Pourim vient de s’achever et, comme
dans toutes les bonnes familles diligentes, on a commencé à ranger
et à nettoyer : Pessah est à
la porte ; on sent déjà intensément la présence de
Pessah.
Et après, les choses iront très vite :
"Seve Woche tsält mer" : "Pendant sept semaines, on compte". Et ce comput de l’Omer fait qu’on se sent déjà proche de Chevuess (Shavouoth). (N’oubliez pas la promenade traditionnelle avant la Owmer Schül , avant l'office du soir : l’odeur des champs est très particulière et la température y est clémente - qui ne se souvient avec nostalgie du Owmeer Wetter ?)
A
peine Shavouoth est-il terminé, que commence la période des
"trois semaines de deuil", les drei woche, entre le
17 Tammouz et le 9 Av (cheve osser be-tammess et teche b’of).
Pendant cette période "triste", on s’abstient de toute réjouissance,
on a bien noté sur son agenda qu’il faut éviter les voyages inutiles,
et on récite le ta’hanoun sur la mélopée de Tisha
be-Av :
"Dreï Woche weint mer" : "Pendant trois semaines,
on pleure".
Mais
sitôt après le jeûne de Tisha
be-Av, on sent poindre à l’horizon les Fêtes
de Tichri : on peut commencer à se préparer à "la
rentrée", notamment en écoutant chaque jour les premières
sonneries du shofar : "Fer Woche blosst mer" : "Pendant
quatre semaines on souffle (dans le shofar)".
Et il suffit de penser au shofar de Roch HaShana
pour se dire que "l’année est déjà finie" : "Onn s'yohr ech schon Weder e romm !.
Toute culture connaît des dictons populaires qui tiennent compte des éléments les plus familiers ou les plus proches :
"Nuages en novembre, Noël en décembre" ;
"Quand il pleut à la Saint Médard .."
En Alsace, les Juifs vivaient en symbiose totale avec la nature, mais aussi avec le calendrier liturgique et les proverbes judeo-alsaciens associent souvent ces deux éléments, en y mêlant toujours une bonne dose de ... bon sens et d’humour.
"Parchass
EMOR, Schert mer die Lämmer"
"A la lecture de (la section) Emor, on tond les brebis."
La lecture de cette sidra a toujours lieu à la fin du printemps,
le temps idéal pour la tonte des brebis.
Noch
B'HAR B'KHOWSSAÏ ech die Kelt vorbaï
"Après Behar-Be'houkotaï, le froid a disparu"
Le calendrier des lectures bibliques hebdomadaires (sidroth ou parachioth)
fait que les dernières péricopes du Livre du Lévitique
(Behar et Be'houkotaï) sont lues dans
la période des mois de mai - juin : c'est le moment où l'on
peut penser que l'hiver est terminé). (Arthur Zivy, n° 475)
"Em
Tamouz Frere die Essel" ,
"Au mois de Tamouz, les ânes grelottent de froid".
Cette
expression (textuellement reprise du Talmud, Shabath 53 a), ironise
sur ces personnes qui, sous prétexte que les mois d’été sont
arrivés, se refusent, par paresse ou par snobisme, à porter des
vêtements chauds.
Le mois de tammouz du calendrier hébraïque, tombe aux alentours
du mois de juillet. S'il y fait froid, les gens normaux n'hésitent
pas à (r)allumer le chauffage ou à se couvrir d'un lainage ;
les ânes se gênent de montrer qu'ils ont froid dans une saison
où, habituellement, il fait déjà chaud : ils sont donc
les seuls à "geler".
On pourrait exprimer la même idée à partir du dicton français
: "En avril, ne te découvre pas d’un fil, en mai, fais ce qui te plaît."
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