PESSA'H 1848 en ALSACE
A l'intérieur de la couverture d'une vieille Hagadah je trouve le récit historique suivant écrit en caractères judéo-allemands, comme nous, les vieux, l'avions encore appris il y a au moins 60-70 ans dans nos écoles communales israélites, où on dispensait un enseignement religieux de 9 heures par semaine :
(les mots hébraïques sont soulignés en gras dans le texte allemand, et les expressions judéo-alsaciennes sont soulignées)
Durch Geitz und Geldgierde ist im Jahre 1848, den 24. Hornung, Louis Philippe, erster König von die Franzosen, gestürzt worden ;
Du fait de l'avarice et de l'avidité le 24 février de l'an 1848, le premier roi des Français, Louis Philippe, a été renversé.
es war in Paris eine grosse Revolution, wo es viele Menschen gekost hat, kurz in ganz Frankreich ist den 25. Hornung die Republik ausgerufen worden,
il y a eu à Paris une grande révolution qui a coûté la vie à un grand nombre de gens, et qui a amené dans toute la France, le 25 février, la proclamation de la République
wobei sich 2 Jehudim an der Regierung beteiligten, nämlich Gremié (Crémieux), ministre de justice und Michel Godchaux, ministre des finances.
deux Juifs participèrent, au Gouvernement, appelé Gremié (Crémieux), ministre de justice, et Michel Godchaux, ministre des finances.
Den 28. desselben Monat ist ein Decret herausgekommen, dass die definitive Regierung .... durch alle Franzosen erwählt werden soll, aber diese Wahl ist verschoben worden auf den 23 avril.
Le 28 du même mois, parut un décret déclarant que le Gouvernement définitif serait élu au suffrage universel, et que tous les Français devraient voter, mais que ce vote fut repoussé au 23 avril.
Unter diese Zeit war eine grosse Zore (Not) auf die Jehudim in Elsass, sodass im Oberelsass nämlich in Dornach, Sept, Altkirch, Oberhof, I-lirsingen und noch auf andere Bletz und in Underelsass, nämlich Masminchter, Zabern, Hochfelden man über die Jehudim hergefallen ist und hat ihnen genommen, was sie gehabt haben und haben ihnen alles Möbel verdorben.
Durant ces temps-là, il y eut beaucoup de
Tsoress (soucis) pour les Juifs en Alsace, de telle sorte qu'en Haute Alsace, en particulier à Dornach, Seppois-le-Bas, Altkirch, Oberhof, Hirsingue et d'autres endroits, et en Basse Alsace, à Marmoutier, Saverne, Hochfelden on s'en est pris aux Juifs, on leur a pris leurs biens, on les a volés et on a démoli leur mobilier.
Die Rebellen haben die Zeit angewend in der Meinung es ist kein Oberhaupt, man darf machen, was man will .... Hauptsächlich schreibe ich dieses "le sichron aulom" (Zur ewigen Erinnerung),
Les rebelles ont profité de l'absence d'autorités pour agir à leur guise, c'est pour cela que je note ces événements,
lezikhron 'olam (pour le souvenir éternel),
dass Adauneïnou maureïnau R. Jehoudah, maureïnou biswiwauseïnou (unser Herr Rabbiner) in Mutzig hat angeordnet um mispalel (beten) zu sein in seinem ganzen Rabonus, nemlich Mismaurim (Psalmen) zu sagen babauker uboeref (morgens und abends) nebst einer Tchinah.
notre
Adoneinou moreinou R. Jehoudah, notre rabbin régional (notre grand rabbin) de Mutzig a ordonné de
mitpalel (prier) dans sa circonscription, et a demandé de réciter des
Mizmorim (Psaumes)
baboker ouba'erev (matin et soir) en plus d'une
T'hinah (élégie).
Bekaan (hier) in Rousheim haben wir dies 8 Tage getan, aber am Eref Schabbos, wo wir R. Jehudah erwarleten urn Schabbos zu darschenen (zu predigen) kemau kol Schonoh (wie jedes Jahr), hat er durch den Schames ein Schreiben hierher gesendet, welches Freitag Abend kaudem borachou (vor Borachou) abgelesen hat müssen sein,
Bekaan (ici) à Rousheim (Rosheim) on a observé ceci pendant huit jours, mais la veille de Shabath, alors que nous attendions R. Jehudah pour sa
drasha (son prêche) de Shabath
kemo kol shana (comme chaque année), il a fait parvenir par le bedeau un texte qui le vendredi soir devait être lu
kodem Barekhou (avant
Barekhou),
welches den Inhalt hat, dass in Mutzig die Jehudim niedergemacht werden an diesem Freitag zu Nacht durch die Gojim;
il annonçait qu'à Mutzig les Juifs devaient être abattus le vendredi soir par les Goyim;
und dass R. Jehudah gausser Taanis hat gewesen (einen Fasttag angeordnet hat) an selben Freitag und Selichaus wie am Jom Kippour mispalel zu sein und in unserer Kehillah Raushem auf den darauffolgenden Montag 7. Nisan der nämlich ;
et que le R. Jehudah a décrété un
ta'anith ce même vendredi (il a décrété un jeûne) avec des
Seli'hoth comme on prie à Yom Kipour dans notre
kehilah (communauté) de Rosheim et ordonné un jeûne le lundi suivant 7 nissan ;
haben wir uns morgens alle wie einer in die Schul begeben und haben bei drei Stunden mispalel gewesen, abends um drei Uhr ist R. Jehudah hierhergekommen und hat gedarschent zwei Stunden lang, dass alle maurid demoaus gewesen (Tränen vergossen) und wer gesund zu fasten ist gewesen, hat gefast und Zedokoh gegeben....
nous nous sommes rendus tous sans exception à la Schule et avons
mitpalel (prié) pendant trois heures, et l'après-midi à trois heures, le R. Jehudah est arrivé et a prononcé une
drasha (sermon) durant deux heures. Tous nous étions
morid dema'oth (nous versions des larmes), et ceux qui étaient en bonne santé ont jeûné et ont donné la
Tsedaka
(aumône)...
Doch ist keinem nichts geschehen an Leben, man hat nur alles geganeft, und in Mutzig ist gar nichts geschehen, man hat in der Zeit dafür gesorgt und die Unruhestifter feslgenommen...
Là-bas on n'a attenté à la vie de personne, on s'est contenté de voler, et à Mutzig il ne s'est rien passé, on a arrêté à temps les semeurs de trouble
Pessach haben wir boruch haschem (Gtt sei Dank) können in gänzlicher Ruhe feiern, sogar haben die Mazzes nicht teuer kommen zu stehen ; das Pfund Mehl hat nur 17 Centimes gekost, der Korb Grundbiren 10 sous, der Ohm , Wein acht Franken.
Pessah nous l'avons passé
Baroukh Hashem (Béni soit Dieu) dans le plus grand calme, nous avons même eu des matzoth qui n'étaient pas plus chères ; la livre de farine ne coûtait que 17 centimes, le panier de pommes de terres 10 sous, et l'Ohm (mesure) de vin, 8 francs.
Der oben erwähnte 23. avril ist auf den 7. Tag Pessach gefallel, so hat der Oberrabiner Aron von Strasbourg erlaubt an alle Jehoudim in ihr Kanton-Ort zu gehen, wenn er auch drei Stunden davon entfernt ist, uni ihr Stimmzettel dorthin zu tragen, sodass an diesem Tage Kahl Otrott nach Mittag hier in Rosheim wnr gewesen und hat wieder aheim dürfen gehen.
Le 23 avril mentionné plus haut coïncidait avec le 7ème jour de Pessah, aussi
le grand rabbin Aron de Strasbourg a autorisé tous les Juifs de son canton à voter, même s'il y avait plus de trois heures de route pour porter et déposer le bulletin de vote. Ainsi en ce jour la communauté d'Otrott était à Rosheim l'après-midi et pouvait à nouveau rentrer chez elle.