
Les Tournelles
La synagogue est sur l'emplacement d'une autre incendiée lors de l'insurrection du 8 mars1871 lors de la commune. Elle a été consacrée le 15 septembre 1896.
Les forges et aciéries de Normandie ont exécuté la carcasse métallique qui soutient sa couverture. Un des ingénieurs se trouve être Gustave Eiffel.
A compter des années 1880, différentes demandes sont adressées au Consistoire de Paris, en vue d'obtenir la création d'oratoires. Ces demandes émanent d'associations diverses qui veulent ainsi maintenir des traditions d'origine ou de proximité (rue Cadet en 1894, Batignolles, Ségur, Rue du Mont Cenis...)
Fin 19e, il y a trois synagogues consistoriales : Nazareth, La Victoire et les Tournelles plus la synagogue de la rue Buffault et la synagogue de Neuilly.
Au fil de certains procès verbaux des séances du Consistoire de Paris
Pour faire face aux besoins cultuels croissants, Haussmann, préfet de Paris sous Napoléon III, décide la construction à frais communs pour la ville et le consistoire de deux synagogues :. La Victoire 1500 places consacrée au culte en 1874. De style néo-roman, elle présente une façade à arcades au dessus de laquelle une inscription hébraïque rappelle la parole du prophète : "cette maison sera une maison de prière pour tous les peuples". Lors de l'édification, Zadoc Kahn, grand rabbin de Paris, avait prévu qu'on y célébrerait un rite français où les ashkenazes et les séfarades verraient leurs traditions liturgiques s'unir.
Le 24 mai 1865, le ministre des Cultes écrit au Consistoire ventral qu'il adresse l'expédition du décret impérial en date du 13.5.1865 qui autorise le Consistoire de Paris à emprunter 2 millions de francs. Le décret est enregistré le 16.5.1865.
"Art. I : le consistoire israélite de Paris est autorisé à emprunter pour la construction de deux nouveaux temples, dans cette ville, une somme de 2 millions, au moyen d'une émission d'obligation portant intérêt à 5 % et remboursable à 500 Frs en 75 années sur les revenus ordinaires du dit établissement.
Art. 2 : notre Garde de Sceaux, ministre secrétaire d'Etat au département de la justice et des cultes, est chargé de 1 exécution du présent décret.
Fait en conseil des ministres, au Palais des Tuileries, le 13.5.1865
Pour l'Empereur, en vertu des pouvoirs qu'il nous a confiés, signé Eugénie, Impératrice Régente — garde des Sceaux : M.G.Baroche"
Dans les procès-verbaux du Consistoire de Paris (AA6) nous avons trouvé quelques éléments que voici :
Séance du 13 mai 1874 : règlement constitutif de l'administration des temples :
Il existe une commission pour administrer les temples qui comprennent 20 membres laïques, plus le grand rabbin de Paris qui est membre de droit. Les membres sont nommés par le Consistoire et le renouvellement est biennal.
"Art. 35 : les tarifs concernant les mariages, bar-mitsvot et autres services seront affichés au secrétariat de chaque temple.
Art. 36 : il ne sera reçu au secrétariat aucune déclaration de mariage si elle n'est accompagnée d'un bulletin (modèle n°) émanant de l'autorité religieuse. La gratuité est accordée, par la célébration des mariages, sur l'avis du rabbin ou du président de l'administration, aux personnes qui en feront la demande
Art. 37 : les mariages sont affichés au parvis du temple dans un cadre préparé à cet effet, au plus tard le dernier vendredi qui précédera la cérémonie nuptiale."
Séance du 16 mai 1874 :
L'administration du temple de la rue Lamartine informe que "une majorité considérable des membres ... a voté pour la conservation d'un temple exclusivement portugais... et qu'elle a le regret d'annoncer qu'il ne lui est pas possible d'accepter l'honneur qui lui a été fait en l'appelant à faire partie de l'administration du temple de la Victoire."
Le Consistoire de Paris répond ...
"mû par le désir de maintenir le lien d'union qui doit quand même réunir toute la communauté juive, souhaiterait vous voir conserver vos fonctions..."
Séance du 15 juillet 1874 :
M.Loewi est nommé chef de choeur du temple de Nazareth.
Séance du 12 août 1874 :
"Le consistoire décide qu'il sera écrit à M. le Préfet de la Seine pour lui demander l'autorisation de procéder à l'inauguration du temple de la rue de la Victoire afin que le temple puisse être livré au culte pour les fêtes de Tischri. Le consistoire consentira à la fermeture de la synagogue après les fêtes pour terminer toutes les parties qui seraient restées inachevées. Si Monsieur le Préfet accueille cette proposition, la cérémonie d'inauguration aura lieu le 9 septembre et toutes les mesures relatives à la solennité seront arrêtées aussitôt que M. le Préfet aura répondu..."
"
Le consistoire alloue à M. Aldrophe, le crédit nécessaire.., aux agencements extraordinaires prévus pour la cérémonie et notamment appropriation de l'issue de la rue St Georges..."
le "personnel du temple de la Victoire "se compose d'un ler ministre officiant M. Berr qui perçoit un traitement de 8000 Frs à compter du 1.1.1874, 1 huissier chef et 7 huissiers, chef de choeur, shamess et 2 concierges
Dans un but d'économie, leur traitement diminue mais les 2 grands rabbins bénéficient d'un logement de fonction : le Grand rabbin du consistoire central, M. Isidor, sera logé à la synagogue des Tournelles, le grand rabbin de Paris, M. Zadok Kahn, logera à la synagogue de la Victoire. M. Mayer percevra 4500 Frs, Lazard, : 5000, Lehmann 3000, Bigart 4800 et M. Trenel, directeur du séminaire 2500 Frs. Au bout de quelques années, les portugais n'acceptent plus ce compromis et abandonnent la Victoire pour Buffault consacré en 1877.
Lettre du 1 juillet 1877 du consistoire de Paris au Consistoire central
"... par lettre du 5 mars dernier, vous nous avez transmis copie d'une dépêche qui vous a été adressée par M. le ministre des cultes au sujet d'une société civile qui s'était fondée à Paris le 21.5.1875, pour la construction d'un temple israélite de rite portugais, et qui a adressé ses statuts à M. le préfet de Police à l'effet d'obtenir l'autorisation de livrer le dit temple au culte. Dans sa dépêche, M. le ministre des cultes demande si l'association dont il s'agit s'est mis en règle vis à vis de l'autorité supérieure en ce qui concerne l'exercice du culte dans l'édifice en construction. Vous avez bien voulu, Messieurs, nous demander notre avis à ce sujet. En réponse à cette communication, nous avons l'honneur de vous informer que la société civile du Temple portugais a pris l'engagement de remettre l'administration du temple entre les mains d'une commission administrative dont les membres seront nommés par le consistoire. Le consistoire s'est réservé en outre, expressément, tous les droits que lui confère l'ordonnance organique du culte du 25.5.1844. Dans cet état des choses, nous pensons qu'il n'y a pas d'inconvénient d'autoriser l'ouverture du temple en construction rue Buffault, et nous venons vous prier, Messieurs, de vouloir bien transmettre à M. Le ministre de l'Instruction Publique et des cultes, l'avis favorable exprimé par le Consistoire de Paris au sujet de l'ouverture de ce temple..."
L'inauguration du temple israélite a lieu le 3.9.1877. Le style est néo-roman. On l'appelle le temple portugais en raison d'une clause à la base de son existence. Edifié aux moyens de sommes recueillies par les fidèles, l'édifice était propriété de la société civile. Le 18.6.1877, le conseil d'administration de la société civile fait savoir au consistoire de Paris qu'il prend l'engagement de remettre l'administration du temple aux membres d'une commission administrative dont les membres sont nommés par le consistoire qui désignera également rabbin et ministre officiant.